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CUIVRE


col. 1944, le pays du cuivre par excellence dans l’antiquité. Voir Cypre.

I. Identification’et emploi. — En hébreu le cuivre porte le même nom que le bronze, comme cela a lieu en général chez les anciens, t. i, col. 1943. Aussi est-il difficile de décider parfois si dans tel texte de l’Ecriture il s’agit plutôt’du cuivre que du bronze. Cependant, dans certains cas cette distinction peut se faire avec certitude ou au moins avec une grande probabilité. Ainsi, comme le bronze ne se rencontre pas à l’état naturel, il est certain qu’il ne peut être question que du cuivre dans

434. — Hache de guerre en cuivre, trouvée h Tell el-Hésy. D’après F. J. Bliss, À mound of many cities, page 35, fig. 69.

les textes où l’on parle de mines de nehosét. Deut., vin, 9 ; Job, xxviii, 2. De plus, le bronze étant de fabrication assez récente relativement à l’usage du cuivre, il est très vraisembable que les textes les plus anciens ne mentionnent que ce dernier. En Egypte, la fabrication du bronze était encore peu répandue sous la XVIII" dynastie et peut-être même sous la XIXe. C’est l’époque de la sortie d’Egypte. On peut donc conclure que pour le temps qui précéda l’établissement du peuple d’Israël en Palestine, et même jusqu’au règne de David ou de Salomon, les Hébreux n’ont pas connu le bronze, au moins

Num., xxxi, 22, et sur les Chnnanéens. Jos., vi, 24 ; xxii, 8. Pour l’époque de David ou de Salomon ou des temps plus récents, qui ont certainement connu le bronze, le contexte, la nature du sujet, peuvent parfois indiquer que le nehoséf doit s’entendre encore du cuivre. Les sicles d’airain, I Reg., xvii, 5 ; II Reg., xxi, 16 (hébreu), . sont vraisemblablement des sicles de cuivre, semblables aux outen de cuivre, si souvent mentionnés dans les pesées égyptiennes, t. i, col. 1404. On peut en dire autant de la grande quantité de nehoséf que David fit venir des villes de Beté et de Béroth et amassa pour la construction du Temple. II Reg., viii, 8. Le nehosét jeté avec de 1’étain, du fer et du plomb dans la fournaise, Ezech., xxii, 18, est naturellement du cuivre. Même après l’emploi du bronze le cuivre a continué d’être en usage. A Lachis ont été trouvés divers objets de cuivre (fig. 434). IL Mines de cuivre. — Le cuivre était d’une acquisition facile pour les Israélites. Pendant leur séjour au désert, ils avaient à leur portée les établissements miniers des pharaons, au Sinaï.’Dès la fin de la IIIe dynastie (c’est-à-dire plusieurs siècles avant Abraham) jusque vers le temps de Ramsès IX, de la XXe dynastie (c’est-à-dire un siècle après l’Exode), les Égyptiens exploitèrent les mines de l’ouadi Maghara, puis celles de Sarabit el-Khadim et de l’ouadi Rogaita. Les inscriptions gravées sur la pierre dans ces endroits permettent de faire l’histoire de ces établissements miniers. De plus, on en voit encore des traces : restes d’habitations de mineurs, débris de fours, amas de scories, coups de ciseau et marque de la fumée des lampes sur les parois et la voûte des cavernes, fragments d’outils, etc. Ces mines, situées dans la région des grès, contiennent trois minerais de cuivre : des turquoises, des silicates et des carbonates basiques du cuivre. Mais on n’y a retrouvé ni cuivre natif, ni cuivre oxydulé natif, ni sulfure de cuivre. Berthelot, Sur les mines de cuivre du Sinaï, exploitées par les anciens Egyptiens, dans les Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, 17 août 1896, p. 366. Les turquoises faisaient partie des substances bleues auxquelles les Égyptiens donnaient le nom général de hesbed. La chrysocale et la malachite (silicates et car 435. — Fragments de coupe a tond plat en enivre, portant le cartouche du roi Khati Abmérlra. ix « dynastie. Musée du Louvre.

pour l’usage courant. Cet alliage n’a guère pu être importé d’Egypte en Palestine que par les relations commerciales de l’époque de Salomon. Sans doute la Chaldée et l’Assyrie connurent le bronze avant l’Egypte ; mais, par contre, les relations d’Israël avec ces peuples ont été plus tardives. Cf. t. i, col. 1945-1949. Donc le nehosét dont Tubalcaïn forgeait ses instrumente tranchants était du cuivre. Gen., iv, 22. Le nehosét employé dans plusieurs parties du Tabernacle de Moïse et pour divers ustensiles du culte était aussi du cuivre. Exod., xxv, 3 ; xxvi, 11, 37 ; xxvii, 2-4, 6, 10, 17, 19 ; xxx, 18 ; xxxi, 4 ; xxxv, 5, 16, 24, 32 ; xxxvi, 18, 38 ; xxxviii, 2-4, 5-6, 8, 17, 19-20, 29-30 ; xxxix, 39 ; Lev., vi, 21 (Vulgate, 28) ; xxvi, 9. En cuivre était également le serpent dit d’airain. Nnra., xxi, 9. Le cuivre entre avec le fer dans des comparaisons pour exprimer la dureté, l’inclémence, Deut., sxvin, 23 ; la force. Deut., xxxiii, 25. Des lingots de ce métal font partie du butin pris sur les Madianites,

bonates de cuivre), substances vertes, étaient comprises sous la dénomination de mafek. Le fyesbed et le mafek, si souvent rapprochés dans les inscriptions, ont été longtemps exploités dans cette région du Sinaï par les Égyptiens, « en partie pour faire du cuivre métallique, en partie pour être transformés par un procédé particulier en deux couleurs et en deux qualités de verre les plus précieuses. » Lepsius, Les métaux dans les inscriptions égyptiennes, trad. Berend, in-4o, Paris, 1877, p. 41. D’autres égyptologues donnent au mafek un sens plus général encore, et l’appliquent à toutes les combinaisons naturelles du cuivre exploitées dans les terrains cuprifères ; et le Sinaï en a pris dans les inscriptions le nom de pays du mafek. G. Bénedite, La péninside sinaïtique, in-12, Paris, 1891, p. 719 i, 727. Le sceptre en cuivre pur du roi Pépi I er, de la VIe dynastie, conservé au British Muséum, provenait sans doute des ruines du Sinaï, alors en pleine activité. Le Louvre possède aussi plusieurs or-