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DAVID

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En cours le 03/2024 Ramatha, et tous deux se retirèrent à Naïoth. Saûl, à trois reprises, envoya arrêter David ; il alla lai-même à Naïoth ; mais il prit part aux exercices pieux des prophètes et ne pensa plus à s’emparer de l’oint du Seigneur. I Reg., xix, 1-24. David revint à Gabaa consulter Jonathâs. Les deux amis se lièrent par des serments éternels. David proposa un expédient pour connaître les sentiments du roi à son égard. Le second jour de la néoménie, Saül demanda compte de son absence à sa table. Comme il était convenu, Jonathâs répondit que David assistait à une fête de famille, à Bethléhem. Loin d’accepter cette excuse, Saûl s’emporta contre Jonathâs et menaça David de mort. Celai-ci en fut averti par le signal concerté, et les deux amis se séparèrent en pleurant. I Reg., xx, 1-43.

2° Vie errante de David. — David proscrit mena désormais une vie errante et remplie d’aventures. Il se rendit d’abord à Nobé, auprès du grand prêtre Achimélech (voir t. i, col. 140-142), et reçut de ses mains, avec des pains de proposition, l’épée de Goliath, qui avait été consacrée au Seigneur. Il passa ensuite chez Achis, roi de Geth, et, afin de conjurer le danger qu’il courait au milieu des ennemis de son peuple, il contrefit l’insensé, selon une ruse assez familière aux Orientaux. I Reg., xxi, 1-15. Voir t. i, col. 144-145. Congédié avec mépris, il se retira dans la caverne d’Odollam. Craignant sans doute d’être persécutés à cause de lui, ses frères le rejoignirent. Les débiteurs insolvables et les mécontents du royaume se réunirent à lui, et bientôt il fut à la tête d’environ quatre cents hommes. L’exilé conduisit sa troupe à Maspha, au pays deMoab. Abiathar, échappé seul au massacre de sa famille, s’enfuit auprès de David ; il emportait avec lui l’éphod, qu’il consulta souvent. Voir t. i, col. 45-46. Rappelé par le prophète Gad, David rentra dans sa patrie et se cacha dans la forêt de Haret. I Reg., xxii, 1-5. Avec ses six cents hommes, il délivra les habitants de Céila d’une incursion des Philistins. Saül voulut le cerner dans cette ville. Averti par le Seigneur que les habitants, qu’il avait sauvés, allaient le trahir, David en sortit et erra de différents côtés avec sa troupe. Voir t. ii, col. 388. Il trouva un refuge dans la montagne boisée de Ziph, où Jonathâs vint le réconforter et renouveler leur alliance. Invités de fournir des subsides, les Ziphéens dénoncèrent à Saül la présence de David dans leurs parages et s’offrirent à le livrer. David se retira dans le désert de Maon ; le roi l’y poursuivit. Il le serrait de très près et il l’aurait pris, si une invasion subite des Philistins ne l’eût obligé à rebrousser chemin. I Reg., xxiii, 1-28.

David passa à Engaddi. Après avoir repoussé les Philistins, Saûl vint l’attaquer. S’étant retiré seul dans une caverne, où David était caché, il fut à la merci de son adversaire. David eut la magnanimité de ne pas profiter de la circonstance ; il réussit à arrêter ses ardents compagnons, et se contenta de couper un pan du manteau royal. Saül reconnut que David était plus juste que lui, et il le pria d’épargner sa famille, quand il serait roi. I Reg., xxiv, 1-23. Pour ne pas être trop longtemps a charge aux mêmes habitants, David changeait souvent de retraite. Il descendit dans le désert de Pharan, et fit demander des vivres au riche Nabal. Bien que ses bergers reconnussent la bonté de David à leur égard et la protection dont il les entourait, celui-ci refusa insolemment. David voulait punir Nabal ; mais à la prière de sa femme Abigaïl (voir ce nom, t. i, col. 47-49), il oublia son affreux serment de tout détruire dans la maison de Nabal, et il pardonna généreusement les outrages reçus. Nabal étant mort dix jours plus tard, David épousa Abigaïl. Il avait pris auparavant Achinoam (voir ce nom, 1. 1, col. 143) pour femme, quand Saül avait donné Michol à un autre. I Reg., xxv, 1-44. Les Ziphéens dénoncèrent de nouveau David. Saül se mit à sa poursuite et tomba une seconde fois entre ses mains. David pénétra dans la tente du roi, pendant qu’il dormait, et au lieu de le tuer,


comme le voulait son compagnon, il prit seulement sa lance et sa coupe. Sorti du camp, il interpella ironiquement Abner, et Saül réveillé rendit justice à l’innocence de celui qu’il persécutait, et s’en retourna chez lui. I Reg., xxvi, 1-25. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 263, note, ne voit dans cet épisode qu’un second récit de la rencontre de la caverne. Mais « le lieu, les circonstances, l’époque, sont différents. Ce n’est pas le même fait raconté deux fois avec des circonstances diverses ; ce sont deux faits parfaitement distincts. David cherchait à désarmer le roi en multipliant les preuves de son respect pour sa vie ». M » ’Meignan, David, Paris, 1880, p. 24, note.

N’osant pas se fier aux promesses de Saûl, David se retira de nouveau chez les Philistins. Achis l’accueillit cette fois et lui donna Siceleg. De là, pendant quatre mois, David fît des razzias sur le territoire des Amalécites et d’autres tribus. I Reg., xxvii, 1-12. Il se trouva ensuite dans une situation bien embarrassante. Achis, en guerre avec les Hébreux, voulut l’emmener et l’établit chef de sa garde. I Reg., xxviii, 1 et 2. Mais ses officiers, craignant que David ne fît volte-face durant la bataille, le contraignirent à renvoyer du camp l’étranger. I Reg., xxix, 2-11. Cette décision épargna à David de prendre part à la guerre contre ses compatriotes. Quand il rentra à Siceleg, il trouva cette ville prise et brûlée par les Amalécites, qui avaient emmené en captivité les femmes et les enfants. Sa troupe, désespérée, s’en prit à" lui et voulut le lapider. Dieu ne le délaissa pas dans cette affliction, et sur son ordre David poursuivit les Amalécites. Guidé par un esclave égyptien, il les rejoignit alors qu’ils célébraient leur victoire dans une orgie, les battit et reprit tout ce qu’ils avaient enlevé. Il partagea le butin entre tous ses hommes, et il préleva sur sa paît de riches cadeaux, qu’il envoya à ses amis de Juda. I Reg., xxx, 1-31. Cependant Saül et Jonathâs périrent dans la guerre contre les Philistins. Un fuyard amalécite en apporta la nouvelle à David, qui déchira ses vêtements en signe de deuil et fît tuer le messager de malheur, qui se faisait un mérite d’avoir frappé Saûl. Sous le coup d’une douleur sincère, David pleura le père, qui l’avait si cruellement persécuté, et le fils, qui lui avait voué une si généreuse amitié, et il composa sur leur mort une touchante élégie, intitulée « le chant de l’arc ». II Reg., i, 1-27. Cf. A.-H. Pareau, Elegia Davidis in Saulem et Jonathanem, Groningue, 1826 ; F. W. C. Umbreit, David und Jonatham. Lied der Freundschaft, Heidelberg, 1844.

II. Règne de David. — 1° À Hébron. — David, qui avait alors trente ans, II Reg., v, 4, ne farda pas à revendiquer les droits à la royauté que lui avait conférés. l’onction sainte. Sur l’ordre du Seigneur, il se hâta de se rendre sur le territoire de Juda, et il se fixa à Hébron avec ses hommes. Les Judéens le reconnurent pour roi et inaugurèrent son règne par une onction publique et solennelle. Les autres tribus se rangèrent sous le sceptre d’Isboseth, fils de Saûl. David s’empressa de témoigner sa reconnaissance aux habitants de Jabès-Galaad, qui avaient enseveli Saûl, et il leur fit annoncer son avènement au trône. Abner, qui avait élu Isboseth et qui commandait son armée, attaqua les troupes de David et fut battu à Gabaon. II Reg., ii, 1-32 ; I Par., xi, 1-3 ; xii, 23-40. Le roi, à qui la guerre civile répugnait et qui avait dû se défendre, n’assistait pas à cette bataille. Il se maintint à Hébron, où sa famille s’accrut, tandis que le parti d’Isboseth dépérissait. Six fils lui naquirent de ses cinq femmes, Achinoam, Abigaïl, Maacha, Haggith et Égla. II Reg., iii, 1-5 ; I Par., iii, 1-3. Abner, en querelle avec Isboseth, se rapprocha de David et s’engagea à le faire reconnaître par tout Israël. Au préalable, David réclama Michol, qui lui fut rendue. Abner, ayant gagné à sa cause les anciens des onze tribus, vint à Hébron, et David fit en son honneur un grand festin. Mais, par vengeance ou par envie, Joab fit traîtreusement périr Abner. David

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