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DAN (TRIBU DE)


nord-est d’El-Yekoudiyéh. Ce point pourrait, en effet, croyons-nous, rentrer dans les limites de Dan. Mais Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 1, la place plus bas : si son indication est vraiment basée sur la tradition, il est permis d’accepter la conjecture qui assimile Balaath à Beîa’în, un peu au nordouest de Béthoron inférieur.

13. Jud ( hébreu : Yehud ; Septante : ’AÇùp ; Codex Alexandrinus : ’Io-J6). Il n’y a pas lieu, ce nous semble, d’hésiter, comme Eobinson, Biblical Researches, t. ir, p. 242, et V. Guérin, Judée, t. i, p. 322, à l’identifier avec El-Yehoudiyéh, à l’est de Jaffa : la correspondance est exacte au point de vue du nom et de la position.

14. Bané et Barach (hébreu : Benê-Beraq ; Septante : BavaiSaxit ; Codex Alexandrinus : Bivi, gapâx). Ces deux mots, comme l’indiquent l’hébreu et le grec, ne désignent qu’une seule ville, qui, mentionnée après Jud, subsiste encore près d’elle, sous le nom à peine changé d’Ibn-Ibrâk. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 251. La même situation lui est assignée dans l’inscription de Sennachérib, où elle est citée sous la forme Ba-na-ai-bar-qa, parfaitement semblable à l’hébreu. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriflen, p. 172, 289.

15. Gethremmon (hébreu : Gat-Rimmôn ; Septante : TeOp£|jiH(iv, Jos., XIX, 45 ; ailleurs : VtQip£ uî>y, Jos.,

xxi, 24 ; re6(i>pi>v ; Codex Alexandrinus : re6p£u.[i(Jv, I Par-, VI, 69) ; inconnue.

16. Méiarcon (hébreu : Mê hayyarqôn, « les eaux du Yarqon, » ou aqu.se flavedinis, « eaux de couleur jaune ; » Septante : i ; To"6 « ).aærr]c’hpâxwv, ce qui suppose la lecture : miyyâm Yeraqôn, « à partir de la mer, Yeraqon » ) se retrouve peut-être dans le Nahr el-Aoudjéh, qui se jette dans la mer au nord de Jaffa. Cf. Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 262.

17. Arécon (hébreu : Hà-Raqqôn, avec l’article) a été assez justement identifiée par les explorateurs anglais avec Tell er-Reqqeit, localité située sur les bords de la mer, au nord du Nahr el-Aoudjéh. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Narnes and places, p. 147.

18. Joppé (hébreu : Yâfô ; Septante : ’lômtr]) est le port bien connu de Jaffa ; arabe : Yafa. Son nom se retrouve sous la forme Iopou ou Tapou dans les listes géographiques des pylônes de Karnak. (n° 62). Cf. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste de’T/ioutmès III qu’on peut rapporter à la Judée, 1888, p. 1. Les inscriptions assyriennes le donnent sous celle de Ia-ap-pu-u = Iap-pu. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriflen und das Alte Testament, p. 172.

On peut ajouter à cette liste quelques villes, mentionnées ailleurs dans l’Écriture et englobées dans le territoire de Dan, comme Gazer (Tell-Djezer), Gamzo (Djimzou), Modin (El-Midiyéh), Lod (Loudd) et Ono (Kefr’Ana).

2° limites. — Dans cette énumération, Josué, fidèle à sa méthode, suit un ordre régulier, comme pour Aser, Benjamin et d’autres tribus. (Voir, en particulier, notre remarque sur ce sujet, à l’article Aser 3, t. i, col. 1086.) On y distingue deux groupes bien déterminés, celui du sud et celui du nord, reliés entre eux par quelques localités du centre et de l’est. Le groupe méridional comprend : Saraa, Esthaol, Hirsémès, Sélebin, Aïalon, Jéthéla, Elon, Themna, Accarpn et Ellhécé. L’auteur sacré passe ensuite par Gebbéthon et Balaath pour arriver au groupe septentrional, formé de Jud, Bané et Barach, Gethremmon, Méiarcon, Arécon et Joppé.

Josué n’a pas pris soin, comme pour Juda et Benjamin, Jos., XV, 1-12 ; xviii, 11-20, de nous décrire lui-même les limites de Dan. Cependant l’énumération seule des villes principales nous donne des jalons bien suffisants. Si la Méditerranée forme une barrière naturelle à l’occident, Arécon (Tell er-Reqqeit), de ce côté, marque la frontière nord, tandis que le point opposé, Accaron (, ’Aqîr), l’arrête vers le sud. Le coin sud-est est parfaitement déterminé par la ligne courbe que dessinent

Themna (Khirbet Tibnéh), Hirsémès (’Aïn-Schems), Saraa (Sara’a) et Esthaol (Eschou’a) ; peut-être même pourrait-on y faire rentrer Élon en la plaçant à’Alîn. L’orient, enfin, est délimité par Aïalon (Ydlô), Balaath (Bela’in) et Gebbéthon (Qibbiyéh). Ce tracé est encore précisé davantage au sud et à l’est par celui que Josué nous offre des tribus de Juda et de Benjamin. Voici, en effet, comment l’auteur sacré établit la frontière septentrionale de Juda, et par là même celle de Dan, du côté du midi, à partir de Baala ou Cariathiarim (Qariet el-’Enab), point de jonction des trois tribus voisines : « Et de Baala elle tourne vers l’occident jusqu’à la montagne de Séir (Sorts), passe à côté du mont Jarim au septentrion vers Cheslon ( Kesla), descend vers Belhsamès (’Aïn-Schems), passe jusqu’à Thamna [Khirbet Tibnéh), vient vers le côté d’Accaron vers le nord, incline vers Séchrona, passe le mont Baala, s’étend jusqu’à Jebnéel (Yebna), et se termine enfin du côté de l’occident par la grande mer. » Jos., xv, 10, 11. Cette ligne de démarcation nous semble assez bien suivre, d’une façon générale, ïouadi es-Sowar et le Nahr Boubin. D’autre part, déterminant la limite occidentale de Benjamin, Josué nous dit : s Elle descend à Ataroth-Addar (Khirbet ed-Dâriyéh), près de la montagne qui est au midi de Béthoron inférieur (Beit’Our et-Tahta) ; puis elle tourne en inclinant vers la mer, au midi de la montagne qui regarde Béthoron du côté du midi, et elle se termine à Cariathbaal, qui s’appelle aussi Cariathiarim, ville des enfants de Juda. » Jos., xviii, 13, 14. Comme on le voit, il n’y a guère que la frontière nord dont les contours restent un peu indécis. Josèphe, Ant. jud., V, i, 22, nous paraît exagérer les possessions de Dan, du côté de l’ouest, en les étendant d’Azot (Esdoûd) au midi jusqu’à Dora (Tantourah ) au nord, c’est-à-dire à la plus grande partie de la plaine fertile qui longe la Méditerranée.

3° description. — La ti’ibu de Dan occupait, on le voit, comme celle de Benjamin, sa voisine, un territoire assez restreint, mais qui avait l’avantage de la richesse et l’importance de la position. Il comprenait deux parties distinctes : la plaine et les premiers contreforts de la montagne. La plaine était le centre de cette large bande de terre, d’une merveilleuse fertilité, qui s’étend, parallèlement à la mer, de Gaza au Carmel, et porte, au sud de Jaffa, le nom de Séphéla, au nord celui de Saron. Elle se développait, dans la région dont nous venons de tracer les limites, sur une longueur approximative d’une dizaine. de lieues et une largeur de sept à huit. Après les dunes de sable qui longent la côte, on rencontre cette vaste plage légèrement ondulée, qui, aux dernières époques géologiques, émergea du sein des eaux, quand la mer cessa de battre le pied des montagnes calcaires d’Éphraïm et de Juda. Les hauteurs dont elle est parsemée vont de 50 à 60, 80 mètres et plus au-dessus du niveau de la mer. Elle est composée d’une arène fine et rougeâtre que la pluie ou de fréquentes irrigations transforment en un véritable terreau extrêmement fertile. En dehors de la saison des pluies, il est facile de l’arroser ; car, si l’on veut se donner la peine de creuser, on est à peu près sur de trouver l’eau partout, à quelques mètres seulement de profondeur. Aussi, malgré la déchéance du pays, même au point de vue physique, la richesse de ses produits rappellet-elle l’Egypte. À certains moments de l’année, cette vaste plaine n’est qu’une immense nappe verte ou jaune d’or suivant le degré plus ou moins avancé des moissons, s’étendant à perte de vue. D’endroits en endroits, son uniformité est coupée par des bouquets de verdure qui marquent les villages. Ceux-ci sont placés sur de petits monticules élevés de trois ou quatre mètres, collines souvent artificielles formées par les restes des anciennes habitations écroulées. Ils sont entourés de palmiers élancés, de figuiers, de sycomores et d’impénétrables haies de cactus. Les maisons sont bâties en pisé ou terre mélangée de paille hachée ; parfois de petites