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CRÈTE — CREUSET

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une province sénatoriale. Le gouverneur avait Je titre de proconsul et avait sous ses ordres un légat et un questeur. Tacite, Annal., iii, 38 ; Dion Cassius, lvii, 14 ; Corpus inscr. latin., t. x, 1254, 6659 ; t. xiv, 2925 ; Corpus inscr. gr., '2588, 2591, etc. L’ancienne assemblée fédérale ou xoivôv des Cretois fut transformée en réunion destinée à célébrer le culte impérial, sous la présidence d’un crétarque. La capitale fut Cnosse, où Auguste établit, en 36 avant J.]- G., une colonie romaine composée de Campaniens, qui porta le nom de Colonia Julia Nfobilis (?)] Cnossus. Dion Cassius, xlix, 14 ; Zeitschrift fur Numisrnatik, t. vi (1879), p. 12. Gortyne reçut aussi le titre de métropole. R, Cagnat, Année épigraphique 1890, in-8°, Paris, 1891, n° 138.

IV. RAPPORTS DES JUIFS À VEC LES CRETOIS. — La Crète

est mentionnée dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament.

1° Ancien Testament. — 1. Démétrius Nicator revint de Crète dans la terre de ses pères. I Mach., x, 67. En effet, ce prince, pour reconquérir son royaume sur Alexandre Balas, voir Alexandre Balas, avait recruté un corps de mercenaires crétois, avec lesquels il débarqua en Cilicie, en 148 ou 147 avant J.-C. Justin, XXXV, ii, 2 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv (vu), 3. Il conserva ce corps même après avoir dissous ses autres troupes mercenaires. — 2. La lettre du consul Lucius en faveur des Juifs fut envoyée à Gortyne, ville importante de l'île de Crète.

I Mach., xv, 23. Il y avait, en effet, beaucoup de Juifs dans l'île à cette époque, et ce passage montre que leur principale résidence devait être à Gortyne. Voir Gortyne. Josèphe, Ant. jud., XVII, xii, 1 ; Bell, jud., Il, vii, 1, nous dit que le Pseudovlexandre, qu’on supposait fils d’Hérode, trompa les Juifs de Crète en se rendant en Italie. Hérode Agrippa dans sa lettre à Caligula affirme à cet empereur que toutes les îles de la Méditerranée et en particulier la Crète étaient remplies de Juifs. Thilon, Légat, ad Caium, 36. Voir Céréthiens, col. 443.

3° La Crète dans le Nouveau Testament. — 1. Parmi les Juifs présents à Jérusalem le jour de la Pentecôte, lesvctes, II, 11, nomment des habitants de l'île de Crête.

II y a tout lieu de croire que quelques-uns d’entre eux furent au nombre de ceux que saint Pierre baptisa, et qu’ils prêchèrent l'Évangile dans leur pays. Mais, selon la remarque de M. l’abbé Lesêtre, Introduction à l'étude de l'Écriture Sainte, in-12, Paris, 1890, t. iii, p. 466, comme saint Paul avait pour principe de ne rien entreprendre sur le terrain des autres Apôtres, il y a tout lieu de croire que de Corinthe ou d'Éphèse il envoya quelquesuns de ses propres disciples pour évangéliser l'île, ce qui ensuite lui donna tout droit d’y organiser les Églises et d’y établir un évêque. Ainsi que nous le dirons plus bas, le voyage de saint Paul et l'épiscopat de Titè en Crète sont, selon toutes les vraisemblances, postérieures à la première captivité de l’Apôtre. — 2. Dans le voyage que saint Paul fit de Césarée à Rome, pour aller comparaître devant l’empereur, le navire longea la côte sud de l'île de Crète, après avoir passé à la hauteur du cap Salmoné (voir Salmoné), il atteignit Bonsports, près d’Alassa ou Lassea. Voir JDonsports, t. i, col. 1847-1848, et Thalassa. Saint Paul était d’avis de ne pas quitter ce lieu ; mais le centurion ajouta plus de confiance aux avis des officiers du bord, et l’on se remit en mer pour atteindre le port de Phœnicé. Voir PridïNiCÉ. Pendant quelque temps on réussit à se maintenir près de la côte, mais bientôt la tempête emporta le navire vers le sud, jusqu'à Cauda, voir Cauda, col. 350. Act., xxvii, 7-16 et 21. — 3. C’est très probablement après sa délivrance, quand il revint en Asie Mineure, en compagnie de Timolhée et de Tite, que saint Paul s’arrêta en Crète, sans qu’on puisse dire exactement si c’est avant ou après être passé par Éphèse. Il est impos- ] sible, en effet, de placer à un autre moment ce voyage. ! Ce ne peut être pendant la seconde mission de l’Apôtre, car lÉpître à Tite, iii, 13, suppose qu’Apollo est auprès

de celui-ci ; or pendant le séjour de saint Paul à Éphèse, dans la seconde mission, Apollo était dans cette ville. Act., xviii, 24-28. On ne peut répondre à cette difficulté en supposant l'Épître très postérieure au voyage, car saint Paul parle à son disciple comme à un évêque novice dans sa charge. Pendant la troisième mission, saint Paul ne quitta pas Éphèse, au moins pour un temps notable. Act., xix, 9 ; xx, 31. Il ne put donc aller en Crète à ce moment. Enfin pendant son séjour à Bonsports il n’est question d’aucune évangélisation faite par lui. — Saint Paul établit son disciple Tite évêque de l'île de Crète. Tit., i, 5. L'Épître qu’il lui écrivit peu de temps après son installation montre que l’Eglise de Crète avait à souffrir de la part des chrétiens judaïsants. Tit., 1, 10, 11, 14. Cf. Lesêtre, Introduction, t.'iii, p. 465-468.

III. Bibliographie. — J. Meursius, Creta, Rhodus, in-8°, Amsterdam, 1675 ; T. A. B. Spratt, Travels and researches in Crète, 2 in-8°, Londres, 1867 ; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. Em. Ernault, in-8°, Paris, 1887, p. 144-145 ; Ivvan Mûller, Handbuch der classichen Altertums Wissenschaft, t. iii, Géographie, in-8°, Nôrdlingue, 1889, p. 212-219 ; G. F. Schœmann, Antiquités grecques, trad. G. Galuski, in-8o, Paris, 1884, t. i, p. 340-357 ; J. N. Svoronos, Numismatique de la Crète ancienne, accompagnée de l’histoire, la géographie et la mythologie de l'île, i™ part., in-4o, Mâcon, 1890 ; J. Marquardt, Organisation de l’empire romain, trad. P.-L. Lucas et A. Weiss, in-8°, Paris, 1892, t. ii, p. 431-437. E. Beurlier. '

    1. CRETOIS##

CRETOIS (Kpifc, pluriel KpriTec ; Vulgate : Crêtes, Cretenses). — 1° Les Septante traduisent le mot hébreu Kerêfim parle mot Kpï|Te ; , Ezech., xxv, 16 ; Sophon., H, 5, et par le mot Kp^n*], Sophon., ii, 6. Voir Céré THÉENS, Col. 443.

2° Les Crétois, habitants de l'île de Crète, sont mentionnés parmi les Juifs qui étaient à Jérusalem au jour de la Pentecôte et qui entendirent le premier discours de saint Pierre. Act., ii, 11. Voir Crète. — Saint Paul, dans son Épltre à Tite, i, 12, fait allusion à la mauvaise réputation des Crétois, et cite le mot d’un de leurs poètes, qui les appelle : « toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux. » Ces paroles se rencontrent dans le poète alexandrin Callimaque, Hymnus adJovem, 8 ; mais d’après saint Jérôme, Ad Galatas, iii, 1, t. xxvi, col. 347, elles avaient d’abord été dites par Épiménide, philosophe originaire de Crète, qui vivait au VIe siècle avant J.-C. — Les Cretois étaient des soldats très braves. Ils servaient souvent en qualité de mercenaires dans les armées grecques et barbares, Strabon, X, IV, 10 ; Thucydide, vu, 57 ; Xénophon, Anab., III, iii, 6 ; Polybe, IV, lui, 3 ; liv, 6 ; xlv, 1, 3, etc. ; Justin, xxxv, 2 ; leurs archers étaient particulièrement renommés. Tite-Live, xxxvii, 41 ; xxxviii, 21 ; xlii, 35 ; xliii, 9 ; Plutarque, C. Gracchus, 16 ; Appien, Bell, civil., II, xlix, 71. La licence des Cretois, leur avarice, leur fausseté et leur passion pour le brigandage, sont souvent relevées par les auteurs anciens. Éphore, cité par Strabon, X, iv, 9 et 10 ; Aristote, Politic, il, 10 ; Polybe, IV, viii, 11 ; lui, 5 ; VI, xlvi, 2-10 ; VIII, xviii, 4 et 5 ; Josèphe, Contr. Apion., ii, 16 ; Athénée, xm, 76, 78 ; xiv, 2. Les Crétois formaient avec les Cappadocierts et les Ciliciens le groupe auquel s’appliquait le proverbe Tpîa ximra xâxi<TTa, Suidas, au mot y.âmza. Voir Cappadoce et Cilicie. E. Beurlier.

    1. CREUSET##

CREUSET (hébreu : masrêf, de sâraf, « liquéfier ; » et peut-être aussi 'âlil, Ps. xii [xi], 7 (Vulgate : probatum) ; Septante : xi^ivo ; , 80x([ « ov ; Vulgate : ignis, conflatorium), vase de terre réfractaire dans lequel s’opère la coupellation des métaux précieux. Pour cette opération, on met dans le creuset des os calcinés, qui ont la propriété de laisser passer les métaux en fusion, d’absorber les oxydes et de retenir à la surface toutes les scories,