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DARIUS I" — DARIUS III CODOMAN

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en 536 avant J.-C, de rebâtir le Temple de Jérusalem, I Esdr., i, 3, n’avait pas encore reçu son exécution. Dès l’an 535, on avait commencé les préparatifs pour la reconstruction de la maison de Dieu ; mais toutes sortes d’obstacles avaient empêché la réalisation d’un projet si cher aux Juifs fidèles. C’étaient surtout l’opposition et les intrigues des peuples voisins qui avaient entravé l’œuvre de restauration. I Esdr., iv, 4-5, 24. À l’avènement de Darius I er, les prophètes Aggée et Zacharie profitèrent de cette circonstance pour exciter les chefs du peuple à se mettre résolument au travail. Agg., i, 1-14 ; ii, 1-10 ; I Esdr., v, 1. Zorobabel, fils de Salathiel, qui avait ramené les captifs de Babylone, et le grand prêtre Josué, fils de Josédec, commencèrent donc à rebâtir le Temple. Thathanaï, pehàh, « gouverneur » ou satrape du grand roi pour les provinces à l’ouest de l’Euphrate, prévenu sans doute

480. — Darius I". Fragment trouvé dans l’isthme de Suez. D’après la Description de l’Egypte, t. v, pi. 29.

par la dénonciation des ennemis des Juifs et spécialement par les Aphaisachéens, arriva bientôt à Jérusalem avec Stharbuzanaï et ses conseillers, pour demander compte aux chefs des Juifs de leur conduite. Ceux-ci se justifièrent en alléguant en leur faveur l’édit de Cyrus. Thathanaï en référa à Darius. I Esdr., v, 3-17. Ce prince fit faire des recherches, et l’édit de Cyrus fut retrouvé dans la bibliothèque royale d’Ecbatane. En conséquence, non seulement Darius autorisa la reconstruction de l’édifice sacré, mais il contribua aux frais et demanda qu’on y offrît des sacrifices pour lui et sa famille. I Esdr., VI, 1-12. C’était la seconde année de son règne (519). I Esdr., IV, 24 ; Agg., 1, 1. La reconstruction fut achevée au bout de quatre ans, la sixième année de Darius (515), et le Temple fut solennellement dédié le 3 du mois A’adar. I Esdr., vi, 15. — Une des prophéties de Zacharie est datée du quatrième jour du neuvième mois (casleu) de la quatrième année (517) du règne de Darius I". Zach., vu, 1. Elle suppose qu’avant l’achèvement complet et la dédicace mentionnée dans I Esdr., VI, 15, le culte était déjà en plein exercice, Zach., vii, 2-3 ; car rien n’empêchait, en effet, d’offrir les sacrifices ordinaires dans la cour des Prêtres. C’est la seconde année du règne de ce roi (519) que Zacharie avait commencé à prophétiser. Zach., i, 1, 7. — Les quatre courtes prophéties d’Aggéè

sont également de la seconde année de Darius I er, et les. trois premières mentionnent expressément celle date. Agg., 1, 1 ; ii, 1, 11. — Voir Hérodote, 1, 209, 210 ; iii, 68-160 ; iv ; vii, 1-4 ; Ctésias, Persica, 45-50, édit. Gilmore, p. 147-150 ; H. Rawlinson, Analysis of the Babylonian Text at Behistun, dans le Journal of the Royal Asiatic Society, t. xiv, 1851, part, i ; J. Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, in-8°, Paris, 1891, p. 112-218 ; G. Bezold, Die Achâmeniden Inschriften, in-4°, Leipzig, 1882, p. 1-28 ; F. H. Weissbach, Die Achâmenideninschriften zweiter Art, in-4°, Leipzig, 1890 ; F. H. Weissbach et W. Bang, Die alterpersischen Keilinschriften, in-4°, Leipzig, 1893 ; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., 1886, p, 607-625 ; F. Justi, EinTag aus dem Leben des Kôniges Darius, in-8°, Berlin, 1873 ; Id., Geschichte des allen Persiens, in-8°, Berlin, 1879, p. 50-112 ; S. G. W. Benjamin, Persia, in-12, Londres, 1888, p. 102-111. F. Vigouroux.

3. DARIUS II NOTHUS, fils d’Artaxerxès Longuemain et de Kosmartidène de Babylone, roi de Perse de 424 à 405. Avant son avènement au trône, il portait le nom d’Ochus. Il succéda à son frère Sogdien, qu’il avait fait périr. Sa sœur Parysafis, qui devint aussi sa femme, le domina complètement. Divers satrapes se révoltèrent sous son règne, mais furent finalement réduits à l’obéissance. Il perdit l’Egypte en 414. Il mourut à Babylone en 405 r et eut pour successeur son fils Artaxerxès II. Voir J. Gilmore, The Fragments of the Persica of Ktesias, in-8° r Londres, 1888, 75 (44), p. 166 ; Diodore de Sicile, xii, 71 ; xin, 36, 70, 103 ; Xénophon, Anab., i, i, 1 ; F. Justi, Geschichte des alten Persiens, p. 128-129. — Le catalogue des chefs de Lévites donné par Néhémie, Il Esdr., . xii, 22-26, est du temps « de Darius le Perse », ꝟ. 22, c’est-à-dire de l’époque de Darius II Nothus. C’est le seul passage de l’Écriture où il soit nommé. Certains commentateurs prétendent même que æ « Darius le Perse » est Darius III Codoman. Voir Darius III. Cf. Frd. Keil, Die nachexilischen Geschichtsbûcher, in-8°, Leipzig, 1870, p. 495.

4. DARIUS III CODOMAN, fils de Sisygambis, la fille d’Artaxerxès II, dernier roi de Perse de la famille des Achéménides, de 336 à 331. Quand l’eunuque Bagoas eut fait périr le roi Arsés, fils d’Artaxerxès III, avec toute sa famille, il plaça Codoman sur le trône, où il prit le nom’de Darius. Il était petit-neveu de Darius II. C’était un prince doux et juste, qui ne manquait pas de bravoure ; mais il eut affaire à un ennemi trop supérieur, en la personne d’Alexandre le Grand, qui le vainquit à Issus (333) (fig. 481) et à Gaugaméla (2 octobre 331), et mit ainsi fin à l’empire de Cyrus. Darius s’enfuyait à Ecbatane, lorsque Bessus, satrape de la Bactriane, le blessa mortellement (330). Avec lui disparut la race des Achéménides, et la domination de l’Asie occidentale et de l’Egyptepassa des mains des Perses en celles des Grecs. Cf. t. i, col. 348. Voir Diodore de Sicile, xvii, 5 ; Justin, x, 3 ; Quinte-Curce, iii, 9-11 ; v, 9-16 ; F. Justi, Geschichte des alten Persiens, p. 139-144 ; W. Benjamin, Persia, p. 141-146. — Le premier livre des Machabées, I, 1, rappelle qu’Alexandre le Grand « frappa Darius (III), roi des Perses et des Mèdes >>, et mit fin à son empire v afin d’expliquer comment la Judée passa de la domination des Perses sous celle des Grecs, qui héritèrent des conquêtes d’Alexandre. — D’après certains exégètes, le « Darius le Perse » nommé II Esdr., xii, 22 (voir Darius 3), serait aussi Darius Codoman. Selon leur opinion, le catalogue des chefs des Lévites qui vivaient du temps de « Darius le Perse », comme le dit l’auteur sacré, n’est pas en entier de la main de Néhémie, mais a été continué plus tard afin de le rendre plus complet, et le nom de Jeddoa, II Esdr., xii, 11, 22, est celui d’un grand prêtre contemporain d’Alexandre le Grand (Josèphe, .