Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/682

Cette page n’a pas encore été corrigée

1299

DARIUS LE MÈDE — DARIUS I"

1300

ment parler, le titre de roi de cette ville, car les nombreux contrats qu’on y a trouvés, et qui ont été publiés par le P. Strassmaier, Imchriften von Cyrus, Kônig von Babylon, in-8°, Leipzig, 1890, n » Il et suiv., établissent qu’immédiatement après la conquête, ce fut Cyrus qui prit le titre de roi de Babylone. Voir J. Knabenbauer, Comment, in Danielem, in-8°, Paris, 1891, p. 171. — Comment concilier ce fait avec le texte de l’écrivain sacré qui représente Darius comme roi ? Le voici. Il faut remarquer que le livre de Daniel dit de Darius le Mède, vi, 2 (v, 31) : qabbêl malkûfâ’, « il reçut le royaume ; » il le reçut de la main d’un autre, par l’autorité de Cyrus. « Cette locution, dit le P. Knabenbauer, In Daniel., p. 170, s’applique très bien à celui qui fut établi par Cyrus pour administrer à sa place et en son nom comme viceroi. » Celte même locution est employée Dan., vii, 18 : Vigabbelûn malkûtâ’gadiSê’Elyonin, « les saints du Très-Haut recevront le royaume, » et il ne s’agit là aucunement d’une royauté proprement dite, mais simplement de puissance et de gloire. Si Darius le Mède est qualifié de roi, Dan., vi, 4, 6, 8, etc., ce titre doit se prendre simplement dans le sens de vice-roi, comme pour Baltassar. Dan., v, 1. Voir t. i, col. 1421.

Ugbaru, comme on l’a vu plus haut, était gouverneur du pays de Gutium, dont le site est incertain. Il faut distinguer cet. Ugbaru du Gobryas dont parle Hérodote, iii, 70, 73, 78 ; iv, 132, 134 ; vii, 2, 5, l’un des sept conjurés qui conspirèrent contre le faux Smerdis (voir Darius 2). Ce Gobryas n’était pas Mède, comme le personnage du livre de Daniel, maïs Perse ; l’historien grec l’atteste expressément, Hérodote, iii, 70, et l’inscription de Béhistoun, col. iv, 1. 84 ; col. v, 1. 7, 9, fait de même ; elle appelle Gobryas Parsa Gaubaruva, « Gaubaruva le Perse, fils de Mardoniya. » Darius I" l’envoya plus tard contre les Susiens révoltés pour les réduire à l’obéissance. F. II. Weissbach et W. Bang, Die altpersischen Keilinschriften, in-4°, Leipzig, 1893, p. 28-29. Cf. J. Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, in-8°, Paris, 1879, p. 152-153. Ce Gaubaruva qui fait une campagne contre Suse est différent de l’Ugbaru qui avait pris et gouverné Babylone. du temps de Cyrus. Dans le texte assyrien, le nom du général perse qui se lit dans l’inscription de Naksch - i - Roustam est écrit en assyrien Ku - bar - ra (J. Menant, Le Syllabaire assyrien, dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions, Sujets divers, t. vii, 1869, p. 104), et il est qualifié de « sarastibara ou doryphore du roi Darius ». J. Menant, Les Achéménides, in-8°, Paris, 1872, p. 98 ; C. Kossowicz, Inscriptiones paleeopersiese, in-8°, Saint-Pétersbourg, 1872, p. 42.

F. Vigouroux.

2. DARIUS I er, fils d’Hystaspe (ViStàspa), roi de Perse, de la dynastie des Achéménides, né en 550, mort en 486 avant J.-C. (fig. 477). Il était âgé de vingt-neuf ans quand un mage, nommé Gaumata, feignit d’être Smerdis (en perse, Bardiya), fils de Cyrus, qui avait été tué par son frère Cambyse tandis que ce dernier roi faisait la guerre en Egypte, et s’empara du trône de Perse (août 522). Cambyse étant mort en. Syrie au retour de sa

campagne, Darius, conjuré avec six autres nobles Perses, tua le faux Smerdis et fut reconnu comme roi (avril 521). Pour consolider son pouvoir, il épousa Atossa, soeur de Cambyse ; mais, avant d’avoir fait accepter sa domination par tous les anciens sujets de la Perse, il dut combattre neuf antagonistes et livrer dix-neuf grandes batailles. Ces événements sont racontés par Darius dans la grande inscription trilingue de Béhistoun. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1. 1, p. 163-166. Babylone révoltée soutint un siège de vingt mois. Darius y entra en août 519 et y séjourna près d’un an, jusqu’en mai 518. En 517, il affermit la domination perse en Egypte et il conquit une partie du nord-ouest de l’Inde. II soumit aussi plusieurs îles de la mer Egée, la rive européenne du Bosphore et de l’Hellespont et les peuplades sauvages du Caucase méridional, ce qui l’amena à entreprendre une campagne contre les Scythes. En 513, il franchit le Bosphore sur un pont construit par Mandro 477. — Cylindre de Darius I".

Pierre en calcédoine brûlée. British Muséum. Imitation de l’art assyrien. Le roi Darius, sur un char, lanco des flèches contre un lion dressé. Un lion déjà tué est étendu sous les pieds du cheval. La scène est encadrée entre deux palmiers. À gauche, . une inscription trilingue porte (en perse) : « Je suis Darius, roi ; » en assyrien : « Je suis Darius, roi grand. » D’après J. Menant, Recherches sur la glyptique orientale, part, ii, 1886, p. 166.

elès, assujettit la Thrace, passa le Danube et poursuivit jusqu’à l’Ôarus (Volga) les Scythes, qui fuyaient toujours devant lui par tactique, et qui lui firent ainsi perdre la plus grande partie de son armée (80000 hommes, d’après Ctésias). Vers l’an 500, les villes ioniennes se soulevèrent, et avec l’appui des Athéniens et des Cretois brûlèrent la ville de Sardes. Darius défit les révoltés, et, en 491, il anéantit leur Hotte à l’île de Lade. Le secours que les Athéniens leur avaient prêté lui avait causé une grande irritation. En 492, il envoya Mardonius avec une armée et une flotte contre la Grèce. Ses vaisseaux périrent dans une tempête devant le mont Athos. Une nouvelle armée, sous les ordres de Dalis et d’Artapherne (fig. 478)’, eut

1 Le souvenir de la défaite des Perses, si glorieuse pour les Grecs, a été consacré par l’art dans les peintures d’un beau vase connu sous le nom de vase de Darius. Il a été trouvé, en 1851, dans un tombeau, près de Canossa, l’ancienne Canu61um. Aujourd’hui au musée de Naples. Hauteur : 1™, 30 ; circonférence dans sa plus grande largeur : l iii, 93. Figures en rouge sur fond noir. Œuvre de la fin du IV* ou du commencement du me siècle avant J.-C. Il symbolise la lutte do la civilisation grecque contre la civilisation asiatique. — Sur le col du vase est figuré le combat des Amazones. — La panse contient trois registres. Celui du milieu représente 1° conseil de Darius décidant contre la Grèce la campagne qui fut conduite par Datis et Artapheme (Hérodote, vi, 94 et suiv.). Darius (AAPEIOS) est assis sur son trôné. H écoute un Perse (nEPSAI) qui parle debout devant lui. — Dans le registre supérieur, les dieux de l’Olympe prennent parti pour la Grèce. À droite est l’Asie (AEIA) assise sur un autel. À coté d’elle cEt la Tromperie (AnA-rr, ). La Grèce (FEAAAE) est debout entre Athéné et Zeus, auprès duquel se tient Nlkê, la déesse do la Victoire. Derrière elle est Apollon avec un cygne, et, a l’extrémité gauche, Artémis avec un cerf. — Dans le registre inférieur, la trésorier de Darius reçoit les riches tributs payés au grand roi. Il est assis devant une table où sont tracés des chiffres M : (10.000), Y (700), H (100), À (10), II (5), O (1 obole), < ( >/î obole), T (’/t d’obole). De la main gauche il tient un diptyque où sont écrits les mots TÀANTA ii, f cent talents ». Devant et derrière lui sont des tributaires. À droite, trois suppliants. — Les peintures du vase sont partagées, en deux parties dont la séparation correspond aux deux ansBs. — La face postérieure, qui fait pen^ dant a celle que nous venons de décrire, représente des scènes mythologiques.