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DALMANUTHA — DALMATIN


gué voisin s’appelle Makhâdet ed-Delhamîyéh. Md’ad est plus loin vers le midi, au delà de VOuâdî el-Egseir, « vallée du petit château, » à environ sept kilomètres à’Ed-Delhamîyéh et à deux ou trois kilomètres du Jourdain. On y trouve un sanctuaire musulman, appelé Seikh Mâ’ad, et tout près, à la Khirbet es-Sâkhinéh, Schumacher a trouvé des restes de sépultures juives, des grottes avec kokim ou tombeaux en forme de four. Voir Schumacher, Pella, Londres, 1888, p. 73. Victor Guérin, dans son voyage de 1875, dit que Ed-Delhamîyéh « s’élève sur une colline, tout près de la rive gauche du Jourdain. Les maisons sont bâties en pisé et avec de menus matériaux, et la plupart sont surmontées de huttes en roseaux ». Galilée, t. i, p. 284. Mâ’ad alors était abandonné depuis quelque temps. Il ne formait qu’  « un petit groupe d’habitations », également situé sur une colline, près du oualy (sanctuaire) que nous venons d’indiquer. Galilée, t. i, p. 287. — Le tombeau de Seikh-Ma’ad était connu des auteurs du moyen âge. P. Lagrange, dans la Revue biblique, 1895, p. 508.

Le nom de Mâ’ad se rattache sans difficulté à la forme grecque MayocSâv. D’abord le y correspond souvent à un’aïn hébreu. La finale etv peut représenter un on hébreu, qui a pu disparaître, comme il a disparu dans Beth-Jfôrôn = Beit’Ur. Peut - être nous avons à faire tout simplement au mot hébreu ma’âdan ou ma’âdân, « délices, endroit délicieux. » Si le’aïn de cette racine avait chez les Hébreux la prononciation dure qu’il a retenue en arabe (gadana avec gain), le y grec serait parfaitement clair. — Quant à la transition de Dalmanutha en Ed-Delhamîyéh, il n’y a rien de bien certain à dire, puisque la dérivation et même la forme primitive sémitique du mot ne sont pas claires. Toujours est-il que les deux noms présentent les trois consonnes fixes dans le même ordre, et suivis d’une terminaison dissyllabique, dont la première appartient à certains noms féminins araméens, la seconde à certains adjectifs féminins arabes. Le h arabe peut être original, puisque cette consonne disparaît fréquemment dans la transcription grecque. Si le mot primitif est composé, le h peut représenter l’article hébreu. Dal hammenât pourrait être : « la porte de la portion [de l’héritage]. » D’un autre côté, le h arabe peut s’expliquer aussi comme l’effet d’une étymologie populaire, rattachant le nom ancien à l’arabe delham, « loup, » ou le conformant à l’autre Delhamiyéh, située près de VOuâdî homonyme dans le Djaulan occidental, au sud-est d’El-Qouneitra. — Ajoutons qu’Eusèbe, au IVe siècle (Onomasticon, 2e édit. deLagarde, p. 141. 282), nous parle d’un district du nom de MayeSaviî, Magedena, qu’il place près de Gérasa, évidemment beaucoup trop loin du lac de Tibériade pour qu’on y cherche le Magadan de saint Matthieu. Si au lieu de Tepaaâv on pouvait lire TaSapocv, nom de la ville célèbre qui dominait la partie de la vallée du Jourdain dont nous venons de parler, tout s’expliquerait. C’est ainsi, on le sait, que les ra8ap7|vot de saint Matthieu, viii, 28, sont dans plusieurs sources critiques devenues des Tepoto-rivoi. — En somme, sans résoudre tous les problèmes de détail, cette dernière opinion semble la plus probable.

J. VAN KaSTEREN.

    1. DALMATIE##

DALMATIE ( Aa/^arfa), province de l’empire romain, située au nord-est de la mer Adriatique. Saint Paul, II Tim., IV, 10, dit qu’il a envoyé Tite en Dalmatie. C’est probablement pendant la seconde captivité de saint Paul que fut écrite la seconde Épltre à Timothée, et par conséquent pendant cette captivité ou un peu auparavant que Tite fut envoyé en Dalmatie. La Dalmatie faisait partie du groupe des provinces comprises dans Vlllyricum. Tacite, Hist., i, ii, 76, etc. Saint Paul, Rom., xv, 19, dit qu’il a prêché l’Évangile jusqu’à I’Illyrie. S’est-il arrêté à la frontière ou a-t-il pénétré dans le pays ? Nous l’ignorons.

La Dalmatie est très accidentée ; elle est divisée en

deux parties par la chaîne de l’Adrius, qui court parallèlement à la mer. La côte est coupée par des rades nombreuses et sûres. Le sol, qui eût pu être fertile, était peu cultivé par les habitants, qui se livraient à la piraterie. Ils ne se servaient pas de monnaie, et faisaient un nouveau partage des terres tous les huit ans. Ce pays fut un de ceux que les Romains eurent le plus de peine à conquérir. Strabon, VII, v, 5 et 10. Ils y apparurent pour la première fois en 229 avant J.-C. Polybe, ii, 12 ; Appien, IUyric, vu. Mais on ne trouve des traces certaines de l’existence d’une province d’IUyrie que vers les derniers temps de la république. César en fut gouverneur en l’an 59 avant J.-C. Dion Cassius, xxxviii, 8 ; Suétone, Cœsar, xxii ; César, De bell. gall., ii, 35 ; v, 1 et 2. Octave se fit donner cette province en 40. Dion Cassius, xlviii, 28. Eu 27, elle fut attribuée au sénat et gouvernée par un proconsul. Dion Cassius, Lin, 12 ; liv, 20. Corpus inscript. latin., t. iii, n° 2973. Aussitôt après Auguste, la province d’IUyrie reçut le nom de Dalmatie. Dion Cassius, xlix, 36 ; Tacite, Annal., iv, 5 ; Josèphe, Bell, jud., II, xvi. La Dalmatie eut pour gouverneur un légat propréteur de rang consulaire. Suétone, Claude, xm ; Tacite, Annal., xa, 52 ; Hist., ii, 36 ; Corpus inscript. latin., t. iii, n # " 2908, 4023 ; J. Marquardt, Organisation de l’empire romain, trad. franc., t. ii, p. 178, n. 1. Le légat résidait à Salonæ aujourd’hui Spalato. Corpus inscript. latin., t. iii, n os 1985, 2075. Il y avait peu de villes en Dalmatie. Auguste brûla celles qui existaient. Ses successeurs y fondèrent cinq colonies romaines : Épidaure, Narone, Salon », jEquum et Jader. Pline, H. N., iii, 141-143 ; Corpus inscript. latin., t. iii, n « 1933, 2026, 2909, 2932. Saint Jérôme était originaire de Slridon, ville située sur la frontière de Dalmatie. — Voir A. Poinsignond, Quid prescipue apud Romanos adusque Diocletiani tempora Illyricum fuerit, in-8°, Paris, 1846 ; IL Cons, La province romaine de Dalmatie, in-8°, Paris, 1882 ; Th. Mommsen, Corpus inscript. latin., t. iii, p. 278 ; J. Marquardt, L’organisation de l’empire romain, trad. franc. (Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel des antiquités romaines, t. îx), in-8°, Paris, 1892, t. ii, p. 171-180.

E. Beurlier.

1. DALMATIN Antoine, prédicateur protestant, né en Dalmatie, et propagateur du protestantisme à Ljubljan (Laibach). Sur l’invitation du baron J. Ungnad, grand promoteur de la réformation dans les pays croates, il s’occupa avec Etienne Istrian à traduire en croate les livres religieux, à Tubingue. En 1566, il quitta le Wurtemberg pour aller à Ratisbonne ; on ne sait pas ce qu’il devint dans la suite. Il traduisit et publia : le Nouveau Testament, Novy Zakon, en écriture glagolitique, en 1562, et en cyrillique, en 1563, à Tubingue ; Postula, ou l’explication des évangiles d’après les écrits des réformateurs. J. Sedlacek.

2. DALMATIN Georges, théologien luthérien, né à Kersko (Gurkfeld), en Carniole, en 1550, mort en 1589. Il fit son éducation à Bebenhausen, près de Tubingue, devint maître d’école protestant et pasteur, en 1572, à Ljubljan, capitale de la Carniole. Il voyagea beaucoup pour propager le protestantisme, et fut curé de la paroisse de Saint-Kancian (Auersperg). Il perfectionna l’orthographe Slovène (croate) avec le primat Trubar et Bohoric, et travailla pour donner aux Croates une version complète de la Bible. Ses écrits sont : Jésus Sirach (Ecclésiastique), en Slovène, Ljubljan, 1575 ; Passion is usih shtirih Euangelistou, « La Passion d’après les quatre Évangiles, » Ljubljan, 1576. Les états de Carniole éditèrent le premier volume de la version Slovène de la Bible, faite par Dalmatin, à Ljubljan, en 1578 : Biblia tu je : Vsega svetiga pisrna pervi dil. La Bible entière fut imprimée à Wittemberg, en Saxe, en 1584 : Biblia tu je vse svetu pismu slovenski talmacenu skuzi Juria Dalmatina (traduite en Slovène par G. Dalmatin). — Voir Schnurrer’s, Slavischer