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DAMAS


est inscrit sur les pylônes de Kamak dans la liste des villes de la Syrie que signale le bulletin de victoire.

2° Du temps de David et de Salomon. — À l’époque de David, la Syrie était morcelée en divers royaumes, ceux de Damas (hébreu : ’Aram Damméèéq, Vulgate : Syria Damasci), de Soba (’Aram Sôbd’; Syrus Soba), de Rohob (’Aram bêt-Rehôb ; Syrus Rohob) et de Maacha (’Aram Ma’âkâh ; Syria Maacha). Le prince qui régnait alors sur Soba, Adarézer, fils de Rohob, s’apprêtait à les englober tous et rêvait même de porter ses armes jusqu’à l’Euphrate, profitant de l’abaissement de la puissance assyrienne, quand David, déjà vainqueur des Philistins et des Moabites, fondit sur lui et remporta une" victoire signalée. Alarmés de cette défaite, les voisins du roi vaincu, principalement ceux de Damas, envoyèrent des troupes à son secours. Mais David leur tua vingt-deux mille hommes, plaça une garnison dans la Syrie Damascène, qui lui fut assujettie et paya un lourd tribut. II Reg., viii, 5-6 ; I Par., xviii, 5-6. Le roi de cette contrée, selon Nicolas de Damas, cité par Josèphe, Ant. jud., VII, v, 2, s’appelait alors Hadad, et sa postérité aurait occupé le trône de Syrie pendant dix générations. Si ce dernier détail est exact, il faut cependant dire que ce ne fut pas sans interruption ; car un des principaux adversaires de Salomon fut Razon, fils d’Éliada, qui, après avoir quitté Adarézer, son maître, assembla des gens contre lui, se fit chef d’une bande de voleurs, qui vinrent habiter Damas et l’y établirent roi. « Et il fut ennemi d’Israël pendant tout le règne de Salomon, … et il régna en Syrie. » III Reg., xi, 23-25.

II. DEUXIÈME PÉRIODE. GUERRES DE DAXAS À VEC ISRAËL

st L’Assyrie. — Voici, pour l’intelligence de cette époque, la liste des rois de Damas, tels qu’ils nous sont connus par la Bible et par l’épigraphie assyrienne, d’après 6. Smith, The Assyrian Eponym Canon, p. 191 :

Noms. Dates.

Razon ( Rasin I"). 990-970

Tabrémon 970-950

Bénadad I"… 950-930 Roi dont le nom est inconnu… 930-910

Bénadad II 910-886

Hazaël I" 886-857

Bénadad III… 857-844

(Hazaël II 844-830)

(Bénadad IV… 830-800)

Mariha 800-770

Hadara( ?)… 770-750

Rasin II 750-732

Contemporains de Salomon ; III Reg., xi, 23-25 ;

appelé Hézion III Reg.,

xv, 18. Jéroboam I « ; III Reg., xv, 18. Baasa ; III Reg., xv, 18-20.

Amri ; III Reg., xx, 34.

Achab ; III Reg., xx.

Jéhu ; IV Reg., viii, 9.

Joachaz ; IV Reg., xiii, 3 ; Inscription de Salmanasar.

Joachaz et Joas ; IV Reg., xii, 17 ; xiii, 22.

Joaset Jéroboam II ; IV Reg., xm, 24.

Jéroboam II ; Inscription de Rammannirar III.

Manahem ; Inscription de Théglathphalasar III (Extract xvi, 11).

Phacée ; IV Reg., xv, 37 ; Inscriptions de Théglathphalasar III.

M. Smith fait suivre, non sans raison, ce tableau en partie hypothétique des réflexions suivantes : « Les deux rois les plus douteux dans cette liste sont Hazaël II et Bénadad IV ; il est possible qu’ils ne soient que des dédoublements de Hazaël I" et de Bénadad III. » La date des premiers rois n’est pas non plus exacte. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 457-458.

Sous les descendants de Razon, la puissance de Damas s’accrut au point que les deux royaumes d’Israël et de Juda, dont elle était pourtant l’ennemie naturelle, se disputèrent son amitié. C’est ainsi qu’  « Asa, prenant tout

l’argent et l’or qui étaient restés dans les trésors de la maison du Seigneur et dans les trésors du palais du roi, les mit entre les mains de ses serviteurs, et les envoya à Bénadad, fils de Tabrémon, fils d’Hézion, roi de Syrie, qui demeurait à Damas, et lui fit dire : Il y a alliance entre vous et moi, comme entre mon père et le vôtre. C’est pourquoi je vous ai envoyé des présents, de l’argent et de l’or ; et je vous prie de venir et de rompre l’alliance que vous avez avec Baasa, roi d’Israël, afin qu’il se retire de dessus mes terres. Bénadad, s’étant rendu à la prière du roi Asa, envoya les généraux de son armée contre les villes d’Israël, et ils prirent Ahion, Dan, Abel-Beth-Maacha, et toute la contrée de Cennéroth, c’est-à-dire toutes les terres de Nephthali ». III Reg., xv, 18-20 ;

II Par., xvi, 2-4. Cette puissante diversion sur la frontière nord d’Israël força Baasa d’abandonner ses conquêtes temporaires’dans la partie septentrionale de Juda. Mais une telle alliance, conclue avec un roi païen, déplut à Dieu, qui par la bouche d’un prophète adressa de graves reproches à Asa. II Par., xvi, 7-9.

Le prophète Élie reçut un jour du Seigneur l’ordre d’aller à Damas et de sacrer Hazaël roi de Syrie. III Reg., xix, 15. Cette mission ne fut remplie que plus tard, et par Elisée, IV Reg., viii, 7-15 ; mais le prince syrien n’en fut pas moins dès lors désigné comme le futur instrument des vengeances divines, III Reg., xix, 17, et son glaive devait, en effet, être terrible pour le royaume d’Israël. Cf. IV Reg., viii, 28-29 ; x, 32-33 ; xiii, 3. Cependant Samarie, à peine fondée par Amri, avait vu un de ses quartiers occupé par les Syriens, sous le successeur de Bénadad I", dont le nom est inconnu. III Reg., xx, 34. Bénadad II vint l’assiéger, sous Achab, avec trente-deux dynastes, ses vassaux, et une nombreuse armée. Vaincu, il recommença la guerre un an après ; mais, battu de nouveau et fait prisonnier à Aphec, il sut fléchir son vainqueur et en obtenir une paix honorable. Entre autres conditions, il proposa de lui rendre certaines villes enlevées précédemment, et lui permit « de se faire des places publiques dans Damas », c’est-à-dire probablement d’y occuper, pour le commerce, certains emplacements ou des rues qui appartiendraient en propre aux Israélites. Achab accepta ses propositions avec une étonnante légè-> reté, sans consulter celui qui lui avait donné la victoire.

III Reg., xx. Peut-être cependant le roi d’Israël, alors inquiet des progrès menaçants de la puissance assyrienne, et en particulier des excursions d’Assurnasirabal sur le littoral de la Méditerranée, était-il bien aisé de ménager le roi de Damas, qui devait servir de rempart à son royaume contre les attaques de ces nouveaux ennemis. Si le texte sacré ne nous dit pas que l’alliance fut faite dans ce but, cela résulte des documents assyriens. Bénadad II régnait quand Salmanasar II monta sur le trône d’Assyrie. C’était le plus puissant prince à l’ouest de l’Euphrate ; la ligue dont il était le chef comprenait douze rois, parmi lesquels Irkulini de Hamath et Achab d’Israël. Cette confédération entreprit d’arrêter le monarque de Ninive dans sa marche triomphante vers l’occident. Celui-ci nous raconte, dans une inscription, la victoire qu’il remporta sur elle. Voici ce qu’il dit sur Damas et Israël : « 90. …Il réunit à son secours 1200 chars, 1200 cavaliers et 20000 hommes de Benhadar « 91. de Damas (du pays d’imeriiu), 700 chars, 700 cavaliers et 10000 hommes d’Irkulini de Hamat, 2000 chars et 10000 hommes d’Achab « 92. d’Israël (Sirlaai), etc. « 95. …Ces douze rois ensemble se liguèrent… « 97. …De Karkar à Gilzau j’achevai leur défaite : 14000 hommes « 98. de leurs troupes je tuai. »

Cf. Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. 8 ; Kurkh Monolilh, Reverse, 1. 78-102 ; E. Schrader, Die