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CYRUS


douk ou Mérodach ; bien plus, il fit retourner chaque dieu dans son pays avec ses adorateurs. Voir Records of the Past, nouv. sér., t. v, p. 154 et 167.

Cette autorisation fut sans doute le point de départ de la délivrance des Hébreux ; le texte de la prière babylonienne n’est pas, à la vérité, fort explicite ni même fort clair. D’après Josèphe, Ant. jud., IX, 1, 2, éd. Didot, t. i, p. 398, les prophéties d’Isaïe, montrées à Gyrus, l’auraient rendu adorateur du vrai Dieu et conduit à délivrer les Juifs. L'édit rapporté par Esdras, i, 2, s’explique facilement sans cette supposition : Cyrus parle respectueusement et se donne comme l’adorateur de tous les dieux de ses nouveaux sujets ; peut-être même les Juifs lui

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458. — Tombeau de Cyrus.

avaient-ils facilité la victoire en favorisant les troubles qui signalèrent les dernières années du règne de Nabonide ; enfin l’histoire montre que les Perses renoncèrent définitivement au système politique babylonien de déporter en masses considérables les populations vaincues. Le vainqueur leur donna donc la liberté, l’autorisation do rebâtir le Temple de Jérusalem, et ce qu’on put retrouver des vases sacrés emportés autrefois par Nabuchodonosor.

Le Canon de Ptolémée et un certain nombre d’inscriptions cunéiformes, des contrats d’intérêt privé datés de chacune des années du règne des princes babyloniens, nous apprennent que Cyrus vécut encore neuf ans après la prise de Babylone ; il mourut en 529, laissant le trône à son fils Cambyse. Son tombeau se trouve non à Mourgab, comme on a pu le croire, mais sur le fleuve Cyrus, à Pasargade, capitale de la Perse (fig. 454). Oppert, dans le Journal asiatique, 1872, p. 548, et Académie des inscriptions et belles-lettres, Comptes rendus, 1895, t. xxiii, p. 217 ; Records of the Past, t. vii, p. 89 ; t. ix, p. 67. Hérodote le fait mourir vaincu par Tomyris, reine des Massagètes ; Ctésias croit qu’il périt vainqueur des Derbices ; Lucien le fait mourir dans son palais, de vieillesse et de chagrin : la fin de Cyrus leur est aussi inconnue que ses origines et les détails de son règne.

11. L'Écriture parle fréquemment de Cyrus. — 1° Isaïe,

dans sa partie messianique, le désigne par son nom, et le dépeint surtout comme libérateur d’Israël, xli, 1-4, 25-27 ; xliv, 24-28 ; xlv, 1-13 ; de la sorte, Cyrus devient souvent le type du Messie lui-même, xliv, 28 ; xlv, 1-13. En retour, Dieu lui abandonnera les rois et leurs richesses, xlv, 1-4, et principalement Babylone et son empire, xiii, 19 ; xxi, 1-10 ; xlvi-xlvii. — 2° Jérémie annonce aussi la chute de Babylone, L, 1-li, 64, etc., comme lin des soixante-dix ans de captivité, xxv, 11, 12 ; xxix, 10. Les Mèdes, les Susiens, les Élamites, les Arméniens et d’autres encore sont nommés comme ses auxiliaires par l’un ou l’autre prophète ; mais ni l’un ni l’autre ne prononce le nom des Perses. Il faut remarquer que nous n’avons de Cyrus aucune inscription où il prenne lui-même ce titre ; il s’appelle, ainsi que ses prédécesseurs, roi d’Ansan, ville et localité de la Susiane ou de l'Élam. Kabonide lui donne le même titre dans les commencements ; il ne l’appelle roi de Perse qu’en 547, la neuvième année de son propre règne. Cela a fait penser que Cyrus n'était pas d’origine perse proprement dite, et aurait conquis seulement vers cette époque la Perse propre. Sayce, Records of the Past, nouv. sér., t. v, p. 146-152, p. 160, note 8. Il faut avouer cependant que Darius, dans son texte de Naksch-i-Roustan, prend le titre de « Perse, fils de Perse, Aryen de race aryenne ». Or Darius descendait d’Achémènes et de Téispes comme Cyrus. De plus, tous les noms des deux lignées sont aryens et non pas élamites. Il semble donc préférable d’admettre avec M. Oppert qu’Ansan était une localité perse. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 1886, p. 5 ! >3 ; Mélanges Renier, Amiaud, Cyrus, roi de Perse, p. 241260 (Biblioth. de l'École pratique des hautes études, fasc. lxxiii) ; Oppert, Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles - lettres, t. xxiv, p. 129. On a soulevé également des doutes sur la nationalité d’Astyage et de ses Mèdes : les textes cunéiformes les appellent Manda, et non Madâ, les Madaï du texte hébreu, les Mèdes proprement dits. M. Sayce, Records, t. v, p. 152 ; t. iii, p. xiii, voit dans les Manda des tribus scythes, qui ravagèrent l’Asie à cette époque. — 3° Daniel est mis en relation avec Cyrus, I, 21 ; vi, 28 ; x, 1. Ce prophète mentionne les Perses, mais il fait précéder leur nom de celui des Mèdes, tandis que les texles perses mentionnent toujours les Mèdes les derniers. — 4° Enfin II Paralipomènes, xxxvi, 22, et I Esdras, i, 1-11 ; vi, 1-15, rapportent l'édit de Cyrus qui mit fin à la captivité.

Voir H. Sayce, The Inscriptions relaling to the risc of Cyrus, dans les Records of tlie Past, nouv. sér., t. v, p. 144 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes en Assyrie, 6 G édit., t. iv, p. 405 et 345 ; E. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. iii, part II, 120, 128 ; 98-99 ; Beitrâge zur Assyriologie, 1894, t. ii, p. 218, 248 ; Th. Pinches, On a cuneiform Inscription relating to the capture of Babylon by Cyrus, dans les Transactions of the Society of biblical Archseology, 1882, t. vii, p. 139-176 ; Proceedings de la même société, 1882, t. v, p. 7 ; Schrader-Whitehousc, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, 1888, t. ii, p. 59-61, 66-67 ; The cuneiform Inscriptions of the Western Asia,

t. v, pi. 64 et 35.

E. Pannier.