Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/618

Cette page n’a pas encore été corrigée

USE

CYRILLE D’ALEXANDRIE (SAINT) — CYRINCTS

1186

dogmatique et polémique ; il a cependant marqué sa trace dans l’exégèse. Dans ce genre de travaux nous avons de lui : 1° Les dix-sept livres Ilepi x ?, s h uvs-Jiicm xai i.lrfîii’f irpoc/.’jv^o-Ew ; xac laToeïa ; . Patr. gr., t. lxviii. Ce traité est un commentaire étendu des deux textes bibliques : Non veni solvere legem, sed adimplere, Matth., v, 17, et In spiritu et veritate Deum ac Patrem oportat adorare, Joa., iv, 24. Comme supplément à cet ouvrage, Cyrille écrivit les D.ïçupi, t. lxi, col. 1-678 : ce sont des commentaires choisis sur certains passages du Pentateuque. Il veut y prouver qu’à travers tous les écrits mosaïques est figuré le mystère du Christ et de son Église, suivant cette parole de saint Paul : Finis Legis est Christus. Rom., x, 4. Daus ce traité Cyrille a commenté selon l’ordre de l’histoire sacrée, depuis Adam jusqu’à Josué, les endroits des livres mosaïques qui lui paraissaient les plus propres à établir cette thèse. Les D.ocyjpi sont divisés en treize livres ; les sept premiers expliquent des textes de la Genèse, les trois suivants s’occupent de l’Exode, le XIe du Lévitique, les deux derniers des Nombres et du Dcutéronome. Ces deux ouvrages de saint Cyrille comptent sans contredit, par la richesse des développements, l’originalité des conceplions et la mesure de l’expression, au nombre des œuvres les plus remarquables de l’école typologicoallégorique de la patristique chrétienne. — 2° Viennent ensuite deux commentaires, ir r fqviç. ÛTtoijivripiaTtjiïi, sur Isaïe, t. lxx, et sur les douze petits Prophètes, t. lxxi et lxii, col. 9-364. — 3° Saint Cyrille a aussi interprété les Psaumes, bU toùç <|"<X|i, 0’JC, t. lxix, col. 699-1274. On pense même qu’il a expliqué complètement le livre des Psaumes, s’il faut en croire ce qu’il dit dans le prologue ; mais dans ce qui nous reste de ce traité, l’exposition s’arrête au Psaume cxix ; de plus, il manque l’explication des Psaumes xxviii (ꝟ. 53-56), lxxxjv, lxxxvii, lxxxix, en, cv-cvin, cx-cxii, cxv, cxvi.

— 4° Nous possédons encore de Cyrille un commentaire sur l’Évangile de saint Jean, lp|iviveix ï| ûn6p, vn[ia e’iç xo y.ati’Iwavvï|V E-JaYyéXiov, t. lxxiii, lxxiv. Ce commentaire comprenait originairement douze livres ; mais des livres vu et viii, qui contenaient l’explication des chapitres x, 18, à xii, 48, il ne reste aujourd’hui que quelques fragments. — 5° Cyrille a fait également l’exégèse de l’Évangile de saint Luc, è^^YT T’ï E -î T ° "’- « T ôc Aouxav vja.-(-(iiQ’i, t. lxxiii, col. 475-950. Le texte grec de ce traité renferme de grandes lacunes ; mais la version syriaque publiée en 1858, par R. Payne Smith, est beaucoup plus complète. Voir Sancti Cyrilli Alexandrini archiepiscopi Commentarii in Lucee Evangelium quee supersunt syriacxe manuscriptis apud Musseum Britannicum edidit R. Payne Smith, Oxford, 1858, et À Commenta )^ upon the Gospel according to S. Luke, bij S. Cyril, patriarch of Alexandrin. Now first translated into English froni an ancient Syriac Version by R. Payne Smith, 2 in-8°, Oxford, 1859. — 6° Cyrille a aussi commenté l’Évangile de saint Matthieu, t. lxxii, col. 365-471 ; mais cette œuvre ne nous est parvenue que dans un état assez frusle. L’ensemble des fragments porte cependant sur tous les chapitres de l’Évangile, à l’exception du chapitre xx. — Outre ces grands ouvrages exégétiques, on possède encore de saint Cyrille plusieurs fragments : 1° pour l’Ancien Testament sur les livres des Rois, le cantique de Moïse (Exod., xi, 1 ; Deut., xxxii), les Proverbes, le Cantique des cantiques, Jérémie, Baruch, Ézéchiel et Daniel, t. lxix, col. 079-698, 1274-1294 ; t. lxx, col. 1451-1454 ; 2° pour le Nouveau Testament sur les Actes des Apôtres, les Épitres de saint Paul aux Romains, aux Corinthiens (I et II), aux Galates, aux Colossiens et aux Hébreux ; sur TÉpître de saint Jacques, TÉpitre I et II de saint Pierre, l’Épîlre I de saint Jean et l’Épitre de saint Jude, t. lxxiv, col. 758-1024.

J. VAN DEN GHEYN.

2. CYRILLE DE JÉRUSALEM (Saint) commença à prêcher ses catéchèses vers l’an 318. C’est la première date


que nous possédions sur sa vie, encore n’estelle pas absolument certaine. Il fut ordonné prêtre, probablement vers 343, par l’évêque Maxime de Jérusalem, auquel il succéda sur le trône épiscopal, en 348. Trois fois il fut banni de sa ville épiscopale par les schismatiques : de 357 à 359, de 360 à 362, et de 367 à 368. Il mourut en 386. Son œuvre principale fut ses dix-huit catéchèses. On ne lui connaît qu’une seule homélie exégétique : ’0|ii).tx Et ; TÔv TCap « ), jTiy.ov ~ov ett xr t v y.oXufiëiqôpïv. Patr. gr., t. xxxiii, col. 1131-1154. C’est une explication littérale du chapitre v de saint Jean. II n’est pas inutile toutefois de signaler l’ensemble de la doctrine de saint Cyrille sur l’Écriture Sainte. Pour lui, elle est la source de toute révélation (Cat., iv, 17 ; v, 12 ; xi, 12 ; xii, 5, 16 ; xiii, 8 ; xvi, 2, 32 ; xvii, 1), non pas selon la théorie protestante, ainsi que l’a prétendu Rivet, Critica sacra, lib. iii, c. ix, mais comme fondement de discussion avec les Juifs et les hérétiques. Le passage sur le Canon des Écritures (Cat., iv, 33-36) est célèbre. Cf. Kaulen, Einleitung in die heilig. Schrift, Fribourg, 2e édit., 1884, p. 23, 33, et Cursus Scripturse Sacrse, Paris, 1885, t. i, p. 94, 95. Comme saint Athanase, saint Grégoire de Nazianze, saint Jérôme et d’autres Pères, saint Cyrille exclut tous les livres deutérocanoniques, à l’exception toutefois de Baruch. Saint Cyrille professait donc lui aussi un respect exagéré pour le canon des Juifs. Il fait d’ailleurs usage, de même que saint Athanase et saint Grégoire de Nazianze, des deutérocanoniques, et les allègue comme Ecriture. Voir col. 150. Il cite l’Ancien Testament d’après la version des Septante, en admettant, sur la foi de la légende d’Aristée, son caractère inspiré. C’était du reste, à son époque, la croyance générale, si l’on excepte saint Jérôme. Sur saint Cyrille de Jérusalem, on peut consulter, outre la dissertation fondamentale du P. Touttée (Migne, Patr. gr., t. xxxiii), les deux ouvrages suivants : G. Delacroix, Saint Cyrille de Jérusalem, sa vie et ses œuvres, Paris, 1865, et J. Mader, Der heilige Cyrillus, Bischof von Jérusalem in seinem Leben und seinen Schriften, Einsiedeln, 1891. J. Van den Gheyn.

    1. CYRINUS##

CYRINUS (Codex Vaticanus : Kupeîvoç ; Sinaiticus : Kupï|vio< ; Alexandrinus : Kïipuvi’o ; ), personnage mentionné en saint Luc, ii, 2, à l’occasion du recensement (àiuoypa^, descriptio) fait en Judée, à l’époque de la naissance de Jésus-Christ.

I. Histoire de Cyrinus. — Son vrai nom latin était Quirinius, comme il résulte d’un passage de Tacite, Ann., m, 48, qui nous renseigne sur son compte : « Quirinius, dit-il, n’appartenait nullement à l’ancienne famille patricienne des Sulpicius ; il était originaire de la ville municipale de Lanuvium. Des talents militaires, quelques fonctions où il montra du zèle, lui valurent le consulat sous Auguste. Depuis, ayant emporté les forteresses des Homonades, en Cilicie, il obtint les honneurs du triomphe. Lorsque Caïus alla gouverner l’Arménie, Quirinius fut son conseil, et n’en cultiva pas moins Tibère, alors confiné à Rhodes. [En demandant après sa mort des funérailles publiques, Tibère] apprit au sénat ces particularités, louant les bons offices du défunt… Mais le public était loin de regretter autant Quirinius, à cause… du pouvoir révoltant que lui donnait son avare vieillesse. » Strabon, XII, vi, 3, parle aussi de Quirinius, à l’occasion de la mort du roi Amyntas, tué par les Homonades. Quirinius fut consul en l’an 742 de Rome (12 avant noire ère), avec M. Valerius Messala, qui mourut pendant sa magistrature. Fasti consulares, dans le Corpus Inscriptionum latinarum, 2e édit., 1. 1, 1893, p. 162. Nous savons de plus par Josèphe, A’nt.jud., XVII, xiii, 5 ; XVIII, 1, 1 ; ii, 1 ; Bell, jud., II, viii, 1, qu’il fut légat impérial dans la province consulaire de Syrie depuis la déposition d’Archélaùs, voir t. i, col. 927, et qu’il fit un recensement en Judée trente-sept ans après la bataille d’Actium, c’est-à-dire l’an 759 de Rome (6 ans après notre ère). Tacite

II. - 38*