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DÉCHIRER SES VÊTEMENTS (USAGE DE) — DÉCURION


et son bonheur. Cf. Bàhr, Symbolik des mosaischeh Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 77, 186. D’ailleurs cette pratique n’était pas particulière aux Hébreux. On la retrouve chez les Assyriens, Judith, xiv, 14, 17 ; Bar., VI, 30 ; les Perses, Esfh., iv, l ; Quinte-Curce, iii, 11, 25 ; iv, 10, 23 ; v, 13, 31 ; x, 5, 17 ; les Grecs, Hérodote, iii, 66 ; viii, 99 ; Lucien, Lucl., 12, et les Romains, Virgile, JEneid., xii, 609 ; Tite-Live, i, 13 ; Suétone, Cxsar., 33. Cf. Heden, Sciisio veslium Hebrxis ac Gentilibus usilata, Iéna, 1633, et dans Ugolini, Thésaurus, t. xxix, col. mxxvi. — Dès l’époque patriarcale, on voit les Hébreux déchirer leurs vêtements sous l’empire de la douleur. Ainsi font Ruben, au sujet de Joseph, Gen., xxxvii, 30, et plus tard lui etses neuf frères, à propos de Benjamin. Gen., xliv, 13. Pour des raisons particulières, Moïse défend cette pratique à Aaron et à ses fils. Lev., x, 6. Mais on la trouve en pleine vigueur dans tout le cours de l’histoire juive : à l’époque de Josué, Num., xiv, 6 ; Jos., vii, 6 ; des juges, xi, 35 ; I Reg., iv, 12 ; de Job, i, 20 ; ii, 12 ; des rois, II Reg., i, 11 ; xiii, 19 ; xiv, 30 ; xv, 32 ; III Reg., xxi, 27 ; IV Reg., v, 7, 8 ; vi, 30 ; xi, 14 ; xviii, 37 ; xix, 1 ; xxii, 11 ; II Par., xxiii, 13 ; xxxiv, 19, 27 ; Is., xxxvi, 22 ; xxxvii, 1 ; Jer., xxxvi, 24 ; xi.i, 5 ; après le retour de la captivité, I Esdr., re, 3, 5 ; au temps des Machabées, I Mach., ii, 14 ; III, 47 ; iv, 39 ; v, 14 ; xi, 71 ; xiii, 45, et à l’époque évangélique. Matth., xxvi, 65 ; Marc, xiv, 63. On déchirait ses vêtements non seulement dans les cas où l’on était visité par l’épreuve, mais même quand on s’imposait la souffrance volontaire pour faire pénitence. Aussi Joël, ii, 13, recommande-til aux Juife, toujours trop formalistes, de « déchirer leurs cœurs plutôt que leurs vêtements », s’ils veulent que leur pénitence soit agréée du Seigneur. Le même signe de douleur s’imposait quand on était témoin d’une grave offense faite à Dieu. Caïphe déchire ses vêtements, Matth., xxvi, 65 : xà ifiâTia ; Marc, xiv, 63 : toù ? ^iTùva ; , en accusant de blasphème Jésus, qui affirme sa qualité de Fils de Dieu. À Lystres, Barnabe et Paul déchirent leurs tuniques en voyant qu’on les prend pour Jupiter et Mercure, et qu’on veut les honorer comme tels. Act., xiv, 14. — Les rabbins, consignant probablement par écrit ce qui se pratiquait traditionnellement, formulèrent les règles suivant lesquelles les vêtements devaient être déchirés. Il fallait se tenir debout pour cette opération. La déchirure se faisait en haut, à partir du cou, jamais derrière, ni sur le côté, ni sur les franges d’en bas. Elle devait avoir environ un palme, soit de sept à huit centimètres de long. On ne la pratiquait ni sur le vêlement intérieur ni sur le manteau de dessus ; mais tous les autres habits devaient la subir, fussent-ils au nombre de dix. La déchirure faite après la mort des parents n’était jamais recousue ; après la mort d’autres personnes, on recousait le vêtement au bout de trente jours. Peut-être l’Ecclésiastique, iii, 4, 7, fait-il allusion à ces usages quand il dit : « Il y a temps de pleurer et temps de rire, … temps de déchirer et temps de recoudre. » La déchirure était obligatoire quand on entendait un blasphème. Pour éviter d’en entendre et ne pas avoir à endommager leurs vêtements, les Juifs prenaient un ingénieux moyen : ils se bouchaient les oreilles et poussaient de grands cris. Act., vii, 57. Pareille déchirure n’était jamais recousue, pour signifier que le blasphème était inexpiable. Le grand prêtre déchirait son vêtement de bas en haut, et les autres prêtres de haut en bas. Il ne suit pas de Lev., x, 6, que Caïphe n’avait pas le droit de déchirer sa robe, comme le croit saint Léon, Serm. ri de Passione Votnini, 2, t. liv, col. 329. Le texte du Lévitique vise un cas différent, et l’on voit d’autre part le £rand prêtre Jonathas déchirer ses vêtements. I Mach., xi, 71. Cf. dans la Mischna de Synedriis, 7, 5 ; Moed katon, 3, 7 ; Schabbath, 13, 3 ; dans le Targum de Jonathas Horayath, 3 ; Siphra, ꝟ. 227 ; Josèphe, Bell, jud., H, xv, 2 ; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, Leipzig, 1875,

p. 2146.

H. Lesêtre.
    1. DÉCLA##

DÉCLA (hébreu : Diqldh ; Septante : AexVi, Gen., x, 27 ; Codex Alexandrinus : A°.xX3(jl ; omis par le Codex Vaticanus, I Par., i, 21), septième fils de Jectan, descendant de Sem. Gen., x, 27 ; I Par., i, 21. Ce nom, comme tous ceux des peuples issus de cette souche, représente une tribu arabe. « Les peuples yaqtanides ou qa’htanides constituent dans la péninsule arabique-la couche de populations que les traditions recueillies par les musulmans appellent Mûle’arriba. » F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., Paris, 1881, t. i, p. 284. Voir Arabe 2, t. i, col. 836. La Genèse, x, 26-30, détermine pour leur habitation une vaste zone qui traverse toute l’Arabie et comprend, à partir du Mésalik, le Djebel Schommer, le Nedjed, le midi du Hedjàz, le Yémen, le Hadhramaout et le Mahrah. Les deux tribus qui précèdent immédiatement Décla, c’est-à-dire Aduram ou Adoram ( hébreu : Hâdâràm) et Uzal ou Huzal (hébreu : ’Uzâl), appartiennent à la partie méridionale du pays. Si la première, correspondant aux Adramites des géographes classiques, n’a pas d’emplacement tout à fait certain, les savants et les voyageurs, à quelques exceptions près, s’accordent généralement pour placer la seconde sur le territoire actuel de la ville de San’à, capitale du Yémen, appelée autrefois Azâl ou Izâl. Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, part, iv, Paris, 1889, t. i, p. 1. De même celle qui suitj Ébal ou Hébal (hébreu : ’Êbâl), est assimilée par plusieurs auteurs aux Gébanites de Pline, qui habitaient à l’ouest du canton d’Uzal, sur les bords de la mer, avec Tamna pour ville principale. Ces indications générales nous maintiennent donc dans le sud-ouest de la péninsule, tout en nous laissant, pour Décla, dans la voie des conjectures. Le nom seul nous est un guide, encore est-il insuffisant. Le mot nbpi,

diqlàh, dans les langues sémitiques, signifie « palmier » ou « lieu planté de palmiers », araméen : N^pT, diglà’;

Oj, deqlâ’; arabe : , JJ>, daqal. Il doit donc désigner une contrée particulièrement riche en arbres de cette espèce, « ou bien où l’on rendait un culte religieux au dattier, comme le faisaient les habitants du Nedjràn : la situation de ce dernier canton conviendrait fort au groupement de Diqlah avec les noms voisins. » F. Lenormant, Histoire ancienne, t. i, p. 285. Les ouvrages arabes mentionnent une seule localité du nom de Daqalah dans le Yemâméh. Ou en connaît quelques autres appelées Nakhléh (mot qui signifie également » palmier » ). Représentent-elles, les unes ou les autres, le territoire jectanite dont nous nous occupons ? Nous ne pouvons le savoir au juste. Cf. E. Stanley Poole, dans Smith, Diclionary of the Bible, 2e édit., Londres, 1893, t. i, p. 783. — S. Bochart, Phaleg, lib. ii, cap. xxii, Cæn, 1646, p. 134, et d’autres auteurs après lui ont cru retrouver les descendants de Décla dans les Minéens, peuple de l’Arabie Heureuse, habitant une contrée fertile en palmiers. Les Meivaïoi ou Mivatot, Minsei, sont mentionnés par Strabon, xvi, p. 768, 776 ; Ptolémée, vi, 7, et Pline, VI, 32, comme un peuple puissant, voisin des Adramites, riche en champs et en troupeaux. On a beaucoup discuté sur la position qu’occupait cette importante tribu. Cf. W. Smith, Dictionary of Greek and Roman geography, Londres, 1873, t. ii, p. 357. On reconnaît aujourd’hui qu’une ville du Yémen, Ma’in ou Mé’in, en représente la capitale. Cf. J. Halévy, Rapport sur une mission archéologique dans le Yémen, dans le Journal asiatique, janvier 1872, p. 32.

A. Legendre.

DÉCURION. La Vulgate désigne par le mot decurio 1° certains officiers de l’armée juive au temps des Machabées et 2° les membres du sanhédrin. — 1° Officier (grec : SexaSip^o ; ). Quand Judas Machabée organisa l’armée juive, il institua un corps d’officiers parmi lesquels sont nommés des décurions. I Mach., iii, 55. Ce sont les moins élevés en grade. Ils commandaient dix