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DARIQUE — DARIUS LE MËDE

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inexacte. — 2° Sous le même roi, les chefs de famille et le peuple versèrent au trésor du Temple une offrande dans le compte de laquelle figurent, avec une somme en argent, vingt mille dariques d’or pour les chefs de famille et vingt mille pour le peuple. II Esdr. (Nehem.), vii, 70-72. Dans ce passage le texte hébreu emploie le mot darkemôn, que les Septante traduisent au ^. 70 par vô[u ! T[ia xpuioù, « monnaie d’or, » et au J. 71 par xpiitnov. Dans l’un et l’autre verset, la Vulgate emploie le mot drachma. La drachme d’or équivalait au demi-statère et par conséquent à la darique. Hésychius et Suidas, au mot 8paxi"i XP U(I ' 0U > Corpus inscript, grssc, n° 150 ; cf. Fr. Lenormant, dans la Revue de numismatique, 1868, p. 422. On l’appelait ainsi parce que son poids était celui de la drachme d’argent. Le Talmud de Jérusalem compte également en dariques pour indiquer la somme que les Juifs payèrent au Temple après le retour de la captivité. Shequalin, ii, 3 (Le Talmud de Jérusalem, trad. Schwab, t. v, 1882, p. 271 ; cf. ii, 1, p. 268 et 273).

— 3° Les mêmes mots sont employés dans l’Écriture pour une époque antérieure à Darius. Après le retour de la captivité, dans le compte dès offrandes faites par les Juifs pour la reconstruction du Temple, l’auteur sacré, I Esdr., H, 69, dit qu’ils donnèrent soixante mille dariques d’or et une somme d’argent. Le mot dont se sert le texte hébreu est darkemôn. Les Septante traduisent par (ivaî, « mines, » et la Vulgate par solidi. — 4° De même dans I Par., xix, 7, dans le compte des offrandes faites pour l’érection du Temple au temps de David, nous trouvons le mot darkemôn, traduit dans les Septante par -/puaoCs, et dans la Vulgate par solidus. L’emploi de ces mots à une époque où la darique n’existait pas s’explique par un fait dont nous sommes témoins tous les jours, savoir l’évaluation d’une monnaie antérieure d’après une unité qui est en usage de notre temps. Esdras a parlé dans les premiers chapitres de son livre en se servant d’un terme qui a commencé à être en usage au temps où se sont passés les événements racontés dans les chapitres suivants, et si, comme ou le croit généralement, il est l’auteur des Paralipomènes, il est tout naturel qu’il se soit servi du même mot dans cet écrit. F. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., t. i, p. 309. Il était encore plus en droit de le faire si, comme nous l’avons dit, le mot darkemôn pouvait aussi s’appliquer au poids du soixantième de la mine, même avant le temps où fut frappée la darique proprement dite. — Voir, outre les ouvrages cités, J. Eckel, Doclrina numorum, in-4°, Vienne, 1794, t. iii, p. 551-553 ; S. Brandis, Das MïmzHaas s und Gewichtswesen in Vorderasien, in-8°, Berlin, 1864 ; E. Bouché-Leclercq, Atlas pour servir à l’histoire grecque de Curtius, in 8°, Paris, 1883, p. 97-101 ; G. Perrot, Histoire de l’art, t. v, in-8°, Paris, 1890, p. 855-860. E. Beurlier.

DARIUS. Hébreu :wv-n, Daryâvés ; Septante : Aapsro ; .

En perse : ^ ffy ^f f<- -|£j <^ « 

D- Â- RaYavus.

En assyrien : J £](]-fl-J t^|J ^ V-J<

Dariyavus (muS).

Enmédique : J ^-]] — TTT< £=T T T JE] < Z3 Dariyavauis.

Nom d’un Mède qui gouverna Babylone après la prise de « elle ville par les Perses et de trois rois de Perse.

1. DARIUS LE MÈDE (hébreu : Daryâvés ham-Mâdi, Dan., xi, 1 ; chaldéen : Daryâvés’Mâdâyâ’[ chetib ] ; Màdd’dh [keri], Dan., vi, 1 ; Septante : Aapeïo ; à MîjSo ; ), personnage qui gouverna Babylone après la prise de cette ville par les Perses. Le texte sacré nous apprend qu’il ^lait de race mède, Dan., ix, 1, et qu’il était âgé de

soixante-deux ans lorsqu’il prit le pouvoir à Babylone, après la mort de Baltassar, fils de Nabonide. Dan., VI, 1 (Vulgate, v, 31). Au chap. IX, 1, il est dit de plus qu’il était fils de’AhasvêrôH ou Assuérus. Voir AsstJÉRUS 3, 1. 1, col. 1143, et Cyaxare, col. 1162. Daniel eut les bonnes grâces de Darius le Mède, qui le choisit comme un des trois ministres qu’il plaça au-dessus des cent vingt’âI.iaSdarpenayyà’, « satrapes, » chargés du gouvernement des diverses provinces ou subdivisions du royaume. Dan., VI, 2-3 (Vulgate, 1-2). La faveur dont jouissait le prophète lui suscita des envieux. Ils obtinrent de Darius un édit condamnant à la fosse aux lions quiconque, pendant trente jours, adresserait une demande à un dieu ou à un homme autre que le roi. Daniel, n’en ayant pas moins continué à adorer Dieu régulièrement trois fois par jour, fut dénoncé par ses ennemis et jeté dans la fosse aux lions. Il échappa miraculeusement à leur férocité, et Darius, frappé de ce miracle, écrivit une lettre à tous ses sujets pour leur faire révérer le Dieu de Daniel. Dan. VI, 4-28 (Vulgate, 27). Le récit se termine, ^. 29 (28), en disant que « Daniel prospéra (Vulgate : perseveravit) ainsi sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse ». Ce dernier passage semble indiquer que le gouvernement de Darius ne fut pas de longue durée, puisque le prophète, qui était déjà avancé en âge lors de la prise de Babylone, vécut encore quelque temps sous Cyrus. Cette induction est confirmée par le fait qu’il n’est queslion que de la première année du règne de Darius. Dan., IX, 1, et xi, 1. (Dan., XI, 1, les Septante portent Cyrus au lieu de Darius. )

Voilà tout ce que nous apprend l’Écriture sur Darius le Mède. De nombreuses tentatives ont été faites pour l’identifier avec quelqu’un des personnages de cette époque connus par l’histoire profane comme ayant pris ou ayant pu prendre part à la conquête de Babylone par Cyrus : Cyaxare II, « fils et successeur d’Astyage, » dit Josèphe, Ant.jud., X, xi, 4 ; Astyage lui-même, d’après Winer, Biblisches Realwôrterbuch, 3° édit., t. i, p. 250 ; Darius, fils d’Hystaspe, Rdsch, dans Studien und Kritiken, t. ii, 1834, p. 281. Mais tout ce qu’ont écrit autrefois là-dessus les savants ne repose que sur de pures conjectures. Il est inutile désormais, non seulement de les disculer, mais même de les énumérer, parce que nous savons maintenant par les documents indigènes eux-mêmes quel est celui qui gouverna Babylone immédiatement après la chute de la dynastie indigène. Un fragment de la Chronique babylonienne, découvert en 1879, raconte ainsi qu’il suit les événements qui se passèrent la dix-septième année du règne de Nabonide, roi de Babylone et père de Baltassar : m Les hommes d’Accad se révoltèrent. Les soldats [de Cyrus], le quatorzième jour du mois de tammouz quin-juillet 538 avant J.-C), prirent Sippara (Sépharvaïm ) sans combat. Nabonide s’enfuit. Le seizième jour, Ugbaru, gouverneur de la terre de Gutium, et l’armée de Cyrus, sans combat, descendirent à Babylone… Au mois A’arah samnu (octobre-novembre), le troisième jour, Cyrus descendit à Babylone. Les routes ( ?) devant lui étaient sombres. La paix dans la ville il établit. Cyrus annonça la paix à Babylone entière. Il établit Ugbaru, son lieutenant, comme gouverneur dans Babylone. » Eb. Schrader, Keilinschriflliche Bibliothek, t. iii, part. II, 1890, verso, lign. 13-20, p. 134 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 348-349. On ne peut guère douter, d’après le document cunéiforme qu’on vient de hre, qu Ugbaru ne soit le personnage dont le nom a été altéré par les copistes du livre de Daniel en celui de Darius, qui leur était plus familier.

Ugbaru se rendit donc maître de Babylone et y exerça le souverain pouvoir jusqu’à l’arrivée de Cyrus, qui n’eut lieu que trois mois plus tard. Il continua ensuite à l’administrer pour le grand roi, qui l’en établit expressément gouverneur. Il ne reçut pas d’ailleurs l’investiture du royaume de Babylone, et U ne porta jamais, à propre-