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CYPRES

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Or Josèphe, Ant. jud., VIII, II, 7, assure que le bois envoyé dans ce but par Hiram était le bois de cèdre et le bois de cyprès. La même affirmation est faite par Eupolème, cité par Eusèbe, Præp. Ev., ix, 30, 33, t. xxi, col. 748, 752, 753. Toutefois en identifiant le berôs avec le cyprès, il faudrait se garder de le faire d’une façon exclusive. Comme cela arrive pour les dénominations populaires, surtout en Orient (cf. Cèdre, col. 376), sous ce nom de berôs pouvaient être comprises aussi plusieurs autres espèces d’arbres d’apparence semblable : par exemple, certains genévriers. Dioscoride, i, 103, et après

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448. — Oupressus horizontales.

lui Pline, II. N., xxiv, 61, mentionnent le Juniperus sabina, semblable au cyprès, appelé même « cyprès de Crète », et que les Grecs nomment (Îp16u, brathy, nom qui ressemble fort à la forme berôt du nom du cyprès dans Cant., i, 17. Les feuilles de la sabine, dit Tournefort, Voyage du Levant, 1717, t. ii, p. 137, « sont de la tissure du cyprès. » Sans doute le Juniperus sabina n’est qu’un arbrisseau ; mais une espèce voisine, le Juniperus excelsa, est un très bel arbre, qui pousse sur les hauts sommets du Liban et est digne de figurer près du cèdre et des grands cyprès. Cette espèce et quelques autres analogues ont pu être souvent comprises sous la dénomination générale de berôs. Aussi le mot berôs est-il traduit plusieurs fois dans la version arabe par Serbin, en chaldéen par surban, en syriaque par Sarvino, expression qui désigne proprement une espèce de genévrier.

Un livre deutérocanonique, l’Ecclésiastique, parle expressément du cyprès dans deux comparaisons. Dans la première, la Sagesse se compare au cèdre du Liban et au cyprès de l’Hermon (grec : 'Aepjjiwv ; Vulgate : « Sion » ). Eecli., xxiv, 17. Dans la seconde, Eccli., l, 11, le grand prêtre Simon, fils d’Onias, montant au saint autel dans tout l'éclat de ses vêtements sacerdotaux, est comparé au cyprès qui s'élève vers le ciel. Mais quel mot hébreu le petit-fils de Jésus, fils de Sirach, rendait-il par xurcipiTcro ; ? La découverte du texte hébreu trancherait la queslion. En tout cas, ce ne serait pas le mot (irzâh, comme on l’a prétendu. Le (irzâh est le chêne vert. Cf. col. 654.

2° Emploi. — Le bois de cyprès était très recherché comme bois de construction, à cause de sa dureté, de son odeur aromatique, et parce qu’il est presque incor ruptible. Vitruve, ii, 9 ; Pline, H. N., xvi, 79. Ce dernier auteur ajoute au même endroit que les portes du célèbre temple de Diane, à Éphèse, étaient de cyprès. « Après quatre cents ans, dit- ii, elles sont comme neuves. » Cf. Athénée, Deipnosoph., v, 207. On employa ce boispour le plancher du Temple, III Reg., vi, 15 ; les deux lsattants de la porte d’entrée, III Reg., vi, 34 ; les lambris du palais de Salomon. II Par., iii, 5 ; Cant., i, 17. C’est au Liban que Salomon avait fait couper ces cyprès en même temps que le bois de cèdre. III Reg., v, 8, 10 (hébreu, 22, 24) ; II Par., ii, 8. C’est là aussi que s’approvisionnaient les rois d’Assyrie et de Babylone. Is., xiv, 8 ; xxxvil, 24. Les inscriptions assyriennes nous apprennent que Salmanasar II faisait lui aussi apporter, 'if 'érin et K is burâsu, « du bois de cèdre et du bois de cyprès ; » c'était, il est vrai, du mont Amanus, couronné comme le Liban de forêts de cèdres et de cyprès ; une des montagnes voisines même s’appelait Sad burâsu, « montagne des cyprès. » E. Schrader, Die Keilinschriften und das Allé Testament, in-8°, Giessen, 1883, p. 388. Pour le Liban, les inscriptions signalent souvent à côté du cèdre le bois de surman ou Survan, 'is survan, que les rois de Ninive exigeaient en tribut et faisaient couper pour la construction de leurs palais. Cuneiform Inscinptions of Western Asia, 1. 1, pi. xxviii, col. 3, pi. 45. Dans une liste géographique, le Liban est même signalé comme le pays du Survan. Cuneiform Inscriptions, t. ii, pi. 51, col. 5. Plusieurs assyriologues traduisent Survan par « cyprès » ; cependant celui-ci a déjà son nom en assyrien, burâsu. Déplus, survan semble bien l'équivalent de serbin, nom que les habitants du Liban donnent non pas au cyprès, appelé serou, mais à plusieurs espèces de genévrier. C’est l’arbre nommé apx6'j60ç par les Septante. Ose., xiv, 9. Cf. Dioscoride, l, 103. Le bois des gros genévriers est presque semblable à celui du cyprès et peut être employé aux mêmes usages. Les Assyriens pouvaient facilement comprendre sous le même nom de Survan, avec le genévrier, plusieurs espèces de cyprès. Les genévriers et les cyprès, comme les cèdres, sont devenus assez rares sur le Liban : les rois de Tyr, de Jérusalem, de Ninive et de Babylone, Alexandre et les Romains ont fait tant de coupes sans se préoccuper de la reproduction ! Cependant les voyageurs signalent encore çà et la de beaux bois ou bosquets de cyprès. Van de Velde, Narrative ofajourneij through Syria and Palestine, 2 in-8°, Londres, 1854, t. ii, p. 475. — Ce n’est pas seulement à la construction des temples et des palais que sert le cyprès, mais aussi à celle des navires. D’après Ézéchiel, xxvii, 5, la charpente et les parois des vaisseaux de Tyr étaient en cyprès de Sanir, c’est-à-dire de l’Hermon, et les mâts en cèdre du Liban. Le texte grec renverse l’ordre de l’hébreu : le gros œuvre était en cèdre, les parois en cyprès et les mâts en sapin. Le cyprès a été plus d’une fois employé à la construction des vaisseaux. La flotte qu’Alexandre fit construire à Babylone était en cyprès. Arrien, Anabas., VII, xix, 3, édit. Didot, p. 194 ; Strabon, XVI, i, 11. — D’après Nahum, ii, 4 ( hébreu)< le cyprès aurait été employé à faire des lances. « Les cyprès (pour les lances faites de cyprès) sont brandis. » Ou trouve bien le frêne et le pin pour cet usage, Homère, Iliad., 162 ; Hésiode, Scut. Hercul., 188 ; Stace, Thebaid., vi, 102 ; Virgile, JEneid., xi, 667 ; mais le cyprès paraît moins convenir. Les Septante, au lieu de beroSîm, ont lu pdrâsîm, initeîî, par le simple changement du 3, beth, en s, phé. « Les coursiers s’agitent d’effroi : » ce qui va mieux avec le verset suivant. — Le texte hébreu actuel, Il Reg., vi, 5, dit aussi qu’avec du cyprès on avait fabriqué toutes sortes d’instruments de musique. Mais plusieurs des instruments compris dans l'énumération, comme les sistres et les cymbales, ne peuvent évidemment être en bois. D’ailleurs le texte parallèle, I Par., xiii, 8, donne le vrai texte et montre la faute de copiste : cnwm ir b :  : . Par suite d’un i, vav, pris pour un >, yod, et réciproquement