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CYMBALE — CYPRE


moyen d’un anneau, d’une anse (fig. 439) ou d’une tige fixée à la sommité extérieure (fig. 440). D’autres fois les cymbales sont, comme l’instrument en usage de nos jours, en forme de plateaux bombés au centre, que l’on tient au moyen d’un cordon passé dans un trou au fond de la capsule. Celles-ci sont d’une sonorité plus douce que les épaisses cymbales hémisphériques. On les frappe horizontalement, et celles qui sont pourvues d’un manche, verticalement. Josèphe, Ant. jud., VII, xii, 3, nous apprend que les cymbales employées dans la musique du Temple étaient de « grandes cymbales d’airain plates et larges ». Maimonide, Kelé hammiqdaé, c. iii, d’accord en cela avec les représentations monumentales, dit qu’on limitait le nombre de ces grosses cymbales dans la musique sacrée. Dans Ugolini, Thésaurus, t. xxxii, col. ccccxcrv. — Les Orientaux font usage de petites cymbales de bronze, qu’ils

— Danseuse Jouant des cymbales. Peinture d’Herculanum. D’après les Antichità di Ercolano, t. i, pi. 115.

joignent aux grelots et aux castagnettes pour accompagner la danse. V. Villotteau, De l’état actuel de l’art musical en Egypte, dans la Description de l’Egypte publiée par ordre du gouvernement français, t. xiv, an VII, c. v, p. 696. Mais la Bible ne fait pas d’allusion expresse à cet emploi de la cymbale. — Certains hébraïsants pensent que le mot mena’ane’îm, traduit dans la Vulgate par « sistre », II Sam. (II Reg.), vi, 5 (voir Sistre), désigne les castagnettes, c’est-à-dire deux petits morceaux creux et ronds de métal ou de bois, qu’on tient entre les doigts. Quoi qu’il en soit du sens de mena’ane’îm, il est probable que les castagnettes (fig. 441) ou les petites cymbales étaient employées dans les danses et les fêtes populaires. — Dans le Nouveau Testament, saint Paul, écrivant à des Grecs qui connaissaient bien cet instrument (fig. 442), tire une comparaison de la cymbale qui résonne et ne s’entend pas elle-même, pour persuader aux Corinthiens, trop admirateurs du don des langues, de rechercher avant tout la charité, qui seule peut rendre ce don utile, et « sans laquelle, dit-il, je ne suis qu’un airain sonore ou une cymbale retentissante ». I Cor., xiii, 1.

J. Parisot.

1. CYPRE (KOwpo ; ), île de la Méditerranée (fig. 443). Le nom de Chypre, fréquemment usité, et par lequel on désigne aujourd’hui cette île, n’est qu’une forme vicieuse dérivée de la prononciation italienne.

I. Description. — Cypre (fig. 444) est située en face de la cote de Cilicie, à la distance de 75 kilomètres et à 93 kilo mètres de la côte de Syrie. Elle a la forme d’un quadrilatère irrégulier hérissé de pointes et terminé dans la direction du nord-est par une presqu’île longue et étroite. Sa plus grande longueur est de 220 kilomètres, sa largeur moyenne de 60 à 80 kilomètres, sa superficie de 9537 kilomètres carrés. Agathe-mère, I, v, 26, dans C. Mùller, Geographici minores, in-8°, Paris, 1855, t. ii, p. 486, la compare à une peau de bœuf. L’ossature de l’Ile est formée par deux chaînes de montagnes calcaires. La plus considérable portait dans l’antiquité le nom d’Olympe, aujourd’hui Troados ou Agios Stavros, haut de 1885 mètres et remarquable par sa forme mamelonnée. Strabon, XIV, vi, 3. L’autre porte le nom de Cerines et n’atteint pas plus de 700 mètres à son point culminant. Entre les deux massifs, s’étend une grande plaine appelée aujourd’hui Messorée ou Messaria. Les principaux caps qui entourent l’île sont, en commençant par la pointe occidentale : le cap Acamas (Saint-Épiphane), surmonté d’une double colline très boisée dans l’antiquité, Strabon, XIV, vi, 2 et 3 ; Ptolémée, V, xiv, 1 ; Pline, H. N., v, 129 ; xxxvi, 137 ; vers le sud, le

443. — Monnaie proconsulaire de Cypre. TI CLAVDIVS CaJSAB AVG. Tète de Claude, laurée, à gauche. - j$.Em K0M1N[I0T IIPOKA]Or AN©rnA[TOY’]. Au milieu du champ ; KTI1PI |] a>N.

cap Drepanum (capo Bianco), le cap Zephyrium, le cap Phrurium, le cap Curias et le cap Pedalium ( capo Greco), en arrière duquel s’élève une colline très haute ; le cap Dinaretum, à l’extrémité nord-est, près duquel se trouvent les quatre petites îles appelées Kleides, c’est-à-dire les clefs de Cypre. Pline, H. N., v, 130. Hérodote, v, 108, désigne ce cap, comme les petites îles, par le nom de Kleides, et Ptolémée, V, xiv, 3, par le nom de Boosura. Le point le plus au nord de l’Ile est le cap Crommyum. Notons enfin le cap Callinusa, au nord-ouest. Strabon, XIV, vi, 3 ; Ptolémée, V, xiv, 1 ; Stadiasmos, 297-318, dans les Geographici minores, édit. Didot, t. i, p. 502504. L’île de Cypre n’a que de petites rivières ; les principales sont le Lycus, qui a son embouchure au nordouest du cap Curias, et le Pediæus. Ptolémée, V, xiv, 2. Les villes les plus importantes étaient sur les côtes : Arsinoë, Paphos ou Néa-Paphos, Phrurium, Palæpaphos, Curium, Limessos, Amathonte, Citium, Salamine, Cerinia, Lapethus et Soli ; à l’intérieur des terres : Cythri, Leucosia, Tamassus et Marium. Strabon, XIV, vi, 3 et 4 ; Ptolémée, V, xiv, 1-4 ; Pline, H. N., v, 128, 132. — Les montagnes contenaient du cuivre, et le nom du métal vient de celui de l’île, œs cyprium ; les mines les plus fameuses étaient celles de Tamassus, d’Amathonte, de Soli et de Curium. Strabon, III, iv, 15 ; XIV, vi, 5 ; Pline, H. N., xii, 131 ; xxxiv, 2, 4, etc. Hérode le Grand afferma ces mines. Josèphe, Ant. jud., XVI, lv, 5. On trouvait aussi çà et là de l’or et de l’argent. Les pierres précieuses de l’île étaient aussi très célèbres. Pline, H. N., xxxvii, 58, 66, 74_, 115, 119, 121, etc. Le climat est à peu près celui de l’Egypte et de la Syrie. C’est surtout au sud des montagnes centrales qu’on éprouve parfois des chaleurs excessives. Dans l’antiquité, Cypre abondait en céréales, en huile, en vins, Strabon, XIV, VI, 5, et en miel. Pline, H. N., xi, 33. Parmi les arbres, le plus célèbre est le