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DAVID


vices du culte. S’il dut laisser à son fils l’honneur de bâtir la maison du Seigneur, il en prépara du moins la réalisation. Il amassa des ressources et des matériaux, remit à Salomon un projet de construction et un devis du Temple et de ses parvis, des dessins de tous les ustensiles sacrés, avec l’or et l’argent nécessaires à leur fabrication. Voir Temple. Il encouragea son fils à parfaire cette noble entreprise, et il fit connaître à l’assemblée des chefs les sommes qu’il avait recueillies pour cet objet. I Par., xxviii, 1-21, et xxix, 1-9. David pouvait donc dire au Seigneur en toute vérité : « Le zèle de votre maison m’a dévoré. » Ps. lxviii, 10. Cf. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., t. ii, p. 115-117 ; Ma r Meignan, David, p. 91-141.

111. David psai.miste. — Les Juifs et les chrétiens reconnaissent d’un commun accord que David a composé en l’honneur de Dieu des psaumes, prières ou cantiques en vers, que les lévites chantaient devant l’arche, en s’accompagnant des instruments de musique. Plusieurs critiques rationalistes refusent à David l’honneur d’avoir été « l’aimable psalmiste d’Israël », II Reg., xxiii, 1, et ils rabaissent l’âge des psaumes d’origine davidique. Cf. E. Reuss, Le Psautier, Paris, 1875, p. 47-61 ; Die Geschichte der heiligen Schrift Alten Testaments, 6e édit., 1887, § 146 ; Th. Nôldeke, Histoire littéraire de l’Ancien Testament, trad. franc., Paris, 1873, p. 183-187 ; E. Renan, Histoire du peuple d’Israël, t. ii, p. 46. — « Essayer d’enlever à David la gloire d’avoir composé une partie de nos chants sacrés, c’est une des entreprises les plus folles de l’incrédulité moderne. Si David n’a pas composé de psaumes, il n’y a plus un seul fait certain dans l’histoire du passé ; Pindare n’a écrit aucune ode, et Virgile n’est pas l’auteur. de l’Enéide. » F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique, 4e édit., t.iv, p. 534 ; cf. t. v, p. 31-34. Que David soit l’auteur de psaumes ou pièces liturgiques, c’est un fait attesté, indépendamment du psautier, par plusieurs livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le Psaume xvii est reproduit, II Reg., xxii, comme l’œuvre de David. Les Psaumes civ et xcv sont intégralement cités au même titre. I Par., xvi, 7-36. Les chants du pieux roi sont rappelés Il Par., vii, 6 ; xxix, 30, et il est parlé de leur exécution musicale. La réputation de David comme poète, chantre et harpiste, est clairement signalée par Amos, vi, 5. Dans son éloge du roi-prophète, l’auteur de l’Ecclésiastique, xlvii, Il et 12, rappelle ses institutions liturgiques, et lui fait un mérite d’avoir composé de douces mélodies, yXyxotivev Wkri, que les chantres psalmodiaient devant l’autel. Nous savons par l’auteur du second livre des Machabées, ii, 13, que Néhémie avait dans sa bibliothèque ti xoO AayeiS, « une Collection des psaumes de David. » Le Nouveau Testament continue la tradition juive et commence la tradition chrétienne. Jésus-Christ cite le Psaume cix comme de David, et il fonde sur son origine davidique un argument auquel les pharisiens ne peuvent répondre, et qui reposerait sur une tausse supposition, si ce psaume n’était pas de David. Matth., xxii, 43 et 45 ; Marc, xii, 36 et 37 ; Luc, xx, 42 et 44. Saint Pierre, Act., i, 16 et 20 ; ii, 25-34, dit que David est l’auteur des Psaumes cviii, xv et cix, et, dans le second cas, il tire de ce fait un argument qui serait sans valeur si les Psaumes xv et cix étaient faussement attribués à David, Saint Paul, à la synagogue d’Antioche de Pisidie, donne la même démonstration de la résurrection de Jésus-Christ, Act., xiii, 35-37, en s’appuyant, lui aussi, sur la composition du Psaume xv par David. Les chrétiens de Jérusalem dans leur prière, Act., iv, 25 et 26, placent le début du Psaume n sur les lèvres du saint roi. Saint Paul, Rom., iv, 6-8, donne les premiers versets du Psaume xxxj comme parole de David. Le même Apôtre cite enfui sous le nom de David le Psaume lxviii, Rom., xi, 9, et le xciv « , Hebr., iv, 7. Des témoignages aussi explicites ne peuvent être infirmés par l’hypothèse d’une erreur d’attribution, et aucun historien

de bonne foi ne saurait nier que David ne soit l’auteur au moins de quelques psaumes.

Il n’est pas possible toutefois de soutenir avec plusieurs Pères de l’Église, saint Philastre, Liber de hseresibus, h. cxxx, t. xii, col. 1259 ; saint Ambroise, Enarrat. in Ps. i et xliii, t. xiv, col. 923, 1087 ; saint Augustin, De civitate Dei, xvii, 14, t. xii, col. 547-548, etc., que les cent cinquante psaumes sont tous de David. Dès l’antiquité, d’autres écrivains ecclésiastiques, saint Hippolyte, In Psalmos, t. x, col. 712 ; Origène, Selecta in Psalmos, t. xii, col. 1066 : Eusèbe de Césarée, Comment, in Psalmos, proœm., in Ps. xli, lxxii et lxxvii, t. xxiii, col. 73, 368, 821, 901 ; saint Athanase, Arg. in Psalm., t. xxvii, col. 57 ; la Synopsis Scripturse Sacrse, attribuée à ce Père, t. xxviii, col. 322 ; saint Hilaire de Poitiers, Tract, super Psalmos, prol., t. ix, col. 233 ; saint Jérôme, Epist. cxl, n° 4, t. xxii, col. 1169, etc., ont reconnu que David n’est pas l’unique auteur du psautier. Sur l’opinion des Juifs, voir L. Wogue, Histoire de la Bible, Paris, 1881, p. 38-42. La multiplicité des psalmistes est aujourd’hui universellement admise. R. Cornely, Inlroductio specialis in didaclicos et propheticos V. T. libros, Paris, 1887, p. 99. Et si l’usage a prévalu de désigner le psautier tout entier sous le nom de David, c’est que le roipoète est l’auteur du plus grand nombre des psaumes, le plus célèbre des psalmistes et le modèle de tous ceux qui l’ont suivi. Le concile de Trente, dans son décret De canonicis Scripturis, en qualifiant le psautier de « davidique », a employé la dénomination usitée, et n’a pas jugé la question des auteurs des psaumes. Pallavicini, Histoire du concile de Trente, l.vi, ch. xiv, trad. franc., édit. Migne, t. ii, col. 89 ; A. Theiner, Acta genuina concitii Tridentini, Agram, 1874, t. i, p. 66, 68, 69, 71-73, 76 et 77.

Les titres, dans le texte hébreu, attribuent à David soixantetreize psaumes : m-ix, xi-xxxii, xxxiv-xli,

LI-LXV, LXVIII -LXX, LXXXVI, CI, CIII, CVIII-CX, CXXII,

cxxiv, cxxxi, cxxxiii, cxxxviii-cxlv, selon la computation de la Bible hébraïque. D’autres titres, qui se lisent dans la version grecque des Septante et dans la Vulgate latine, lui décernent quinze autres Psaumes : x, selon l’hébreu ; xxxii, xlii, lxvi, lxx, xc, xcii-xcviii, cm et cxxxvi, selon la computation de la Vulgate. Bien que ces titres ne soient pas généralement regardés comme canoniques ni comme inspirés, ils sont cependant dignes de foi, en raison de leur antiquité. Ce ne sont pas de simples conjectures, émises par les lecteurs ou les collecteurs du psautier, ce sont, pour la plupart, des documents traditionnels, dont quelques-uns sont confirmés par les témoignages historiques rapportés précédemment, et dont la plupart sont justifiés par l’examen du contenu, de la langue et du style des psaumes. Deux psaumes seulement, le XLlie et le cxxxvie, peuvent être refusés avec certitude à David, malgré les titres. Parmi les psaumes anonymes, c’est-à-dire ceux dont le titre n’indique pas le nom de l’auteur, quelques-uns peuvent être légitimement attribués à David. Les chrétiens de Jérusalem, Act., IV, 25, lui reconnaissent la paternité du Psaume II. Or, comme selon un bon nombre de manuscrits grecs des Actes, xiii, 33, saint Paul aurait cité le verset 7 du Psaume il comme étant h tû Tûpià-ra ^aXixù, le Psaume I er n’aurait fait qu’un avec lui et serait aussi de David. Il en résulterait que tout le premier livre du psautier hébraïque, i-xl, contiendrait des psaumes davidiques, et aurait peut-être été formé en recueil distinct par le saint roi lui-même » D’autres encore lui sont attribués avec vraisemblance. Patrizi, Cent psaumes, trad. franc., Paris, 1890, p. 17-22. Cependant divers commentateurs sont allés trop loin dans cette attribution, et ont accordé à David des chants sacrés auxquels il ne peut avoir aucun droit. Le Psaume cli, sur la victoire de Goliath, que quelques écrivains, saint Athanase, Epist. ad Marcellinum, 15, t. xxvii, col. 28-29 ; la Synopsis Scripturse Sacrai, attribuée au même docteur, t. xxviii, col. 332 ;