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CRÉMATION DES CORPS — CRÈTE


du peuple sera punie par une si grande mortalité, que les cadavres seront brûlés par les plus proches parents des défunts. Certains crimes étaient punis du supplice du feu. Lev., xx, 14 ; xxi, 9. — Il est dit, II Par., xxi, 19, que Joram, roi de Juda, n’eut pas de funérailles solennelles secundwm morem combustionis, comme s’exprime la Vulgate, ou littéralement, selon l’hébreu : « son peuple ne lui fit pas une combustion selon la combustion de ses pères, » serêfâh kisrêfat 'âbôtàv. Cette même manière de parler se retrouve dans Jérémie, xxxiv, 5. Le prophète prédit à Sédécias qu’il sera enseveli secundum combustiones patrum tuorum, … sic comburent le ; hébreu : « selon la combustion de tes pères, … ainsi on fera des combustions pour toi. » Il ne s’agit pas là de la combustion du corps, comme pourrait le faire croire la traduction de la Vulgate, comburent te, « on te brûlera ; » le texte original porte : « on fera des combustions pour toi, » lâk, c’est-à-dire on brûlera des parfums à tes obsèques, comme on l’a fait pour tes pères. Cet usage de brûler par honneur des aromates à l’enterrement des rois est expressément mentionné II Par., xvi, 14, où on lit que le corps du roi de Juda, Asa, « fut étendu sur une couche remplie d’aromates et de parfums préparés avec soin, et qu’on en fit pour lui (lô) une grande combustion. » Quelques commentateurs, tels que Calmet, Commentaire littéral, Les Paralipomènes, 1712, p. 317, interprètent ce passage en ce sens qu’Asa fut brûlé avec les parfums ; mais cette interprétation ne s’accorde pas avec le texte hébreu, qui dit, non qu’on le brûla, mais qu’on brûla les parfums « pour lui », c’est-à-dire en son honneur. — Nous voyons dans l'Écriture que des parents ianatiques et dénaturés brûlaient leurs enfants en l’honneur de Moloch ou d’autres dieux, Ezech., xvi, 20 ; IVReg., XVII, 31, etc. ; mais cette pratique criminelle n’avait rien de commun avec l’usage de la crémation.

F. VlGOUROUX.

    1. CRESCENT##

CRESCENT ( Kpïjaici’iç, transcription grecque du latin Crescens, « celui qui croit » ), l’un des soixante-douze disciples de Jésus, d’après la tradition, et compagnon de saint Paul, qui dit de lui, II Tim., iv, 10, que ce disciple l’a quitté pour aller en Galatie. Ce mot de Galatie a donné naissance a de vives controverses, parce que ce nom en grec peut désigner la Galatie d’Asie et la Galatie d’Europe, c’est-à-dire la Gaule. Eusèbe, H. E., iii, 4, t. xx, col. 220 ; S. Épiphane, Hœr., li, 11, t. xli, col. 909 ; Théodoret, in II Tim., t. lxxxii, col. 853 ; la glose TaUiav, dans le Codex Sinaiticus, dans le Codex Ephræmi et autres, sont en faveur de la Gaule, et les Églises de Mayence et de Vienne en France le regardent, en effet, comme leur fondateur. On fait néanmoins de grandes difficultés contre cette interprétation. Cf. Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, Saint Paul, art. 52 et note 81, 1. 1, 1701, p. 312, 584-587 ; L. Duchesne, Les fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, in-8°, Paris, 1894, t. i, p. 151-155. Voir Galatie. Les Constitutions apostoliques, vii, 46, Patr. gr., t. i, col. 1050, disent qu’il prêcha la foi en Galatie. Les Grecs célèbrent sa fête le 30 juillet, et les Latins te 27juin.

    1. CRÈTE##

CRÈTE (Kp^xï)), île de la mer Méditerranée, située à la limite méridionale de la mer Egée (fig. 403).

I. Description. — L’ile de Crète est située dans la Méditerranée et forme la limite méridionale de la mer Egée. Sa longueur est de 260 kilomètres ; sa largeur varie entre 12 et 55 kilomètres ; sa superficie est de 8580 kilomètres. Les Turcs l’appellent Krit ou Kirit, mot qui a pour origine le nom grec. L’appellation de Candie, qui lui est aussi donnée, est d’origine vénitienne. Les écrivains de cette république appelèrent ainsi la ville de Khandax, fondée par les Sarrasins, et l’ile elle-même. Une chaîne de montagnes traverse l'île dans toute sa longueur. Au centre s'élève le massif de l’Ida, aujourd’hui Psiloritis. L’Ida est le massif le plus considérable,

mais non le plus haut. Celui de l’ouest, les Leuca orù ou Montagnes blanches, que les Grecs modernes appellent Asprovouna ou Sfakiottiki, à son point culminant, dépasse le précédent de 13 mètres. Les sommets de ces montagnes sont souvent couverts de neige. Le Lassithi à l’est, dont le Dicté des Grecs est un contrefort, atteint 2000 mètres. Strabon, X, iii, 20 ; iv, 4. On ne trouve aucune rivière dans l'île, mais seulement des ruisseaux et des torrents. La côte nord est irrégulière et creusée de golfes profonds. Il y a, par suite, un grand nombre de caps. Les principaux sont, en partant de l’est, le cap Salmonium ou Salmoné, qui forme la pointe de l'île, Strabon, X, iv, 3 ; les caps Dium, Drepanum, Psacum, Corycus, Chersonesus, et enfin le cap Criumetopum, qui forme l’extrémité occidentale delà côte méridionale, en face de la Cyrénaïque. Strabon, X, iv, 5. Au sud on ne remarque qu’un seul golfe important et peu de caps. Citons cependant celui de Lithinos ou Matala. Le sol est en grande partie

403. — Monnaie de la province de Crète, frappée 60us Caligula. TAIOS KAISAP SEB TEPM APX MEr AHM ESOT TUA Tête de Caligula, 4 droite, un sceptre sur l'épaule. — i$. Auguste, entouré de sept étoiles, assis sur la chaise curule, un scabellum sous les pieds, vêtu de la toge, s’appuyant de la main gauche sur un long sceptre, et tenant une patère de la main droite.

schisteux, la température est douce, les eaux sont bonnes et abondantes, la végétation forte et variée. Toutes les cultures y réussissent ; on y trouve notamment du viii, des fruits, de l’huile et de la soie. Les habitants des côtes se livrent à la pêche des éponges. Sa fertilité et sa végétation étaient célèbres dans l’antiquité. Strabon, X, iv, 4 ; Théophraste, Hist. Plant., i, 15 ; ii, 2 et 8 ; iii, 5 ; Pline, H. N., xii, 11, 45, 125 ; xiii, 39, 58, 115, 136 ; xvi, 110, 142, 161, 166, 197 ; xxv, 96, 110, etc. ; Virgile, Mn., xii, 412. Les vins de Crète sont vantés par les anciens. ^Elien, Hist. variée, xii, 31 ; Pline, H. N., xiv, 80 ; Polybe, VI, il a, 4 ; Martial, Epigr., xiii, 106 ; Juvénal, Satir., xiv, 270. Il en est de même de son miel, Pline, H. N., xi, 33 ; xxix, 119, qui joue un rôle dans les fables relatives à Jupiter. Diodore de Sicile, Y, 70 ; Callimaque, Hymn. ad Jovem, 50. Il n’y avait dans l'île aucune bête sauvage, jElien, De nalur. animal., iii, 32 ; v, 2 ; Pline, H. N., viii, 227 ; d’après la légende, les Cretois étaient redevables de ce bienfait à Hercule. Diodore de Sicile, iv, 17. Les principales villes de la Crète étaient, en partant de l’est : sur la côte nord, Itanus, Lasæa, Cnosse, qui s’appela d’abord Karatos, Aptara ou Aptera, Cydonia et Polyrrhenia ; dans l’intérieur des terres, Lyctus, Gortyne et Lappa ; sur la côte sud, Hierapytna. Trois villes moins importantes, Lasæa ou Thalassa, Bonsports et Phœnice, sont citées dans les Actes. Voir Bonsports et Phœnice. II. Histoire de la. Crète. — I. origines de la population de la crête. — La population primitive de la Crète appartenait au groupe des Pélasges ; mais de très bonne heure des émigrants chananéens, venus de Syrie et d’Egypte, s'établirent dans le pays. Les villes d’Itanos et de Carat ou Cairatos, qui devint plus tard Cnosse, furent leurs principales forteresses. Le culte d’Astarté et de Moloch se répandit dans l'île à côté de celui du Zeus pélasgique. L’ancienne population, qui se donna le nom d'Étéocrètes ou vieux Cretois, se réfugia autour de l’Ida. D autres émigrants venus de Fhrygie renforcèrent plus