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CRUCHE


afin de pouvoir prendre une gorgée quand on se réveille. Actuellement, on ne manque pas de mettre la gargoulette d’eau à côté de la natte offerte à l'étranger qui reçoit l’hospitalité. Le Bédouin du désert dort auprès de sa cruche d’eau et de sa lance plantée en terre. Cette coutume explique un épisode raconté au premier livre des Rois, xxvi, 7-11. David et Abisaï surprennent Saùl dormant dans sa tente. Abisaï veut tuer le roi ; mais David lui dit : « Que le Seigneur me garde d'étendre la main sur son oint. Prends seulement la lance, qui est à sa tête, et le vase d’eau, et allons-nous-en. » Cf. Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 257 ; Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. ii, p. 98. — Éliézer demande au Seigneur de lui indiquer la future épouse d’Isaac au signe

vaux. On m’avait déjà fait de semblables politesses dans d’autres pays. Mais ici elles me paraissaient particulièrement remarquables, parce que jadis Rébecca, qui a été certainement élevée dans ces contrées, y a eu pour les voyageurs les mêmes attentions. Peut-être même ai-je bu de la source où elle puisait l’eau. » Aujourd’hui encore on donne de l’eau à boire à l'étranger et au voyageur en appuyant la cruche sur la hanche et en l’inclinant (fig. 418). — Le prophète Élie fait remplir trois fois quatre cruches d’eau, et l’on en verse le contenu sur l’holocauste, que consume ensuite le feu du ciel, tandis que celui des prêtres de Baal reste intact. III Reg., xviii, 34. — À Cana, les serviteurs se servent sans doute de cruches portatives pour remplir les six grandes urnes ou cruches

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118. — Jeune fllle du iront Carmel donnant à boire. D’après une photographie.

suivant : « La jeune fille à qui je dirai : Penche ta cruche pour que je boive, et qui répondra : Bois, puis je donnerai à boire à tes chameaux ; c’est celle-là que vous avez préparée à votre serviteur Isaac. » Gen., xxiv, 14. Rébecca répond le plus gracieusement du monde à la demande d'Éliézer. Elle portait la cruche sur son épaule ; elle la descend et l’incline sur son bras pour que le voyageur puisse boire commodément. Puis elle verse le restant de l’eau dans les abreuvoirs, et court au puits en chercher d’autre pour que tous les chameaux puissent boire. Celte scène est tout à fait dans les mœurs de l’Orient, où elle se renouvelle comme à volonté. Cf. col. 117. Niebuhr, voyageur danois, Reisebeschreibung nach Arabien, Copenhague, t. ii, 1778, p. 410, raconte ce qui suit : « Nous trouvâmes sur le chemin d’Orsa à Bir plusieurs puits où les jeunes filles des villages voisins, ou des tribus des Kurdes ou des Tureomans, qui circulaient dans la contrée, abreuvaient leurs troupeaux. À peine les eùmesncus saluées et fûmes-nous descendus de cheval, qu’elles nous apportèrent de l’eau et abreuvèrent aussi nos che de pierre, Xi’Qivai Copiai, qui contiennent chacune deux ; ou trois métrèles (de 78 à 117 litres). Joa., ii, C, 7. — C’est avec une cruche comme celle de Rébecca que la Samaritaine vient au puits de Jacob. Joa., iv, 28. — Enfin, quand Notre -Seigneur veut indiquer à Pierre et à Jean l’endroit où ils doivent préparer la Pàque, il leur dit de suivre un homme qu’ils trouveront à la porte de la ville, « portant une cruche d’eau » (xlpijuov, un vase de terre, lagenam). Marc, xiv, 13.

2° Pour surprendre et vaincre les Madianites au milieu de la nuit, Gédéon emploie le stratagème suivant. Il donne à ses trois cents hommes des trompettes et des torches allumées. Ces torches, de pois ou de résine, sont enfermées dans des cruches vides, pour qu’on n’en puisse pas apercevoir la lueur au milieu des ténèbres. Il est probable qu’un trou était pratiqué au fond des cruches, et que la torche, passant au travers, était facilement tenue à la main. Pénétrant dans le camp des Madianites, les Hébreux brisent leurs cruches, surprennent les ennemis par la lumière des torches et le bruit des trompettes et