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DANÉE — DANIEL LE PROPHÈTE

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    1. DANÉE ou DANEAU Lambert##

DANÉE ou DANEAU Lambert, théologien protestant, né à Beaugency vers 1530, mort à Castres le Il novembre 1595. Né de parents catholiques, il étudia le droit civil à Orléans, sous Anne Dubourg, et après le supplice de ce dernier (décembre 1559) se déclara partisan des nouvelles erreurs. Il alla étudier la théologie à Genève, où il fut un auditeur assidu de Calvin, et Théodore de Bèze l’accueillit avec honneur. En 1562, il était pasteur à Gien, d’où, dix ans plus tard, il revint à Genève, et il obtint d’y être nommé pasteur et professeur de théologie. En 1582, il avait à remplir les mêmes fonctions à l’université de Leyde ; mais il ne put rester dans cette ville, d’où, après un court séjour à Gand, il vint demander asile au roi de Navarre. Il fut pasteur et professeur de théologie à Orthez, puis à Lescar. Enfin, en 1593, il était à Castres, où il mourut. On a de cet auteur : Commentarius in Joelem, Anws, Michmurn, Nahum, Habacuc, Sophoniam, Haggseum, Zachariam et Malachiam, in-8°, Genève, 1578 ; Commentarius in D. Pauli priorem Epistolam ad Timotheum, in-8°, Genève, 1578 ; Methodus Sacrée Scripturse utiliter tractandx quse exemplis aliquot et perpétua in Epistolam Pauli ad Philemonem commentario illustratur, in-8°, Genève, 1581 ; Tractatus de Anti-Christo, in quo anti-christiani locus regni, tempus, forma, ministri, fulcimenta, progressio, exitium et intérims demonstrantur ubi difficiliores Danielis et Apocalypseos loci explicantur, in-8°, Genève, 1582 ; Commentarius in très Epistolas D. Joannis et unicam Judse, in-8°, Genève, 1585 ; Commentarius in Joannis Evangelium, iri-8°, Genève, 1585 ; Commentarius in Prophetas minores, in-8°, Genève, 1586 ; Commentarius in Matthœum, in-8°, Genève, 1593 ; Quœstiones et scholia in Marcum, in-8°, Genève, 1594. Une partie des ouvrages de Danée a été publiée sous le titre : Opuscula theologica omnia, in-f°, Genève, 1554.

— Voir Walch, Bibliotheca theologica, t. iv, p. 565, 576, etc. ; Haag, La France protestante, t. iv, p. 192.

B. Heurtebize.

DANIEL. Hébreu : Dâniy’êl, « Dieu me juge, me protège ; s Septante : Aavi’ïjX. Nom de quatre Israélites.

1. DANIEL (Septante : Act[m^X ; Codex Alexandrinus : AaXouta), second fils de David, qu’il eut d’Abigaïl à Hébron. I Par., iii, 1. Dans le passage parallèle, Il Reg., m, 3, il est appelé Chiléab. Voir Chiléab.

2. DANIEL, prêtre de la branche d’ithamar. Il revint de la captivité de Babylone avec Esdras. I Esdr., viii, 2.

3. DANIEL, prêtre qui signa l’alliance solennelle avec Dieu à l’exemple de Néhémie. Esdr., x, vi. Rien ne s’oppose à ce que ce soit le même personnage que Daniel 2.

4. DANIEL LE PROPHÈTE (hébreu : Dânîyê’l, Dan., l, 6, 7, 8, ou simplement Dâni’êl, Ezech., xiv, 14, 20, xxviii, 3 ; Septante : Aavri)X), le dernier des quatre grands prophètes. — Étymologiquement, ce nom signifie : « Mon juge (défenseur) est Dieu. » Voir J. Knabenbauer, In Danielem prophetam, Paris, 1891, p. 3. Cf. A. Hebbelynck, De auctorit. histor. libri Danielis, Louvain, 1887, p. 2, not. 2.

I. Origine et éducation de Daniel. — On ne connaît de certain sur sa vie que ce que nous en apprend son livre. D’après le Pseudo-Épiphane, De proph., x, t. xliii, col. 403, il serait né à Bethabara, non loin de Jérusalem, mais ce n’est pas certain. Il n’est pas certain non plus qu’il fût de race royale, comme le prétend Josèphe, Ànt. jud., X, x, 1. Cf. S. Jérôme, In Dan., i, 3, t. xxv, col. 518. Mais ce que l’on peut affirmer, c’est qu’il sortait de la tribu de Juda, Dan., i, 6, et, sinon de race royale, au moins d’un sang noble, ꝟ. 3 (Vulgate : desemine tyrannorum [parfemîm = principum]. Cf. Pusey, Daniel the prophet, Oxford, 1876, p. 574J. — Il fut déporté

à Babylone en 605 ou 601, la troisième année du roi Joakim, par ordre de Nabuchodonosor ; il avait, selon toute apparence, quatorze ans. On le confia, lui et d’autres jeunes gens de son âge et de son pays, à Asphenez, le rab-saris (= chef des eunuques) du palais. Il devait y être élevé pendant trois ans, mangeant des mets et buvant du vin du roi, apprenant la science des Kasdim. Son nom hébreu fut changé en celui de Baltassar (hébreu : Bêllesa’sar ; assyrien : balâtsu-usur, pour Bel-balàtsuusur = Bel, vitam ejus protège. Dan., i, 7. Cf. Dan., iv, 5. Glossæ Frid. Delitzschii babylonicæ, dans S. Bær, Libri Danielis, Ezrse et Nehemix, Leipzig, 1882, p. ix). Il pria l’échanson (hébreu : hammélsar, nom d’origine douteuse, peut-être babylonienne : amil-usur ; voir Fr. Lenormant, La divination chez les Chaldéens, Paris, 1875, p. 196) à qui Asphenez l’avait spécialement confié, de le laisser manger et vivre selon la loi. Dan., i, 11-13. Après une épreuve, on le lui permit. Il devint très habile dans tout ce qu’on lui enseigna. Il apprit ainsi l’écriture (hébreu : sêfér ; Vulgate : Utteras) dite cunéiforme et la langue des Kasdim, c’est-à-dire la langue assyro-babylonienne, avec les sciences qui s’y rattachent. Il eut, de plus que ses trois compagnons, le don et l’intelligence des visions et des songes, don si estimé en Babylonie. Dan., i, 17. Lorsque leur éducation fut terminée, ils furent présentés à Nabuchodonosor, qui les interrogea lui-même (hébreu : biqqês) ; et, les trouvant dix fois plus sages et plus savants que les mages et les devins, les admit à sa cour pour le servir, Dan., i, 20 : c’était en 602 ou 001.

IL Sagesse de Daniel. — Elle parut avec éclat très peu de temps après. On peut rapporter, en effet, à cette date l’épisode de Susanne, Dan., ira, l-61, qu’il sauva de la mort en confondant les infâmes vieillards qui calomniaient son innocence. Voir Susanne. — L’interprétation d’un songe lui valut aussi devant les Babyloniens un grand renom. Cet événement arriva peu de temps après, Dan., ii, 1, la deuxième année du règne de Nabuchodonosor (c’était la troisième depuis son association au trône par son père [J. Knabenbauer, In Daniel., p. 77 ; cf. J. M. Fuller, dans The Holy Bible, Londres, 1882, t. vi, p. 239], à moins qu’il ne faille en reculer la date à la douzième année, par la correction du texte a = 2 en a » = 12, ce qui peut être). Le roi Nabuchodonosor avait eu un songe, qui l’avait effrayé et dont il ne lui restait qu’un vague souvenir. Il fit appeler tous les sages de Babylone (hakkîmê Bâbél, nom générique comprenant les quatre ordres, Dan., ii, 2, 18, 27), pour obtenir d’eux et le songe et le sens du songe ; mais ils furent impuissants à lui répondre, et il ordonna qu’on les fît mourir. Daniel, qui l’apprit par Arioch (voir t. i, col. 963), le chef des exécuteurs (rab-tabbâhayyâ’), obtint du roi un délai, et par ses prières auprès de Dieu et celles de ses compagnons, il arriva à connaître le songe et ce qu’il signifiait. Il parut devant le roi et ayant confessé que le Dieu du ciel peut seul, à l’exclusion des sages, révéler un tel mystère, il lui rappela son songe : Nabuchodonosor avait vu une statue, selém, ayant forme d’homme, d’une taille extraordinaire, d’un éclat effrayant, variée de couleurs, diverse de matériaux, de qualité inférieure à mesure que l’on descendait de la tête aux pieds : la tête, — la poitrine avec les bras, — le ventre avec les cuisses, — les jambes avec les pieds, qui étaient de fer mêlé d’argile, statue combinée de manière à offrir tout le contraire de la solidité. J. M. Fuller, ouvr. cité, p. 259. Une pierre, ’ébén, se détacha soudain, frappa la statue par ses pieds, et tout se broya en une fine poussière, que le vent dissipa. Puis cette pierre devint une haute montagne, tûr rab, qui remplit toute la terre. Daniel donna alors au roi l’interprétation du songe. Quatre grands empires correspondent aux métaux divers de la statue : les Babyloniens à l’or, les Perses à l’argent, les Grecs à l’airain, les Romains au fer ; ils seront détruits et brisés par un royaume, l’Église, qui viendra du