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DAN (TRIBU DE)


pierres non taillées entrent dans la construction. Plusieurs villes importantes, comme Jaffa, Ramléh, Lydda, ont de magnifiques jardins, qui rappellent la beauté première de cette Terre Promise, si brillamment dépeinte par la Bible, et en particulier de cette plaine de Saron, dont Isaïe, xxxv, 2, chantait « la magnificence ». Les vergers de Jafla surtout sont célèbres ; on croirait, en les parcourant, errer dans les fabuleux jardins des Hespérides. C’est dans cette plaine, qui faisait l’orgueil et la richesse des Philistins, que Samson lança les trois cents chacals qui devaient, pour le venger, détruire sur pied les blés déjà mûrs. Jud., xv, 1-5.

A mesure qu’on avance vers l’est, la plaine ondule davantage, et le terrain se relève en collines plus ou moins accentuées. La partie montagneuse forme le pied de la grande arête qui traverse la Palestine du nord au sud et en constitue comme l’épine dorsale. Elle n’atteint guère, dans ses points les plus élevés, que la moitié de la hauteur moyenne de celle-ci, de 3 à 400 mètres, excepté vers la frontière sud-est, où, dans les enviions de Sàris et de Qariet el-Énab, l’altitude dépasse 700 mètres. Cette chaîne, qui domine la plaine et la ferme comme une barrière, prend, sous les rayons du soleil couchant, des teintes aussi belles que variées. Les nombreux ouadis <nii en descendent, se dirigeant tous vers la Méditerranée, la coupent en fossés plus ou moins profonds, et de larges vallées ou d’étroits ravins, s’abaissant graduellement vers la Séphéla, la relient aux plateaux élevés de Benjamin et d’Éphraïm. Les vallées sont parfois bien cultivées. Les rochers, quoique dénudés, sont néanmoins souvent tapissés d’une belle végétation de fleurs. Étages sur les hauteurs, les villages s’élèvent, entourés de verdure, avec de nombreuses grottes creusées dans la montagne et servant de tombeaux ou de silos, magasins souterrains destinés à ramasser la paille, le blé, l’orge, etc. Des citernes également taillées dans le roc gardent les provisions d’eau si nécessaires dans une contrée où les sources sont rares et les torrents seulement temporaires. Si l’on veut avoir une belle vue d’ensemble du territoire de Dan, il faut monter au sommet de la tour de Ramléh.

Les principaux ouadis, dont nous ne citons que les plus importants, ouadis Nousrah, Deir Balloût, En-Nâtûf, ’Aly, Es-Souràr, alimentés par des branches secondaires, vont se déverser dans la mer par deux canaux, dont l’un est situé au nord de Jaffa, le Nahr el-Aoud/éh, et l’autre au sud, le Nahr Roubin, tous deux marquant à peu près, nous l’avons dit, les frontières de la tribu.

La tribu de Dan n’avait pas seulement la richesse du sol ; sa situation était des plus importantes. Et d’abord elle possédait le port de Jafla, de tout temps le plus fréquenté dans cette partie de la côte méditerranéenne. Il ouvrait à ses vaisseaux, objet de toutes ses préoccupations, Jud., v, 17, les routes du commerce maritime. Quoique d’un accès assez difficile, il n’en était pas moins la clef de toute la contrée. De là partent maintenant les routes qui aboutissent au cœur même du pays, Jérusalem. Le chemin de fer traverse d’un bout à l’autre le territoire danite, suivant la plaine et l’ouadi Sourar pour entrer en Juda. Une route carrossable passe par Yazoûr, Sarfend, Ramléh, El-Qoubâb, Lâtroun, Qariet el-Enab, et va directement à la ville sainte. Un autre chemin, passant par Loudd (Lydda), se ramifie à Djimzou, une do ses branches se dirigeant vers les deux Beit’Our (Béthoron inférieur et supérieur), l’autre plus bas, allant par’Annâbéh, Berqah, Beit Nouba, etc., sans compter une voie intermédiaire et quelques embranchements, aboutissant à Jérusalem. C’est par les vallées et les sentiers qui unissent la plaine à la montagne que les Philistins faisaient leurs incursions dans le haut pays. Ensuite, outre ces communications qui reliaient le rivage aux plateaux élevés, la grande route d’Egypte à Damas et en Assyrie, suivant la plaine côtière, traversait du sud au nord la tribu de Dan. Il y avait là des places importantes ;

c’est pour cela que tant de noms dans ce petit coin nous ont été conservés par les monuments égyptiens et assyriens : lopou, lap-pou (Jaffa), A-zou-rou (Yàzoûr), Bit-Da-gan-na (Beit-Dedjan ; Vulgate : Bethdagon, selon l’identification adoptée par quelques auteurs), Ba-nai-bar-qa (lbn lbràk, Bané-Barach), Aounaou (Kefr’Ana, Oxo), Houditi (Hadithéh, Hadid, Addus), Salouli (Schilta), Gaziro (Tell Djézer, Gazer), Am-qarrou-na (’Aqir, Accaron), Tam-na (Khirbet Tibnéh, Thamnatha).

Certaines particularités naturelles du territoire de Dan se reflètent dans les noms mêmes des cités bibliques : les charmes et la richesse dans Joppé (hébreu : Yâfô, « beauté » ), Élon (hébreu : ’Êlôn, « chêne » ), Gethremmon (hébreu : Gat-rimmôn, « pressoir de grenades » ) ; la faune dans Sélebiri (hébreu : Sa’âlabbîn ou Sa’albîm, « les chacals » ), Aïalon (hébreu : ’Ayyâlôn, « gazelle » ). Les lions, mentionnés avec les chacals dans l’histoire de Samson, Jud., xiv, 5, 8, ont aujourd’hui disparu de ces montagnes ; mais ces derniers y sont encore très nombreux. Les différents aspects de la contrée sont indiqués par des mots comme Séphéla (hébreu : Sefélàh), « pays bas ; » Gebbethon (hébreu : Gibbefôn), « hauteur ; » comme Seir (hébreu : Sê’ir) qui veut dire « escarpé ». Le nom arabe de Ramléh, « sable, » caractérise bien la nature du sol sur lequel la ville est bâtie.

II. Histoire. — L’histoire de Dan n’offre en somme rien de bien extraordinaire, à. part son expédition dans le nord de la Palestine et l’épisode de son héros principal, Samson. Au dénombrement du Sinaï, elle comptait soixante-deux mille sept cents hommes en état de porter les armes. Num., i, 38-39 ; ii, 26. Son contingent était ainsi le plus nombreux après celui de Juda (74600). Num., i, 27. Elle avait alors pour chef Ahiézer, fils d’Àmmisaddaï. Num., i, 12. Dans les campements, elle était placée au nord du Tabernacle, avec Aser et Nephthali, issus comme Dan de femmes secondaires. Num., ii, 25-30. L’effectif total de ce corps d’armée était de cent cinquante-sept mille six cents hommes, et leur ordre de marche à l’arrière-garde. Num., ii, 31 ; x, 25. Les offrandes que fit au sanctuaire, au nom de la tribu, Ahiézer, son prince, sont ainsi énumérées : « Un plat d’argent qui pesait cent trente sicles, et un vase d’argent de soixantedix sicles au poids du sanctuaire, tous deux pleins de farine mêlée d’huile pour le sacrifice ; un petit vase d’or du poids de dix sicles, plein d’encens ; un bœuf de troupeau, un bélier, un agneau d’un an pour l’holocauste, un bouc pour le péché, et, pour les hosties pacifiques, deux bœufs, cinq béliers, cinq boucs, et cinq agneaux d’un an. » Num., vii, 67-7 1. Parmi ses personnages remarquables à cette époque, l’Écriture cite Ooliab, habile artiste, qui fut adjoint à Béséléel de Juda pour la fabrication des objets destinés au culte divin, Exod., xxxi, 6 ; xxxv, 31 ; xxxviii, 23, et Ammiel, fils de Gémalli, qui fut un des explorateurs de la Terre Promise. Num., xiii, 13. La Bible a également conservé le nom de la mère du blasphémateur lapidé par ordre de Moïse : c’était Salumith, fille de Dabir, de Dan. Lev., xxiv, 11.

Pendant le séjour au désert, le nombre des guerriers danites varia beaucoup moins que celui de plusieurs autres tribus. Au second recensement qui se fit dans les plaines de Moab, le long du Jourdain, ils étaient soixante-quatre mille quatre cents, c’est-à-dire avec une augmentation de dix-sept cents. Num., xxvi, 42^43. Le prince qui fut choisi parmi eux pour travailler au partage de la Terre Sainte fut Bocci, fils de Jogli. Num., xxxiv, 22. Dans la scène solennelle des bénédictions et malédictions, à Sichem, la tribu de Dan se tenait sur le mont Ébal, « pour maudire, » avec celle de Buben ( le fils aîné, dépouillé de ses droits), Gad (le dernier fils de Lia), Aser, Zabulon et Nephthali (fils d’esclaves). Deut., xxvii, 13. Nous avons vu la part qui lui revint dans le pays de Chanaan. Jos., xix, 40-47. Elle fournit quatre villes aux Lévites, fils do