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DANIEL (LE LIVRE DE)


binger Quarlalschrift, 1871, p. 389 et suiv. Aucune dans l’histoire de Susanne : le jeu de mots (en grec) que l’on oppose comme preuve d’origine grecque n’est pas une difficulté, car il existe trois ou quatre façons de l’expliquer admises même par des rationalistes. Trochon, Daniel. , p. il et 12 ; F. Vigoureux, Mélanges bibliques, 1889, p. 477 ; Wiederhol’t, Die Geschichle Susanna, dans la Tûbinger Quarlalschrift, 1869, p. 583 et suiv. Aucune enfin dans Bel et le dragon : le culte du serpent à Babylone, le polythéisme politique de Cyrus, le renversement du vT|<S ; , et non de la pyramide elle-même de Bel, difficultés objectées, sont aujourd’hui des faits établis. L’identification d’Habacuc, dont il est question dans cet épisode avec le prophète de ce nom (Septante : ’A[iëïy.où|i), cf. Hab. i, 1, est bien douteuse. Wiederholt, Bel und der Drache, 1872, p. 555. Cf. J. Fiirst, Der Kanon des Alte Testament, Leipzig, p. 102, 140. — 3. Telles qu’elles sont enfin, les Additions font partie du livre. C’est l’opinion universellement reçue, avec quelques exceptions. Aussi bien cette opinion est-elle confirmée par le contexte. Ainsi, iii, 23, pris avec le ꝟ. 91, exige les versets deutérocauoniques intermédiaires. Ainsi le chap. xm et le chap. xiv rentrent dans le plan du livre, pour lui donner l’unité : accrédité auprès du roi, il faut que Daniel le soit aussi auprès de son peuple, or c’est ce qui a lieu chap. xm ; ayant, par des prodiges, fait confesser le Dieu d’Israël à Nabuchodonosor, à Darius, il faut qu’il le fasse confesser aussi au Perse Cyrus, par des prodiges analogues, or c’est ce qui a lieu chap. xiv. Les Additions se joignent donc parfaitement au livre, et font avec lui un seul et même tout. Mais le livre est de Daniel, donc aussi les Additions, qui le complètent et lui appartiennent. On ne saurait d’ailleurs objecter à cela l’existence séparée des Additions ; car, si on lésa détachées du livre, ce n’est que plus tard, et pour des raisons adventices. La première, m, 24-90, a été retranchée parce qu’elle retarde Je récit et est en dehors du but final. La seconde, chap. xiii, parce qu’elle est infamante pour les juges d’Israël (V. Ori£ène, t. xi, col. 61). La troisième, chap. xiv, parce qu’elle parut à tort, aux juifs, faire double emploi avec un récit pareil, vi. Voir J. Knabenbauer, In Dan., p. 56 ; R. Cor-Jiely, Introd. sp., ii, 2, p. 510 et suiv., et les auteurs cités.

— On peut d’ailleurs admettre, avec plusieurs critiques, que les chapitres xm-xiv ne sont pas de Daniel, mais d’un auteur différent, sans que leur valeur historique en soit diminuée ou atteinte.

VI. Inspiration et canonicité du livre de Daniel. — L’inspiration et la canonicité ne font aucun doute. Prenons seulement les cinq premiers siècles. Il est aisé de montrer que dans cet intervalle le livre de Daniel n’a « essé d’appartenir au canon. Il est cité comme prophétique dans deux évangiles, et il y est fait allusion ailleurs, tomme on l’a vu. Les deux premiers siècles en parlent peu. Nommons toutefois saint Paul, saint Jean, puis saint dément Romain, / ad Cor., édit. Gebhardt, p. 90 ; Il ad Virg., édit. Beelcn, p. 103. Mais peu après il se répand partout comme livre canonique. Voici trois séries de témoignages qui le prouvent : — 1° Il fait partie de la version des Septante transmise à l’Église par les Apôtres. Il est lu publiquement — et l’on sait la signification dogmatique de la lecture liturgique — dans l’office divin. Il sert à établir le dogme, à combattre les Juifs et les hérétiques, ce qui est assez dire qu’il est reçu universellement comme livre inspiré et canonique. La meilleure preuve d’une telle réception sont les manuscrits grecs que nous avons encore, V Alexandrinus, le Valicanus, le Sinaiticus, le Claromontanus. Le Sinaiticus ne l’a pas aujourd’hui, mais c’est par accident. Ajoutez les autres versions faites sur les Septante, ou Théodotion, qui dans les Septante succéda en son temps à la première version grecque. La syro-hexaplaire, la pesclnto actuelle, l’éthiopienne, etc., contiennent aussi Daniel et ses Additions. — 2° Il est cité très fréquemment par les Pères. Lisant le Daniel grec

complet, c’est lui qu’ils reproduisent. Indiquons les principales citations. Saint Irénée, t. vii, col. 984, 1054 : « Et ils entendront les paroles qui ont été dites par Daniel le prophète : Race de Chanaan, etc.- » Dan., xm. Cf. Dissert : , iii, a. 1, 247 suiv. Clément d’Alexandrie, t. viii, col. 327, 1330. Origène nommément défend tout Daniel comme canonique. Il s’en explique clairement dans sa réponse à Jules Africain, qui avait attaqué l’histoire de Susanne, parce qu’elle n’est pas dans l’hébreu et qu’elle renferme des erreurs et des jeux de mots tirés du grec. Il réfute « ex professe » cette série d’objections, affirmant entre autres qu’en matière de textes inspirés, ce ne sont pas les Juifs, c’est l’Eglise qu’il faut croire, t. xii, col. 405 ; t. xiv, col. 687 ; ꝟ. xi, 42-47, 47-80. Cf. L. Coletta, Del libro di Esther, Naples, 1869, p. 220-230. Tertullien, t. ii, col. 963 (Dan., xiii). Saint Hippolyte, t. x, col. 690, et suiv. 866 : il a composé un commentaire sur Daniel, édité par O. Bardenhewer, Des h. Hippolytus Commentât’zum Bûche Daniels, Fribourg en Brisgau, 1877, p. 71 (Susanne), p. 80 (Bel et le dragon). Lucifer de Cagliari, t. xiii, col. 894-899. Eusèbe de Verceil, t. xii, col. 952, 964. Zenon de Vérone est remarquable. Il a écrit neuf petits traités sur Daniel : De Daniele, qui sont très beaux. Il y rappelle, entre autres, l’hymne Benedicite (incensi hymnum canurit), et la seconde fosse aux lions (cœlesti prandio satur). Il loue éloquemment Susanne : De Susanna, t. xi, 443, 444, 299, 300 (magnifique), 523, 525, 526, 527. Saint Ambroise, t xv, col. 150, 151, cꝟ. 154, 594, 789. Saint Athanase, t. xxv, col. 35, 39, 387, 542, 547, 618, 671, 1192, H93, 1255, 1378. Didyme, t. xxxix, col. 374, 431, 548, 654 (quia apud Danielem in judicio de Susanna habito legitur : Suscitavit, etc.) ; xiii, 45 (Hic quoque Deum esse Spiritum sanctum ostendit Scriptura), 1084. Cf. Mingarelli, De sacra Script., 994, 995. Saint Cyrille de Jérusalem, t. xxxiii, 403, 639, 857, 962. Méthode, t. xviii, col. 390. Eusèbe de Césarée, t. xxi, 483. Saint Grégoire de Nazianze, t. xxv, col. 471, 699, 898, 1182 ; xxxvi, 270. Saint Grégoire de Nysse, t. xlv, col. 1235, 1284. Théodoret, t. lxxxi, col. 1159, 1251, 1314 (1316 touoî y, commentaire du chapitre iii, avec l’Addition deutérocanonique). Saint Jean Chrysostome, édit. Gaume, I, p. 710 ; iii, p. 676, 805, 191, 192 ; vi, p. 253, 294, 368 seqq. Cf. p. 363 (Synopse), x, p. 153. Les trois jeunes Hébreux, épisode familier au grand docteur, t. iv, p. 582, 851, 882, 899 ; t. v, p. 121, 183, 337, 352, 385, 589 ; t. ix, p. 119, 727 ; x, p. 182, 184 ; xi, p. 496, 564 ; xii, p. 346. Saint Isidore de Péluse, t. lxxvhi, 970, 1055, 1095, 1235, 730, 1130 (Susanne). Ammonius, Fragmenta in Daniel., t. lxxxv, col. 1363-1369. Rufin, t. xxi, 611. Saint Jérôme, t. xxii, col. 329, 332, 353, 1027 ; t. xxiii, 245, 568 (Daniel et omnes prophetse, Dan., iii, 27) ; xxv, 509, cꝟ. 511, 568, 569, 570, 580 seqq., 581, 582, 1274, 1542 ; t. xxvi, 350 ; t. xxviii. Il admet les Additions. Voir Prol., de can. hebr. verit., t. v, col. 87. Il affirme, t. v, col. 1291, cf. note ii, col. 1292, que les Additions ne sont pas dans l’hébreu, mais que cependant elles sont universellement reçues dans l’Eglise. Ses textes contraires expriment moins son opinion que celle d’autrui. Saint Augustin, édit. Gaume, t. vii, col. 448 (Sancta Scriptura), 2075, 1970 seqq. ; t. x, p. 1118. De tout cela il résulte que la foi ecclésiastique à l’inspiration du livre est, du moins à cette époque, très constante et très distincte. On peut donc ne pas rapporter les listes ou canons, officiels ou privés, qui la confirment, depuis la liste du concile de Nicée passée en Afrique, approuvée â Rome et reproduite ailleurs, jusqu’aux listes des grands docteurs et des écrivains moins autorisés. Toutes renferment Daniel et ses Additions. — 3° Il est encore un troisième genre de preuves qu’il faut exposer très rapidement. Il est tiré de l’archéologie chrétienne primitive, et il regarde moins le livre que les Additions. Il consiste dans des verres dorés, des fresques, des sarcophages de ce temps-là, représentant des sujets empruntés au Daniel