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semble sortir des flancs inférieurs de la colline dont les pentes sont couvertes par les ruines du Khirbet Delbéh, et cette source ne fertilise que la vallée au milieu de laquelle est le birket en question. »

3° Une troisième hypothèse, adoptée par les explorateurs anglais, place Dabir plus bas encore, à quatre ou cinq heures au sud-ouest d’Hébron, au village d’edh-Dhâherîyéh. Cf. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, in-8°, Londres, 1889, p. 49. Ce village, situé sur un plateau rocheux, visible d’une assez grande distance dans toutes les directions, occupe une position remarquable. Plusieurs maisons sont bâties avec de beaux matériaux, provenant d’anciennes constructions ; quelques-unes même paraissent dater, soit en totalité, soit seulement dans leurs assises inférieures, de l’époque romaine. On y remarque un ouali construit, du moins en partie, avec des blocs antiques équarris avec soin, et un édifice carré, mesurant seize pas sur chaque face et bâti en belles pierres de taille, avec un soubassement en talus. II renferme plusieurs compartiments voûtés, en pierres fort bien appareillées ; c’est actuellement l’habitation d’un des scheikhs du village. Sur la colline et aux alentours, on trouve de nombreuses citernes, des tombeaux et des pressoirs creusés dans le roc, des caveaux qui servent encore aux besoins des habitants. Ce bourg semble appartenir à la ligne des petites forteresses qui apparemment existaient autrefois le long de la frontière méridionale de Palestine. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 361 ; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. î, p. 211 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 402, 406-407. Cette opinion s’appuie sur les raisons suivantes. — 1° On a cherché un

rapprochement entre les deux noms : <Jo » AUi, Zâheriyéh (doybLô, Dâherîyéh, d’après V. Guérin), et ~ai, Debir, mai, Debir&h. Le premier ne serait-il point une corruption du second ? On peut encore admettre le changement du i, daleth hébreu, en la lettre emphatique arabe jâ, et surtout en dâd ; mais le remplacement du a, beth, par l’aspirée ha est inoins facile à expliquer. Quelques auteurs ont cru trouver une certaine similitude de sens entre les deux mots ; mais leur interprétation nous paraît plus subtile que fondée. Cf. Keil, Josua, p. 88, note 1 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 402. Ce premier argument philologique ne serait donc pas, à notre avis, suffisant pour établir l’identification.

— 2° Le second a, pour nous, une tout autre portée : EdhDhâheriyéh rentre parfaitement dans le territoire où l’énumération de Josué, xv, 48-51, circonscrit le groupe dont fait partie Dabir, et dont nous avons plus haut rappelé les principaux points. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur la carte pour saisir l’exactitude de ce détail, et, quand on connaît l’ordre ordinairement précis qu’a suivi l’auteur sacré dans ses listes, on ne peut guère n’être pas frappé par cette raison. — 3° La position de ce village correspond à l’importance que l’Écriture attribue à l’antique cité chananéenne. La colline sur laquelle il est assis forme le centre d’où partent plusieurs routes anciennes, par lesquelles Dabir communiquait avec les villes qui en dépendaient. Ces routes vont ainsi vers Khirbet Zânoûta (Zanoé) et Khirbet’Attir (Jether) au sud - est ; vers Khirbet Schouéikéh ( Socoth) et Es-Semou’a (Istemo) à l’est ; vers’Anâb (Anab) à l’ouest ; Bir-es-Séba’(Bersabée) au sud, et Hébron au nord, tous chemins fréquentés dans les temps les plus reculés. D’un autre côté, les excavations pratiquées dans le roc sont en Palestine de sûrs vestiges d’antiquité. — 4° La nature du sol représente bien cette « terre desséchée », qui était loin de satisfaire Othoniel et Axa. Jos., XV, 19. Les environs paraissent nus et stériles ; les roches calcaires sortent en larges blocs des flancs et du sommet

des collines, donnant au paysage une teinte blanchâtre. L’eau n’est fournie que par la pluie du ciel : aucune source de quelque importance ; pas d’arbres ; quelques champs de blé seulement au fond d’étroites vallées. Ce terrain n’est guère favorable qu’aux troupeaux, qui y trouvent de bons pâturages. — 5° Mais, dans ces conditions, où placer « les sources supérieures et inférieures » ajoutées par Caleb au patrimoine de sa fille ? Rien n’indique dans le texte sacré qu’elles fussent nécessairement auprès de Dabir. Il suffit de les trouver dans les environs, dans le district montagneux d’Hébron appelé « le midi de Caleb ». I Reg., xxx, 14. Voir Caleb 4. On peut les reconnaître dans VOuadi ed-Dilbéh, dont nous avons déjà parlé, mais en le prenant dans toute son étendue. Il y a là une provision d’eau assez rare en Palestine, et plus extraordinaire encore dans le négéb ou a le midi ». Du haut en bas de la vallée, on rencontre des sources assez abondantes pour représenter la « terre bien arrosée », réclamée par Axa. On en compte jusqu’à quatorze, divisées en trois groupes. Le premier comprend : ’Ain el Mddjour, ’Ain et Fouréidis, ’Ain Abou Khelt, ’Ain Schekhâkh Abou Thôr, et une autre plus petite, ’Ain Abou Saif, sur la pente du Ras et Biâth, au sud de Doura ; le second : ’Ain ed-Dilbéh, ’Aïn el-Hedjari, et trois autres plus petites, situées dans une large vallée et s’écoulant dans le torrent ; la plus forte est’Ain ed-Dilbéh, qui alimente un petit réservoir. L’ouadi, quittant la direction de l’est, tourne au sud et s’avance vers le troisième groupe, composé d’'Aïn et Foûouâr et de trois autres moins importantes. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 302, et la grande carte, Londres, 1880, feuille xxi. Les arguments que nous venons d’apporter nous semblent donner à l’hypothèse une assez grande probabilité. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1875, p. 48-56.

III. Histoire. — L’importance historique de Dabir ne correspond pas à son importance topographique ou à celle qu’elle avait au début de l’histoire israélite ; tout se borne pour elle à cette époque et à la période chananéenne. Ville royale, Josué marcha droit sur elle après la conquête d’Hébron ; « il la prit et la ravagea ; il en fit aussi passer le roi au fil de l’épée avec tout ce qui se trouva dans la place et dans les villes d’alentour, sans y rien épargner. » Jos., x, 38, 39 ; xii, 13. Il extermina les Énacim qui l’habitaient. Jos., xi, 21. Mais, comme cette race de géants était restée encore assez nombreuse dans le pays philistin, à Gaza, Geth et Azot, Jos., xi, 22, il est probable qu’elle reprit possession de l’antique cité, pendant que les Hébreux combattaient les Chananéens du nord. Nous voyons, en effet, Caleb, qui avait obtenu ce territoire en partage, Jos., xiv, 12-15, « marcher vers les habitants de Dabir, appelée auparavant Cariath-Sépher, » et s’en emparer par la valeur d’Othoniel. Jos., xv, 15-17 ; Jud., i, 11-13. Assignée à la tribu de Juda, Jos., xv, 49, elle devint ville sacerdotale. Jos., xxi, 15 ; I Par., vi, 58. Après cela elle tombe complètement dans l’oubli : Eusèbe et saint Jérôme, qui résument son histoire, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 115, 250, ignorent son emplacement. A. Leoendre.

3. DABIR (hébreu : Debir ; on le trouve pleinement écrit dans un certain nombre de manuscrits, cf. B. Kennicott, Vet. Test. heb. cum variis lect., Oxford, 1776, t. i, p. 463 ; Septante : Aacëûv ; Codex Alexandrinus : àaêtlp), ville frontière de la tribu de Gad, à l’orient du Jourdain. Jos., xiii, 26. L’hébreu porte : naib boj-jy, ’ad-gebûl Lidbir, « jusqu’à la frontière de Lidbir ; » on ne saurait, en effet, prendre ici le b, lamed, pour un préfixe ; voir la même locution dans ce chap. xiii, 3, 10, et ailleurs. Mais un copiste n’aurait-il point par erreur répété devant Debir là dernière lettre du mot précédent, gebûl ? Quelques-uns l’ont cru. Cf. E. F. C. Rosenmùller,