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CAMP


une sorte de demi-coupole, soutenue par une armature qui paraît formée de deux pièces de bois disposées en x. Le milieu de la tente est à ciel ouvert. On distingue très bien l’aménagement intérieur des tentes des soldats. Ces tentes sont coniques. La toile ou la peau qui les recouvre est soutenue par un mât vertical qui a deux fois la hauteur d’un homme, et d’où parlent des branches disposées comme les baleines d’un parapluie. Aux branches sont suspendus les ustensiles et les armes des soldats. Ceux-ci se livrent à diverses occupations. Les uns sont assis et. devisent, les autres disposent leur couchette ou se livrent à des travaux domestiques Dans l’enceinte fortifiée, en dehors des tentes, sont parqués les chevaux, les bestiaux destinés à la nourriture des soldats et aux sacrifices, et les bétes de somme. On y plaçait aussi les cha riots. Pendant qu’une partie des soldats se reposait, les autres conduisaient les travaux d’approche ou parcouraient la campagne, de façon à intercepter les communications des assiégés avec le dehors. Voir G. Rawlinson, The five great monarchies uf the ancient eastern World, in-8°, Londres, 1862-1867, t. ii, p. 72-74 ; Fr. Lenormantet E. Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, in-4°, Paris, 1887, t. v, p. 60. — 7° Camp des Moabites, alliés des Assyriens. Judith, vii, 8, 11. — 8° Camp des rois grecs de Syrie, I Mach., iv, 18 ; v, 37, 41 ; vi, 32, 51 ; vu, 19, 39 ; ix, 2, 64 ; x, 48 ; II Mach., xiii, 15, etc. Le camp était souvent situé dans la plaine, et sur les collines environnantes les Grecs plaçaient des avant-postes. I Mach., xi, 73. Quand ils livraient bataille, ils laissaient une garde au camp. Jonathas surprit celle qui avait été laissée par Apollonius et qui se composait de mille cavaliers. I Mach., x, 79. Pour dissimuler leur fuite, ils laissaient des feux allumés dans le camp, comme s’ils y étaient demeurés ; c’est par ce moyen qu’ils échappèrent à Jonathas. I Mach., xii, 29.- Dans le camp venaient s’installer, avec les troupes, des marchands d’esclaves qui achetaient les prisonniers. I Mach., iii, 41. Les renseignements que nous donnent les auteurs profanes sur les camps des Grecs sont d’accord avec les indications bibliques. Ces camps étaient parfois de forme carrée, mais souvent ils étaient circulaires. Ce dernier plan était celui des Spartiates. Xénophon, De rep. Laced., xii. Au milieu du camp il y avait une place spéciale pour les armes, un autel et un marché où. les gens du pays venaient vendre des vivres aux soldats. Xénophon, Anab., iii, 2, 1. Le camp n’était pas fortifié, sauf de rares exceptions. Polybe, vi, 42 ; Xénophon, Anab., vi, 5, 1. Outre les avant-postes et les sentinelles, on envoyait des soldats en reconnaissance aux alentours. Anab., ii, -4, 23 ; v, 1, 9 ; vii, 3, 34 ; Cyropédie, iv, 1, 1 ; Mneas, Tactiq., xviii, 22. La nuit était partagée en quatre veilles dont la durée variait suivant les époques de l’année. Arrien, Anabas., v, 24, 2. Cependant quelques savants ont cru que la nuit était divisée en trois veilles seulement, Diodore de Sicile, xix, 38 ; Cornélius Nepos, Eumènes, 9 ; Pollux, i, 70 ; mais le sens de ces passages est douteux. Durant la nuit des feux restaient allumés dans le camp, et Xénophon nous apprend qu’on les éteignait parfois pour tromper, l’ennemi. Anab., vi, 8, 20. Il recommande aussi l’usage où étaient les Thraces d’allumer des feux en dehors du camp. Anab., vii, 2, 18 ; Cyrop., iii, 8, 25. Les ordres étaient communiqués aux soldats par des hérauts ou par la trompette. Anab., ii, 2, 1 et 20 ; iii, 1, 46 ; 4, 36 ; v, 2, 18. Voir G. Pascal, L’armée grecque, p. 84 ; H. Droysen, Heerwesen und Kriegfûhrung der Griechen, p. 89. — 9° Camp romain. Les Actes, xxi, 34, désignent aussi sous le nom de « camp », izxpzLofjXr, (Vulgate : castra), la tour Antonia. Voir Antonia. Celte caserne avait, en effet, la forme régulière d’un camp, c’est-à-dire la forme rectangulaire. Le prétorium (voir Prétoire), comme dans les camps romains, était placé au centre. A l’entour étaient les tentes des soldats, rangées on ligne droite, et dans le cas où, comme ici, il s’agissait d’une

construction permanente, les tentes étaient remplacées par des constructions en pierre. Dans les camps temporaires, les lignes des tentes étaient séparées les unes des autres par des rues, vise, à la fois dans le sens de la longueur et dans celui de la largeur. Le camp était lui-même entouré d’un rempart et d’un fossé. L’ensemble de la fortification s’appelait vallum. Au milieu de chaque côté du carré était une porte. Les portes ainsi que les angles étaient protégés par des tours. La description du camp que fait Polybe, vi, 27-32, s’applique à celui de grandes dimensions, c’est-à-dire qui contenait au moins une légion. La tour Antonia était, au contraire, de dimensions plus restreintes. Elle ressemblait aux camps permanents dont les vestiges ont été retrouvés en beaucoup d’endroits, notamment en Gaule. On le verra aisément en comparant

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38. — Camp de Jublains, près du Mans.

la description de la tour Antonia et le plan du camp do Jublains, près du Mans (fig. 38).

III. Emplois divers du mot « camp ». — 1° Joël, ii, 11, se sert du mot « camp » pour désigner l’armée de sauterelles envoyées par Dieu pour ravager le pays d’Israël. De même, il est question du camp (mahânèh) ou de l’armée des anges, Gen., xxxii, 3 (Vulgate, 2). Cf. I Par., xii, 22 ; Dan., vii, 10. Sous le nom de camp de Jéhovah, l’Écriture désigne les endroits où Dieu se montre, Gen., xxxii, 2 ; et ceux où les prêtres étaient établis. I Par., ix, 19 ; II Par., xxxi, 2. Dans l’Apocalypse, xx, 8, le ciel est appelé « le camp des saints ». — 2° Parmi les comparaisons que la Bible tire des camps, les unes en font ressortir l’ordre merveilleux, par exemple quand l’épouse des Cantiques est comparée à un camp ou à une armée bien ordonnée, Cant., vi, 3, 9 ; vii, 1 ; d’autres en rappellent le bruit, Ezech., i, 24, ou la mauvaise odeur. Amos, iv, 10. L’Ecclésiastique, xliii, 9, compare la lune au fanal qui brille dans le camp. Le grec emploie dans ce passage le mot axeùoc, que la Vulgate traduit par ras caslrorum. — 3° Enfin la Vulgate appelle « camp de Dan », castra Dani, une ville située près de Cariathiarim, dans la tribu de Juda. Jud., xviii, 12. Voir Mahanéii Dan. Elle traduit aussi quelquefois par « camp », castra, le nom propre de Mahanaîm, ville située sur les confins des tribus de Gaa et de Manassé et concédée aux lévites. II Reg., xvii, 21, 27 ; III fieg., ii, 8. Plus communément, saint Jérôme appelle Manaïm cette ville, que plusieurs croient être la localité dont parle la Genèse, xxxii, 2. Voir Maxaï.v. E. Beurlier.