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DAMAS


Keilinschriften und das Aile Testament, p. 193-198 ; A. Amiaud et V. Scheil, Les irise riptions de Salmanasar II, p. 40-41 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 458-461. Achab profita sans doute de cet échec pour rompre son alliance avec Bénadad. Après trois années de paix entre la Syrie et Israël, lit Reg., XXII, 1, la guerre recommença à propos de Ramoth-Galaad, et c’est sur ce champ de bataille que mourut Achab. 1Il Reg., xxii, 1-37. Son fils et successeur, Ochozias, fut probablement obligé par Bénadad, comme condition de paix, de fournir son contingent à la ligue formée par les puissances de l’Asie occidentale contre le redoutable empire de Ninive. Il dut donc être l’un des douze princes alliés contre l’Assyrie dont parlent les inscriptions de Salmanasar. Il en fut de même pour Joram, son frère, qui lui succéda au bout de deux ans, et qui dut être au nombre des rois vaincus, avec Damas, par le monarque assyrien, la dixième, la onzième et la qualorzième année de son règne. Cf. E. Schrader, .Die Keilinschriften und das A. T., p. 202 ; Amiaud et Scheil, Les inscriptions de Salmanasar II, p. 52-57 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 475-477. Il avait cependant été d’abord en bons termes avec Bénadad, comme le prouve la lettre de recommandation que lui écrivit ce dernier en faveur de Naaman, le chef de son armée, bien que la façon dont la reçut le roi d’Israël nous montre aussi ses sentiments de défiance à l’égard de son puissant et exigeant voisin. IV Reg., v, 5-7. On sait comment l’officier lépreux, d’abord irrité et humilié qu’Elisée préférât les eaux du Jourdain à celles des « fleuves de Damas, l’Abana et le Pharphar », trouva la guérison dans le fleuve sacré, en s’y lavant sept fois. IV Reg., v, 10-14. Voir Abana. Plus tard, le prince syrien forma un plan d’invasion du royaume d’Israël. Anéanti une première fois, le projet fut repris, et le roi de Damas vint assiéger Samarie, qui fut réduite aux horreurs de la famine ; mais une panique miraculeuse mit son armée en déroute. IV Reg., v i, 8-33 ; vii, 1-16. Bénadad, malade, touchant à sa fin, envoya un de ses principaux officiers, Hazaël, consulter sur sa guérison Elisée, qui se trouvait alors à Damas. Il fit présenter au prophète, sur quarante chameaux, de riches présents, « tous les biens de Damas, » c’est-à-dire ses plus beaux produits et les objets les plus précieux que renfermaient ses entrepôts. L’homme de Dieu prédit la mort du roi, la prochaine élévation d’Hazaël au trône, et les cruels traitements que celui-ci militerait aux enfants d’Israël. Bientôt, en effet, l’officier assassinait son prince et régnait à sa place. IV Reg., viii, 7-15.

Joram semble avoir mis à profit ce qui se passait à Damas pour fortifier sa frontière orientale et reprendre Ramoth-Galaad. Hazaël se vengea de la perte de cette ville eu battant les Israélites dans les environs de Ramoth et blessant le roi dans le combat. IV Reg., viii, 28. Jéhu, qui succéda à Joram, chercha dès le commencement à se prémunir contre les attaques des Syriens, et, inaugurant la politique fatale que devait suivre plus tard Achaz, roi de Juda, il implora contre Hazaël la protection de Salmanasar II, et s’assura son appui en lui payant tribut. C’est ce que nous permettent de croire les inscriptions cunéiformes, qui nous racontent la campagne du roi de Ninive contre Hazaël, peu de temps après l’avènement de ce dernier au trône. Cf. Bull Inscription, Cuneiform lnscript. of West. Asia, t. iii, pi. 5, n » 6 ; E. Schrader, Die Keilinschriften und das A. T., p. 209-210 ; Amiaud et Scheil, Les inscript. deSalm., p. 58-61 ; F. Vigouroux, La Bible et les découv. mod., p. 482. L’obélisque de Nimroud mentionne brièvement une dernière campagne de Salmanasar contre Hazaël, la vingt et unième année de son règne. Cf. Black Obelisk, Layard, Inscriptions, pi. 92, L 102-104 ; Schrader, p. 207 ; Amiaud et Scheil, p. 60-61 ; F. Vigourouxi p. 481. Le roi de Damas fut, suivant la prédiction d’Elisée, le constant ennemi d’Israël et lui

causa les plus grands maux, principalement sur les frontières orientales, qui étaient en contact avec la Syrie, « depuis le Jourdain, vers l’orient, [il ruina] tout le pays de Galaad, de Gad, de Ruben et de Manassé, depuis Aroër qui est le long du torrent d’Àrnon, cl Galaad et Basan. » IV Reg., x, 33. C’est ainsi que Damas se vengeait des défaites essuyées et punissait Jéhu de s’être reconnu vassal du grand roi. Elle fit également une expédition contre le royaume de Juda, et Joas obtint la paix à prix d’argent. IV Reg., xii, 17, 18 ; II Par., xxiv, 23, 24.

Cependant, à mesure que la puissance ninivile se développait, le pouvoir de Damas s’affaiblissait. Il déclina surtout sous Bénadad III, fils et successeur d’Hazaël, prince faible, qui n’avait ni la valeur ni l’habileté de son père. Du reste les crimes de ce dernier, qui « aflligea Israël pendant tous les jours de Joachaz », fils de Jéhu, IV Reg., xiii, 22, criaient vengeance, et le berger de Thécué, Amos, i, 3-5, lui prédit le châtiment qui l’attendait. L’Assyrie, par les armes de Rammanirar III, accomplit en partie cette prédiction, en dévastant la ville. Cf. Cuneiform Inscriptions of West. Asia, t. i, pî. 35, 1. 1-21 ; E. Schrader, Die Keilinschriften, p. 212-216 ; F. Vigouroux, La Bible et les découv. mod., t. iii, p. 488. En attendant que Théglathphalasar III en achevât l’exécution, Jéroboam II, roi d’Israël, sut mettre à profit l’affaiblissement de la puissance syrienne, pour reconquérir l’est du Jourdain et pour faire cette pointe contre Damas dont il est question IV Reg., xi v, 28.

Le dernier roi cité dans notre liste, Rasin II, tributaire de Théglathphalasar III, mais toujours prêt à se révolter contre l’Assyrie, se ligua avec Phacée, roi d’Israël, et tous deux cherchèrent à s’emparer de la Judée, pour se la partager, et peut-être faciliter ainsi l’attaque du pharaon, leur allié, contre le monarque ninivite. Ils avaient commencé à inquiéter Juda vers la fin du règne de Joatham, fils d’Ozias. IV Reg., xv, 37. Achaz, son fils et successeur, jeune encore, faible et sans caractère, se voyant assailli de tous côtés, se laissa aller au découragement malgré les assurances d’Isaïe, vii, 1-9, qui annonçait que bientôt « la force de Damas » serait enlevée, et montrait déjà l’invasion assyrienne, viii, 4. Cependant les deux confédérés avaient infligé à Juda des pertes sanglantes. II Par., xxviii, 5, 6. Ils étaient allés mettre le siège devant Jérusalem, qui avait résisté à leurs efforts. IV Reg., xvi, 5 ; Is., vii, 1. Isaïe disait, en effet, au roi de ne pas craindre « devant ces deux bouts de tisons fumants », que « Damas, capitale de la Syrie », rie remplacerait point Jérusalem pour le royaume de Juda. Is., vii, 4, 8. Mais Achaz, effrayé de la puissance dé ses ennemis et ne comptant que sur les ressources de la politique humaine, implora le secours de Théglathphalasar III, en lui envoyant l’argent et l’or qu’il put trouver dans le Temple et dans ses propres trésors. IV Reg., xvi, 7 ; II Par., xxviii, 16. Cette requête servait à merveille les desseins du monarque assyrien, qui rêvait précisément de soumettre à son pouvoir toute l’Asie occidentale. Il partit, en 734, à la tête d’une armée considérable, et tailla en pièces les troupes alliées. Dans une inscription, il raconte comment les chars du roi de Damas furent détruits, et les divers corps de son armée, cavaliers, archers, lanciers, faits prisonniers. Le prince lui-même, « pour sauver sa vie, s’enfuit seul, et, semblable à une gazelle, dans la porte de sa ville il entra. » Ses généraux, pris et empalés, furent exposés en spectacle à leur pays. Damas fut assiégée, et le roi enfermé « comme un oiseau dans sa cage ». Les plantations d’arbres et de roseaux furent saccagées, et « seize districts de Damas comme une inondation furent balayés ». Cf. A. Layard, Inscriptions in the cuneiform character, plate 72 ; E. Schrader, Die Keilinschriften und das A. T., p. 261-263 ; F. Vigouroux, La Bible et les découv. mod., t. iii, p. 521. Cependant le vainqueur ne put se rendre tout de suite maître de la ville. Laissant autour d’elle une partie de ses troupes, il alla châtier les