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DAGON


tombe. Ce travail assyrophénicien montre que Dagôn jouait un rôle important dans les mythes relatifs à la vie future. J. Menant, Glyptique orientale, p. 54, fig. 42. Cf. Clermont-Ganneau, dans la Revue archéologique, 2e série, t. xxxviii, 1879, p. 345. Son culte persista jusque sous la domination perse. La figure de Dagon se retrouve en effet sur l’empreinte d’un cachet apposé à un contrat passé à Babylone, en 500, sous Darius, fils d’Hystaspe. J. Menant, Glyptique orientale, p. 50. M. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. ii, gr. in-8°, Paris, 1897, p. 167, 170, n" 2, appelle le dieu-poisson assyrophénicien : le Baal marin. Dans la cosmogonie chaldéenne, il est souvent question de dieux moitié homme moitié poisson. Bérose, i, dans Eusèbe, Chronic., i, 2, t. xix, col. 109-112 ; cf. Fragm. histor. grsec, édit. Didot, t. ii, p. 496, dit que la première année du monde Oannès sortit de la mer Erythrée. Il avait tout le corps d’un poisson ; mais au-dessous de sa tête de poisson il avait une tête humaine. Des pieds d’homme sortaient de sa queue de poisson. Cet Oannès vivait pendant le jour

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461. — Dagon des deux côtés d’un Ut funèbre.

au milieu des hommes, et la nuit il rentrait dans les flots. Dans le récit qu’il a laissé de la création et que Bérose a recueilli, il est plusieurs fois question d’hommespoissons. Bérose, i, fragm. 6, Fragm. hist. grsec, t. ii, p. 500. Cf. Fr. Lenormant, Essai de commentaire sur Bérose, in-8°, Paris, 1871, p. Il et 12. Les monuments le représentent à peu près tel que le décrit Bérose ; loufois on voit apparaître une queue d’aigle sous la queue de poisson, et la tête d’homme est, pour ainsi dire, coiffée de la tête de poisson. Layard, Discoveries in the ruins of Nineveh, in-8°, Londres, 1853, p. 350 ; F. Lajard, Introduction à l’étude du culte public de Mithra en Orient et en Occident, atlas in-f°, Paris, 1848, pi. xvi, n° 4 ; Ohucfalsch Bichter, ouvr. cité, pi. xcvn. Bérose, i, fragm. 5, Fragm. hist. grsec, t. ii, p. 496, parle d’un autre monstre moitié homme moitié poisson, qu’il nomme’QSâxtiw ou’Oââxuv. Ce nom paraît être celui de Dagon, précédé de l’article grec. D’après Philon de Byblos, ii, 14, 16, dans Eusèbe, Prsep. Evang., i, 10, t. xli, col. 81 ; cf. Fragm. hist. grsec, édit. Didot, t. iii, p. 567, Dagon est le même qu’un dieu phénicien, fils d’Ouranos et de Gê, c’est-à-dire du Ciel et de la Terre, frère d’El, de Kronos, de Baityle et d’Atlas. Kronos se révolta contre Ouranos, et après l’avoir vaincu il donna une des concubines de son père pour épouse à Dagon. Philon ajoute que Dagon s’appelait aussi Siton, parce qu’il inventa la charrue et la culture du blé, et que les Grecs l’honorent sous le nom de Zeus Arotrios. Cette légende est née d’une fausse étymologie du nom de Dagon, qu’on a fait venir du mot hébreu dâgân, qui signifie « blé ». J. Selden, De diis Syriis, in-12, Londres, 1667, t. ii, c. iii, p. 173. Dagon avait pour compagne la déesse Atargatis ou Dercéto, moitié femme moitié poisson, souvent confondue avec Astarthé. Voir Atargatis, 1. 1, col. 1199-1203, et Astarthé, 1. 1, col. 1180-1187. Le couple est représenté ensemble sur un certain nombre de monuments. F. Lajard, Essai sur le culte de Vénus, pi. xxiv, n° 12 ; pi. xxxii, n » la.

II. Dagon dans l’Écritdre. — Il est plusieurs fois question de ce dieu dans l’Ancien Testament. — 1° Lorsque les Philistins se furent emparés de Samson, ils résolurent,

en signe de réjouissance, d’offrir un sacrifice à Dagon, dans le temple qu’il avait à Gaza. Ils firent venir leur prisonnier pour insulter à son malheur. Celui-ci, à qui les forces étaient revenues en même temps que ses cheveux étaient repoussés, ébranla les colonnes du temple et périt sous les décombres, qui écrasèrent aussi les principaux de ses ennemis. Jud., XVI, 22-31. — 2° Au temps de Samuel, les Philistins, après s’être emparés de l’arche, la conduisirent à Azot (voir Azot, t. i, col. 1307-1311) et la placèrent dans le temple de Dagon, à côté de la statue du dieu. lis considéraient, en effet, leur victoire comme un triomphe de leur dieu sur Jéhovah. Le lendemain matin, les prêtres, en entrant dans le temple, trouvèrent Dagon étendu la face contre terre devant

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462. — Dagon assyrien. Bas-relief du Musée du Louvre.

l’arche. Ils le remirent à sa place. Le jour suivant, ils trouvèrent de nouveau la statue du dieu dans la même position ; mais cette fois la tête et les mains étaient abattues sur le seuil, et il ne restait en place que le tronc. A partir de ce jour, les prêtres de Dagon ne foulèrent plus le seuil à l’endroit où était tombé le dieu. I Reg. (I Sam.), v, 1-6. — Un bas-relief du palais de Sargon, à Khorsabad, ’conservé aujourd’hui au Musée du Louvre (fig. 462) (Botta, Le monument de Ninive, t. i, pi. 32 et 34 ; cf. F. Lajard, Introduction à l’étude du culte de Mithra, pi. iii, n" 4), fait très bien comprendre ce qui se passa alors dans le temple de Dagon. On y voit le dieupoisson nageant en avant de la flotte assyrienne. Le haut du corps est purement humain, les cheveux et la barbe sont ceux d’un Assyrien ; il est coiffé d’une sorte de tiare. Le buste est placé verticalement, les bras en avant. La queue est celle d’un poisson, et il n’y a pas de jambes humaines. Elle est placée horizontalement. Le texte hébreu de I Sam. (I Reg.), v, 4, dit qu’il ne restait que dâgôn après la chute de la partie supérieure du corps, c’est-à-dire que la queue de poisson seule resta et que le buste humain tomba. — 3° Après la mort de Saûl, les Philistins déposèrent dans le temple de Dagon, à Azot, la tête et les armes du roi qu’ils avaient vaincu. I Par., x, 10. D’après I Reg. (Sam.), xxxi, 10, ce fut dans le temple des Astaroth, forme plurielle qui désigne le couple des dieuxpoissons Dagon et Atargatis. — 4° Ce temple fut incendié par Jonathas en même temps que la ville. Un grand nombre de Philistins, qui s’y étaient réfugiés, périrent dans l’incendie. I Mach., x, 83, 84 ; xi, 4. — 5° Deux villes de Palestine, l’une dans la tribu de Juda, l’autre dans la tribu d’Aser, portaient le nom de Bethdagon, c’est- à - dire maison de Dagon, parce que ces villes avaient appartenu autrefois aux Philistins et possédaient un temple de leur dieu. Voir Bethdagojj, 1. 1, col. 1668-1071.