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DAN (TRIBU ET VILLE)


Caath : Elthéco, Gabathon, Aïalon et Gethremmon, avec leurs faubourgs. Jos., xxi, 23, 24. Mais elle ne put jouir en paix de la riche contrée qui lui était échue. Les Amorrhéens, vaincus, mais non exterminés, « tinrent les fils de Dan resserrés dans la montagne, sans leur permettre de s’étendre en descendant dans la plaine (la Séphéla) ; et ils habitèrent sur la montagne d’Harès, c’est-à-dire la montagne de l’argile, dans Aïalon et dans Salebim. » Jud., i, 3Î, 35. Il fallut le secours de la maison de Joseph pour réduire l’ennemi ; mais c’est sans doute en raison de ces difficultés et de l’exiguïté de leur territoire que les Danites allèrent fonder une colonie à l’extrémité de la Palestine ; tel est le sens qu’il faut donner à ces paroles du texte sacré : « La tribu de Dan cherchait des terres pour y habiter ; car jusqu’alors elle n’avait point reçu sa part du territoire avec les autres tribus. » Jud., xviii, 1. Nous les voyons néanmoins tranquillement occupés de leurs vaisseaux pendant que les tribus du nord combattaient avec Débora et Barac. Jud., v, 17. Ils eurent la gloire de donner à Israël un de ses Juges les plus célèbres, Samson. Jud., xm-xvi. Les Philistins avaient remplacé les Amorrhéens dans la plaine et exerçaient les mêmes ravages. On sait quelles représailles exerça contre eux le fils de Manué. Voir Samson. C’est pendant cette même époque des Juges que six cents d’entre eux partirent de Saraa et d’Esthaol pour aller faire la conquête de Laïs, qu’a ils appelèrent Dan, du nom de leur père ». Jud., xviu. Voir Dan 3.

Au temps de David, notre tribu maintenait son rang et son caractère guerrier. Elle fournit, pour l’élection royale, à Hébron, vingt-huit mille six cents hommes bien armés. I Par., xii, 35. Son chef, sous ce prince, était Ezrihel, fils de Jéroham. I Par., xxvil, 22. Un des plus habiles artistes envoyés à Salomon par le roi de Tyr, et appelé lui-même Hiram ou Hiromabi, était fils d’une Danite. II Par., ir, 13, 14. Dans le partage de la Palestine entre les douze tribus, tel qu’il est décrit par Ézéchiel, Dan est placé au nord du territoire sacré, probablement à cause de la colonie dont nous avons parlé. Ezech., xlviij, 1, % Le même prophète, dans sa reconstitution idéale de la cité sainte, indique à l’est une « porte de Dan ». Ezech., XLViii, 32. La Vulgate cite ce nom dans un autre passage de l’auteur sacré, Ezech., xxvii, 19 ; mais on lit généralement, avec l’hébreu, Vedân, que quelques auteurs identifient avec la ville d’Aden, en Arabie. Notons en dernier lieu l’omission qui est faite de Dan en deux endroits de la Bible, d’abord dans les listes généalogiques des tribus, I Par., ii-x, bien que le patriarche lui-même soit cité parmi les fils d’Israël, et à la même place que lui donne la prophétie de Jacob (Gen., xlix, 16), I Par., ii, 2 ; ensuite dans l’énumération de saint Jean, Apoc, vii, 4-8, à propos des élus marqués du sceau de Dieu. Ou a apporté, principalement pour cette dernière, différentes explications plus ou moins plausibles, qu’on peut voir dans les commentateurs. Cf. Drach, Apocalypse de saint Jean, Paris, 1879, p. 92-93.

III. Caractère. — Le caractère des Danites se résume dans la ruse et la force, deux éléments de la valeur guerrière, surtout à ces époques reculées de l’histoire. Il avait été parfaitement dépeint dans les deux prophéties de Jacob et de Moïse. Le patriarche mourant avait dit de son fils, Gen., xux, 16, 17 :

Dan juge son peuple,

Comme une des tribus d’Israël.

Dan est un serpent dans le chemin,

Un céraste dans le sentier,

Qui mord le cheval au talon,

Et fait tomber à la renverse le cavalier.

Le premier trait est, avec paronomase, une explication du mot Dan, « juger, » appliqué à une circonstance particulière de l’histoire. « Dan juge (hébreu : Dân yâdîn) son peuple, » c’est-à-dire, quoique né d’une esclave, il

ne sera pas inférieur « aux autres tribus d’Israël ». Les Juifs, saint Jérôme et beaucoup d’interprètes voient là une allusion à la judicature de Samson. Le second est une comparaison très frappante, qui peint un esprit parfois cruellement rusé. Le mot nâhâS désigne le serpent en général, symbole de l’astuce ; mais le terme Sefifôn indique le « céraste » ou « serpent à cornes », xlpas, qui est un reptile extrêmement dangereux. Ayant une couleur de terre, il se cache facilement dans les creux ou les ornières du chemin, sur le passage des caravanes. Ne laissant dépasser que ses cornes ou antennes qui surmontent chacune de ses paupières, et dissimulé dans le sable, il guette les oiseaux ou d’autres proies. Si un homme à cheval s’approche trop près, il se roule tout à coup autour d’un des pieds de l’animal et le mord. Saisi par la douleur, celui-ci se cabre et renverse son cavalier. Voir Céraste, col. 432. La ruse, loin d’être méprisée chez les Orientaux, est, au contraire, estimée à l’égal de la bravoure. Cette finesse est personnifiée dans Samson ; mais le caractère du céraste paraît surtout dans l’expédition de six cents Danites contre Laïs : espions envoyés « pour explorer le pays et l’examiner avec soin », Jud., xvin, 2, promptitude de l’exécution : « point de négligence, point de retard ; allons et possédons-la [cette terre fertile], nous entrerons chez des gens qui se croient en sûreté, » ^. 9, 10 ; surprise de l’attaque et destruction de la ville, ꝟ. 27. Il y a en particulier, dans la façon dont ils dépouillent le sanctuaire de Michas, certains traits pittoresques qui nous montrent le sarcasme se joignant à l’astuce, la menace audacieuse succédant à l’ironie. Pour faire main basse sur les idoles de Michas, ils occupent le prêtre en avant de la porte, et pendant ce temps-là les cinq explorateurs, qui connaissent les lieux, dérobent les objets de leur convoitise, ꝟ. 16, 17. Ils savent habilement attirer le jeune lévite, lui exposant les avantages supérieurs qu’il trouvera auprès d’eux. ^. 19, 20. Puis, loi-sque le propriétaire volé vient réclamer ses dieux, ils lui répondent avec une tranquille assurance : « Que demandez-vous ? Pourquoi criez-vous ? » ^. 23. Enfin, se sentant les plus forts, ils passent d’un faux étonnement à la menace tragique : « Gardez - vous de nous parler davantage, disent-ils, de peur qu’il ne vous arrive des gens qui s’emportent de colère, et que vous ne périssiez avec toute votremaison, » ! 25. Moïse, Deut., xxxiii, 22, dépeint aussi par une comparaison la force qui caractérisera la tribu :

Dan est comme un jeune lion ;

H s’élance de Basan.

Dans le pays de Basan, à l’est du Jourdain, et particulièrement sur les pentes boisées du Hauran, les cavernes et les fourrés servaient de retraites à des lions qui se ruaient sur les troupeaux et causaient d’affreux ravages. Ainsi les Danites se jetaient sur leurs ennemis. Cette force est encore représentée par Samson. L’Écriture nous dépeint d’ailleurs les guerriers de cette tribu comme « des hommes très vaillants s, Jud., xviir, 17 ; « bien armés, » jL 16 ; « ceints d’armes guerrières, » ^. Il ; « préparés au combat. » I Par., xii, 35. Le lion de Dan dominait au nord, comme celui de Juda au sud.

A. LEGENDRE.

3. DAN (hébreu : Dân ; Septante : Aiv ; une fois À « (TîvSàv ; Codex Vaticanus : AauevvSix, par l’union des deux noms Lésem et Dan ; Codex Alexandrinus : Aéuev Aiv, Jos., xix, 47), ville de Palestine, appeléeaussi Laïs (hébreu : Lais, Jud., xviii, 14, 27, 29 ; Lâyesdh, avec hé local, Jud., xviii, 7 ; Septante : Aaio-i, Jud., xviii, 7, 14, 27 ; Oj), au, âi{ ; Codex Alexandrinus : ’AXei ; , Jud., xviii, 29) et Lésem ( hébreu : LéSém, Jos., xix, 47 ; Septante : A<x-/t ; Codex Alexandrinus : Aiuepi), conquise par six cents guerriers de la tribu de Dan, qui lui donnèrent le nom de leur père, Jos., xix, 47 ; Jud., xviii, 29, et servant, chez les auteurs sacrés, à désigner la frontière septen-