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CUIVRE — CUMIN

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nements en cuivre d’une très haute antiquité (fig. 435). Pour cette exploitation les ouvriers avaient creusé des puits et des galeries souterraines. « Les galeries cheminent droit dans la montagne, basses, mais larges et étayées de loin en loin par quelques piliers réservés dans la masse. Elles conduisent à des salles de largeur variable, d’où elles ressortent à la poursuite des minerais précieux. La turquoise scintille partout, au plafond et sur les parois : les mineurs, profitant des moindres fissures, cernaient, puis détachaient lés blocs à grands coups, les réduisaient en menus fragments, qu’ils broyaient et tamisaient soigneusement, de manière à ne perdre aucune parcelle de la gemme. » G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. i, 1895, p. 357-358. On dirait que l’auteur du livre de Job, xxviii, 1-11, aurait visité ces mines avant de faire ce tableau de l’exploitation du cuivre :

Il y a pour l’argent [une mine] d’où il sort,

Et pour l’or un lieu où on l'épure.

Le fer est extrait du roc réduit en poussière,

Et la pierre fondue donne le cuivre.

L’homme met fin aux ténèbres,

Et jusqu’aux dernières profondeurs il fouille

La pierre cachée dans l’obscurité et l’ombre de la mort.

On ouvre une tranchée loin de toute habitation.

Et oubliés, là où ne vient aucun pied humain,

Ils sont suspendus et se balancent loin des hommes.

La terre d’où sort la nourriture,

Son sein est bouleversé comme par le feu.

Ses roches recèlent le saphir,

Et contiennent la poussière d’or.

L’oiseau de proie en ignore le sentier,

L'œil du vautour ne l’a point vu ;

Les animaux féroces ne l’ont point foulé,

Le lion rugissant n’y a pas marché.

Sur le roc dur on porte la main,

Jusque dans leur racine on retourne les montagnes,

On perce des canaux dans les rochers,

Et l'œil découvre tous les trésors.

On arrête le suintement des eaux,

Et l’on produit au jour ce qui était caché.

Canaux pour l’endiguement des eaux qui auraient envahi la mine, puits et galeries creusés dans le grès, roches frappées à grands coups dont on détache les blocs, que l’on broie et réduit en menus fragments, extraction du mêlai par le feu : tout est indiqué dans ce tableau et semble une peinture de l’exploitation du Sinaï. La substance de couleur bleue appelée ici saphir pourrait, comme le fyesbed égyptien, comprendre les turquoises aussi bien que le lapis-lazuli. Cf. Vigouroux, Les inscriptions égyptiennes des mines du Sinaï, dans Mélanges bibliques, in-12, Paris, 1889, p. 257-279. — Quand les Hébreux furent établis en Palestine, surtout à l'époque des rois, ce n’est pas au Sinaï qu’ils vinrent s’approvisionner en cuivre. Car un siècle après l’Exode ces mines semblent avoir été abandonnées. Mais d’ailleurs la Palestine avait ses mines de cuivre. Deut., viii, 9. Peut-être le cantique de Moïse, xxxiii, 25, fait-il allusion à la richesse en cuivre du territoire d’Aser. Cependant les mines pouvaient bien n'être que dans son voisinage, dans le Liban. En effet, des traces de mines de cuivre autrefois exploitées ont été trouvées dans cette région montagneuse. Il est difficile de préciser la position des villes de Bétah et de Bêrôtai, II Reg., viii, 8 (Tibhaf et Kûn, dans I Par., xviii, 8), d’où David emporta une énorme quantité de cuivre : ce qui suppose des mines dans les environs. C’est peut-être non loin de Baalbek. Cf. t. i, col. 1625, 1645 ; t. ii, col. 743. Il est curieux d’observer que dans le tableau des relations commerciales de Tyr, Ezech., xxvir, où l’on voit toutes sortes de produits apportés dans cette ville par les peuples les plus divers, le cuivre n’est pas mentionné. Et cependant l’or, Ezech., xxvii, 22, l’argent, le fer, l'élain, le plomb, Ezech., xxvii, 12, ne sont pas oubliés. Celte absence des importations du cuivre ne s"explique-t-elle pas parce que les Phéniciens

avaient chez eux, dans le Liban, des mines assez riches ? L’Ionie, Tubal et Mosoch apportaient bien des vases de nehoséf, Ezech. xvii, 14, mais ce devait être des objets déjà travaillés et plus probablement en bronze. Les Phéniciens avaient aussi la facilité d’aller chercher le cuivre dans l'île de Cypre (voir col. 1166), célèbre dans les temps les plus anciens. Homère, Odyss., i, 181 ; Perrot, Histoi ?'e de l’art, t. iii, p. 489. E. Levesque.

CULON. Voir Coulon.

CULTE. Voir Cérémonies, Tabernacles, Temples, Fêtes et Sacrifices.

    1. CULTIVATEUR##

CULTIVATEUR (hébreu : 'ôbéd 'adâmâh, « cullivant la terre, » et autres mots divers indiqués aux différents passages cités ; Septante : yeMpyo ; , etc. ; Vulgate : agricola), celui qui travaille la terre pour lui faire produire des fruits. Les premiers hommes commencèrent à cultiver la terre pour qu’elle leur fournit les aliments nécessaires à la vie, selon l’ordre que Dieu en avait donné à Adam après sa chute. Gen., iii, 17-19. La Genèse nomme expressément comme ayant cultivé la terre Caïn ( 'ôbéd 'adâmâh) et Noé ('îs 'âdâmâh). Gen., iv, 2 ; ix, 20. (Ésaù, Gen., xxv, 27, est dit dans la Vulgate agricola ; mais l’hébreu l’appelle 'îS iâdéh, « un homme qui vit dans .les champs ; » Septante : aypoixoç.) Le premier livre des Paralipomènes, xxvii, 26, nous apprend que David avait mis Ezri, fils de Chelub, à la tête des cultivateurs de ses terres ; le second, xxvi, 10, que le roi Osias aimait la culture et avait beaucoup de laboureurs et de vignerons. Les prophètes font plusieurs fois allusion aux déceptions des cultivateurs, causées par la sécheresse et les intempéries des saisons, Jer., xiv, 4 ; Joël, I, 11 ('ikkârim) ; cf. Deut., xxviii, 15-24, 38-40, 41, etc. ; ils leur annoncent des bénédictions, Jer., xxxi, 24 ; cf. Deut., xxviii, 4-12, ou des malheurs, Jer., li, 23 ; Is., lxi, 5 ; Amos, v, 16 ('ikkar). Lorsque Nabuchodonosor fit emmener les Juifs captifs à Babylone, il laissa dans le pays.d’entre les pauvres, les laboureurs et les vignerons. IV Reg., xxv, 12 ; Jer., LU, 16 (yôgbîm). Le prophète Zacharie, xiri, 5, fait allusion à la simplicité de vie des cultivateurs. Job, xxxr, 39, déclare qu’il n’a jamais fait de peine à ceux qui travaillent la terre. — Le mot yewpyd ; , agricola, s’entend aussi spécialement du vigneron, et c’est dans ce sens qu’il est employé par Notre-Seigneur dans la parabole de la vigne. Matth., xxi, 33-41 ; Marc, xii, 1-2, 7, 9 ; Luc, xx, 9-16 (Vulgate : coloni, Marc, xii, 7, 9 ; Luc, xx, 9, 14, 16 ; cultores, Luc, xx, 10). — Saint Jacques, v, 7, dit que le cultivateur travaille avec patience dans l’espoir que Dieu bénira sa récolte, et saint Paul, II Tim., ii, 6, qu’il est juste que le laboureur qui a bien travaillé soit le premier à jouir des fruits de son labeur. — Les Hébreux étant un peuple de cultivateurs, I Mach., xiv, 8 ; II Mach., xii, 1 ; cf. II Par., xxvi, 10, etc., l'Écriture fait l'éloge de l’agriculture, Eccli., vii, 16, et les auteurs sacrés tirent souvent leurs comparaisons des travaux des champs. Voir t. i, col. 286. Notre-Seigneur leur a emprunté plusieurs de ses paraboles et a comparé lui-même son Père à un cultivateur qui soigne sa vigne, Joa., xv, 1 (yeû>py6ç, agricola) ; d’après la même pensée, saint Paul écrivait aux Corinthiens qu’ils étaient le champ que Dieu luimême cultive (yeiipyiov, agricultura). I Cor., iii, 9. Voir Agriculture, 1. 1, col. 276. F. Vigouroux.

CULTURE DE LA TERRE. Voir Agriculture, 1. 1, col. 276.

CUMIN. Hébreu : karrmwn ; Septante : xOu.ivov ; Vulgate : cyminum.

I. Description. — Herbe annuelle, de la famille des Ombellifères, dont les graines ont été longtemps usitées en médecine pour leur odeur forte, leur saveur amère et