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DÉMÉTRIUS, ORFÈVRE — DÉMON

des chrétiens (voir Alexandre 5. t. i. col. 350), mais dès qu’on sut qu’il était Juif, les cris redoublèrent et durèrent pendant deux heures. Enfin un greffier ou secrétaire de la ville persuada habilement au peuple que personne n’en voulait à la grande déesse, et que s’ils continuaient ce tumulte, on les accuserait de sédition ; que si Démétrius avait à se plaindre, il pouvait s’adresser aux magistrats, qui jugeraient la cause. Il congédia ensuite l’assemblée, et tout rentra dans le calme. Act. xix, 23-40.

E. Levesque.

4.DÉMÉTRIUS. Chrétien, vivement recommandé par saint Jean dans sa lettre à Gaïus. III Joa., 12. Peut-être était-il le porteur de cette lettre ; on ne sait rien de plus sur ce personnage. Quelques auteurs, comme Serarius, Comm. in Epist. Canon., in-f°, Paris, 1704, p. 104, ont supposé que ce Démétrius d’Éphèse n’était autre que le précédent converti à la foi. Mais rien n’appuie cette conjecture, pas plus que celle de Salmeron, Disputation., t. xvi, p. 336, qui semble faire de ce chrétien un évêque, ni celle de la Chronique controuvée de Lucius Dexter, d’après laquelle Démétrius serait le frère de Gaïus, à qui saint Jean adressa cette lettre.

E. Levesque.


DEMOISELLE DE NUMIDIE, oiseau appartenant au genre grue (voir Grue), et nommé ardea virgo par

[Image à insérer] 400. — Demoiselle de Numidie.

les naturalistes (fig. 490). Cet oiseau est remarquable par la grande élégance de ses formes. Les plumes de sa tête sont noires et se prolongent en avant par une belle touffe de même couleur, qui retombe sur la poitrine. Sur cette parure sombre se détachent deux aigrettes de plumes blanches, qui prennent naissance auprès des yeux et se dirigent en arrière de la tête. Cet ensemble gracieux a valu à l’animal son nom de virgo, « demoiselle. » La taille de l’oiseau est celle de la grue cendrée. Il se rencontre en Turquie, dans la Russie méridionale, dans le nord de l’Afrique et dans les régions avoisinantes en Asie. Les monuments égyptiens le reproduisent. Aussi est-on fondé à croire que la demoiselle de Numidie est mentionnée, en même temps que la grue cendrée, sous le nom générique de ’âgûr, dans les deux passages où il est parlé des cris de la grue, Is., xxxviii, 14, et de l’époque de sa migration. Jer., viii, 7.

H. Lesètre.


DÉMON, ange révolté contre Dieu et précipité du ciel en enfer. Le même nom s’applique à tous les anges déchus, devenus pervers et méchants et cherchant à nuire aux hommes.

I. Les noms du démon.

Dans le texte hébreu.

1. Ṡâtân, dans Job avec l’article, haṡṡatân, du verbe ṡâtân, « dresser des embûches, persécuter, être adversaire. » Ce nom implique donc à la fois ruse et méchanceté. Le nom de Satan ne se trouve du reste que très

[Image à insérer] 491. — Invocation au démon malfaisant.

On a trouvé à Carthage, dans une tombe romaine datant du Ier ou du IIe siècle de notre ère, une lamelle de plomb portant une Invocation au « démon », génie malfaisant. Un magicien a tracé, au stylet, sur cette feuille de métal une enceinte elliptique quadrillée, qui représente le cirque, puis de petits ronds séparés par des barres pour figurer les carceres d’où partaient les chars pour la course. Enfin on y voit une double liste de noms de chevaux accompagnés de lettres cabalistiques, ΑΒΡΑΧ, etc., et on y lit cette invocation :

DEMON • QVI (H)IC • CONVER
SANS • TRADO • TIBI • (H)OS
EQVOS • VT DETENEAS
ILLOS • ET • INPLICENTVR
(N)EC SE MOVERE POSSINT

(Corpus Inscriptionum Latinarum, t. viii, n° 12504).

rarement dans la Bible hébraïque pour désigner le démon. Job, i, 6, 9, 12 ; ii, 3, 4, 6, 7 ; I Par., xxi, 1 ; Zach., iii, 1, 2. —

2. Les deux noms belilya‘al et ‘âzâ’zêl ne peuvent être considérés comme désignant le démon dans le texte hébreu. Voir t. i, col. 1561, 1874.

Dans les versions.

1. Σατᾶν, Satan, pour traduire le ṡâtân hébreu. Il faut remarquer toutefois que les Septante n’emploient jamais Σατᾶν pour traduire ṡâtân comme