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CANA DE GALILÉE — CANAL

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-1833-1835, t. v, p. 458-459. L’une d’elles était à l’abbaye de Saint-Denis ; il n’en reste plus qu’un fragment conservé au cabinet des Médailles de Paris. Le musée d’Angers possède un vase de porphyre rouge (fig. 43), donné le 19 septembre 1450 par le roi René à la cathédrale de cette ville comme « urne de Cana » ; mais, quoique cette œuvre d’art soit fort ancienne et d’origine orientale, les deux têtes de Bacchus qu’on y remarque (fig. 44) ne permettent guère d’y voir une des hydrise de Cana. Voir Godard-Faultrier, Les urnes de Cana, dans Didron, Annales d’archéologie, t. xi, p. 253. Pour d’autres urnes auxquelles on attribue la même origine, voir de Vogué, ibid., t. xiii, p. 91 ; Gilbert, ibid, , p. 95 ; Mislin, Les Saints Lieux, 1858, t. iii, p. 445. Le miracle de Cana est souvent reproduit sur les monuments antiques de l’art chrétien. Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, art. Cana, 1877, p. 112 ; F. X.Kraus, Real-Encyklopâdie der christlichen Alterthùmern, t. ii, 1886, p. 91.

A l’église latine de Cana, on vient de mettre à jour des débris intéressants, colonnes, tympans, fragments de mosaïques, qui révèlent l’antiquité d’un sanctuaire chrétien bâti en ce lieu. Ce sanctuaire, devenu plus tard une mosquée, comme il arriva pour tous les sites les plus vénérables, abritait encore en 1652, quand Doubdan la visita, Voyage en Terre Sainte, c. nx, 3e édit., in-8°, Paris, 1666, p. 539, une crypte qui correspondait à la salle des noces. La construction supérieure, un carré divisé en deux nefs par un rang de colonnes, peut aujourd’hui être pleinement reconstituée. Non loin de là on peut voir, vers le nord-ouest, le site supposé de la maison de Nathanaël, un petit sanctuaire élevé dans un jardin d’ailleurs fort bien tenu. Mais la relique qui attire surtout l’attention, c’est la fontaine (fig. 45). Elle est au bas du village, à deux cents mètres environ vers le sud-ouest. On y vient puiser de l’eau de tous les côtés. Dans le grand bassin où elle se déverse, de grosses anguilles se promènent pour y dévorer les sangsues dont ces eaux pullulent. Au-dessous et dans d’autres récipients, des femmes lavent bruyamment le linge de leur ménage. Quand on veut boire pure un peu de cette eau de Cana, jadis miraculeusement changée en viii, il faut aller vers le sud, à travers une double haie de cactus et de grenadiers. Là est la source profonde qui alimente la fontaine publique. Les femmes qui craignent de puiser dans le bassin rectangulaire où se lavent les passants vont remplir leurs amphores à cette sorte de puits. Les jeunes filles alertes y descendent prestement, en posant leurs pieds sur des pierres placées en saillie dans la petite construction circulaire, et elles remontent bientôt après par cette singulière échelle, en tenant leur cruche gracieusement dressée sur l’épaule gauche. Comprenant notre désir de boire, à Cana, de l’eau moins souillée que celle de la fontaine publique, elles inclinent avec un charme incomparable l’urne sur leur bras gauche, et nous offrent à boire, dans l’attitude même que Rébecca dut prendre jadis vis-à-vis d’Éliézer. L’eau est bonne, mais médiocrement fraîche. La population semble très avenante. Le type est aussi remarquable ici qu’à Nazareth. Sur les coteaux on a récemment planté des vignes. Le vin qu’elles produisent est assez bon. — Quant à la pierre qu’on avait montrée à S. Antonin de Plaisance et sur laquelle, lui avaiton dit, s’était étendu Notre -Seigneur pendant le festin des noces, elle n’est plus à Cana ; mais c’est peut-être celle qui a été retrouvée en 1885, dans les ruines de la Panaghia, à Élatée, en Phocide. Elle est en marbre gris, veiné de blanc, longue de 2 m 33, large de m 64 et haute de m 33. On y lit l’inscription suivante, que, d’après les caractères paléographiques on peut reporter vers la fin du vi » siècle : ►£ OVTOCECT1N | OAI0OCAIIO | KANATHCrAJ_AIAEACOJ10T | TOTAÛPOINON | EnOlIlCEN KC | HMON IC XC » J( « C’est la pierre de Cana de Galilée, où Notre-Seigneur Jésus-Christ changea l’eau en vin. » Elle a dû être emportée de Palestine

à l’époque des croisades. Elle est conservée maintenant à Athènes. Ch. Diehl, La pierre de Cana, dans le Bulletin de correspondance hellénique, t. ix, 1885, p. 28-42 ; P. Paris, Élatée, la ville et le temple d’Athéna Cranaïa r in-8°, Paris, 1892, p. 299-312.

Voir en faveur de l’identification de Kefr-Kenna avec Cana de l’Évangile : V. Guérin, Galilée, t. i, p. 168-182. et 474-476 ; de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 449-494 ; Œgidius Geissler, Die Mission von Cana, dans Dos heilige Land de Cologne, 1881, p. 93-96, et Nachrichten aus.Cana in Galilâa, ibid., . 1883, p. 57-64. — En faveur de Khirbet Qana : Robinson, Biblical Researches in Palestine, 1856, t. ii, p. 346349, t. iii, p. 108 ; Thomson, The Land and the Book r édit. de 1876, p. 425. E. Le Camus.

CANAL. Il existe en hébreu plusieurs mots pour exprimer l’idée de canal. Ces mots s’appliquent à toutessortes de conduits artificiels pratiqués pour donner passage à l’eau ou à un liquide quelconque, depuis le petit tuyau de métal jusqu’au canal proprement dit. — 1°’Afîq, qui désigne ordinairement le lit naturel des rivières et des torrents, se prend aussi pour le petit conduit de métal (Vulgate : fistula), Job, xl, 13 (hébreu, 18). — 2° Sanf âr (Septante : ïnaçutnçik ; Vulgate : suffusorimn) est le petit tuyau qui amène l’huile. Zach., iv, 12. — 3° Sinnôr est le nom d’un conduit alimenté par une chute d’eau, dans lequel David ordonne de précipiter les Jébuséens. II Sam. (Reg.), v, 8 (hébreu). — ¥Mas’âb, Jud., v, 11 (hébreu) ; rehâlîm, Gen., xxx, 38, 41 ; Exod., ii, ; sôqét, Gen., xxiv, 20 ; xxx, 38 (Septante : >ï]vdç ; Vulgate : canalis), sont les noms des abreuvoirs, généralement en forme d’auges, dans lesquels on faisait boire les animaux. On les fabriquait en bois ou en pierre. Il n’y avait pas lieu d’en établir auprès des sources qui donnaient naissance à un ruisseau, mais seulement auprès des puits, trop profonds pour que les troupeaux parvinssent à s’y abreuver. On tirait l’eau du puits avec des outres ou des espèces de seaux, comme on le fait encore aujourd’hui près de Tantourah, par exemple, et on la versait dans les rigoles le long desquelles se rangeaient les troupeaux. — 5° Te’âlâh, est la rigole qu’Élie creuse autour de son autel sur le Carmel, III Reg., xviii, 32, 35, 38 ; le chemin que suit la pluie, Job, xxxviii, 25 ; le canal d’irrigation, Ezech., xxxi, 4, et surtout l’aqueduc. Is., vii, 3 ; xxxvi, 2 (Septante : iSpafwYo ? ; Vulgate : aquseductus). Les Hébreux avaient creusé un certain nombre de canaux remarquables, soit pour amener les eaux où il était besoin, soit pour conduire au Cédron celles qui avaient servi dans le temple, ainsi que le sang des innombrables victimes immolées près de l’autel. Sur ces travaux d’art, voir Aqueduc, t. i, col. 797-808. — 6° Ye’ôr est un mot d’origine égyptienne, iaur-âa, la « grande rivière », en copte iar-o. Le mot ye’ôr, qui est un des noms du Nil, s’applique aussi par extension aux canaux dérivés du grand fleuve. On sait, en effet, que, dès les âges les plus reculés, les habitants de l’Egypte s’appliquèrent à construire des canaux (fig. 46) et des digues, pour tirer le meilleur parti possible des inondations périodiques de leur fleuve. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 1895, t. i, p. 6, 70. Pendant leur séjour dans la terre de Gessen, les Hébreux durent aussi creuser un certain nombre de canaux. Il est même assez probable que sous Séti I Er, grand-père de Menephtah, leur dernier persécuteur, ils furent employés à la construction du grand canal d’eau douce, la tenat, qui se dirige des environs de Pithom vers le golfe d’Arabie. Le voisinage de ce canal dut être d’un précieux secours pour les fugitifs. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii, p. 392-396. Il est parlé de ces canaux sous le nom de ye’ôr (Septante : ^otï|iÔ5 ; Vulgate : (lumen), Exod., viii, 1 (hébreu) : IV Reg., xix, 24 (hébreu, et Nah., iii, 8. Le même mot désigne encore dans Isaïe, xxxiii, 21, un canal quelconque !