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CRÉATION — CRÈCHE

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jours un acte de la puissance divine. Le second livre des Machabées a reproduit sans doute le sens reçu du premier verset de la Genèse ; or il a affirmé très certainement le dogme de la création ex nihilo, lorsqu’il a mis -ces paroles dans la bouche de la mère des sept frères martyrisés par Antiochus : « Je vous conjure, mon fils, de regarder le ciel et la terre et toutes les choses qui y sont renfermées, et de bien comprendre que Dieu les a faits de rien, aussi bien que la race des hommes. » II Mach., vil, 28. — D’ailleurs ce dogme est supposé par plusieurs -autres enseignements de la Bible. — 2. La Genèse, i, 1, dit que Dieu créa le ciel et la terre au commencement, -c’est-à-dire, suivant le sens obvie et littéral, au commencement des choses. Or, si cette création fut le commencement des choses, c’est que Dieu seul existait auparavant, et que toutes les créatures ont été tirées par lui -du néant. L'Écriture nous laisse entendre la même vérité, lorsqu’elle enseigne que Dieu et sa sagesse existaient avant aucune créature, Prov., viii, 22-28 ; Ps. lxxxix, 2 ; sjoa., xvii, 5, 24 ; Ephes., i, 4, ou lorsqu’elle déclare que l'éternité n’appartient qu'à lui. Rom., xvi, 26 ; I Tim., i, 17 ; I Tim., vi, 16. — 3. Ce dogme est aussi la conséquence de l’universalité de la création, qui nous a été affirmée plus haut dans les textes qui proclament que toutes les créatures sans exception ont Dieu pour auteur ; car si Dieu n’avait point tiré les créatures du néant, mais qu’il les eût formées d’une matière préexistante, cette matière antérieure à la création n’aurait pas été produite par Dieu. — Cette observation a précisément fourni une objection -contre nous. On lit au livre de la Sagesse, xi, 18, que la main toute-puissante de Dieu a créé le monde de la manière informe, xTfoaaa tov xôap.ov i ànôpyou vXri ; . Cer4ains auteurs en concluent que le rédacteur de ce passage admettait l'éternité de la matière. Mais il est clair que le livre de la Sagesse fait ici allusion à la matière informe dont parle le second verset de la Genèse, et que c’est la transformation de cette matière en diverses espèces de créatures énumérées dans le récit de l'œuvre des six jours qu’il appelle création, xTiaa<ra. Cette seconde œuvre du -Créateur n'était pas la première création ex nihilo. Aussi quand nous disons avec l'Écriture que toutes les créatures ont été tirées du néant, n’est-ce pas de cette œuvre subséquente qu’il s’agit. Nous ne mettons en cause que la première production dont parle le premier verset de Ja Genèse, et dont le passage de la Sagesse qu’on nous objecte ne s’occupe pas. A. Vacant.

CREATURE. Voir Création et Cosmogonie.

    1. CRÉCERELLE##

CRÉCERELLE (hébreu : nés ; Septante : UpuZ ; Vulgate : accipiter), oiseau de proie (fig. 402), appartenant au genre faucon, de la grosseur d’un pigeon, avec des ailes longues, la tête et la queue de couleur cendrée, le dos roux tacheté de noir, le ventre blanc tacheté de roux, habitant les crevasses et les vieilles murailles, et se nourrissant de petits oiseaux, de mulots, d’insectes, etc. On l’appelle aussi émouchet ou épervier des alouettes. — Le mot nés désigne certainement en hébreu les différentes espèces du genre faucon, faucon proprement dit, épervier et crécerelle. Voir Faucon et Épervier. La Sainte Écriture nomme le nés « selon son espèce », c’est-à-dire avec toutes les espèces qui composent le genre, pour défendre de s’en servir dans l’alimentation. Lev., xi, 16 ; Deut., xiv, 15. Job, xxxix, 26, parle du nés comme d’un oiseau migrateur :

Est-ce par ta 6agesse que le nés s’envole Et qu’il déploie ses ailes vers le midi ?

La crécerelle, tinnunculus alaudarius, est ainsi nommée à cause de son cri strident qui consiste en une seule note répétée plusieurs fois de suite. Elle est très commune en Europe, et ne se rencontre pas moins abon 402. — La crécerelle.

damment en Palestine. On signale sa présence dans tout le pays, aussi bien sur la côte de la mer que dans la vallée du Jourdain, dans les gorges désolées de la mer Morte que dans les édifices d’Hébron et de Jérusalem. Cet oiseau vit par troupes. Il niche habituellement dans les anfractuosités des cavernes, parfois en compagnie du vautour, d’autres fois dans une sorte d’intimité avec la corneille. C’est du reste le seul oiseau que l’aigle semble souffrir dans son voisinage. La crécerelle est capable de planer plusieurs minutes la tête tournée au vent ; de là sans doute son nom en hébreu, nés, de nâsas, « briller. » Elle se tient d’ordinaire à une assez faible hauteur, de huit à quinze mètres du sol. De là elle surveille un espace d’une certaine étendue au-dessous d’elle, guette les mulots de ses yeux perçants, fond sur eux et les saisit avec ses griffes. — Outre la crécerelle ordinaire, il s’en rencontre en Palestine une autre espèce plus petite, le tinnunculus cenchris, qui est remarquable par la coloration et l'élégance de son plumage, et ne réside dans le pays qu’au printemps et en été. Cette crécerelle se nourrit exclusivement d’insectes et habite, en colonies nombreuses,

sur les monuments élevés ou sur les rochers qui dominent les hautes collines, comme à Nazareth. Elle diffère du tinnunculus alaudarius surtout par ses griffes, qui sont blanches, tandis que celles de l’autre espèce sont noires. Ce que Job dit du nés, qui émigré vers le midi, s’applique particulièrement bien à la crécerelle de l’espèce cenchris. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 189 ; Wood, Bible animais, Londres,

1884, p. 360.

H. Lesêtre.
    1. CRÈCHE##

CRÈCHE (hébreu : 'urvâh, uryâh, et, par transposition de lettres, le pluriel 'âvrôt ; Septante : çârvï) ; Vulgate : prsesepe, prxsepium). La crèche est, à proprement parler, la mangeoire dans laquelle les animaux domestiques trouvent leur nourriture. Ce sens vient au mot hébreu du radical 'ârâh, « saisir » pour manger.

1. Les crèches en général. — 1° Aucun texte biblique ne présente 'urvâh avec son acception primitive. Par extension, on appelait de ce nom l'étable elle-même, II Par., xxxii, 28, et la stalle dans laquelle étaient placés les animaux. Ainsi il est dit que Salomon possédait quatre mille 'urôp de chevaux de chars et douze cents 'urôt de chevaux de selle. III Reg., iv, 26 ; II Par., ix, 25. Ces 'urôt sont des stalles renfermant chacune un ou peutêtre deux chevaux. Le grec çàtwi a également les deux sens de mangeoire, lliad., vi, 506, etc. ; Hérodote, ix, 70, et d'étable, Odyss., IV, 535, etc. ; Pindare, Olymp., XIII, 131. — 2° Les versions parlent de crèche dans quelques autres passages où le mot hébreu est différent. Job, vi, 5 : « Le bœuf mugira-t-il devant sa crèche pleine ? » hébreu : devant son belil (mélange de grains et d’herbes). Job, xxxix, 9 : « Le rhinocéros (rém) demeurera-t-il dans ta crèche ? » Prov., xiv, 4 : « Là où il n’y a pas de bœufs, la crèche est vide. » Is., i, 3 : « L'âne connaît la crèche de son maître. » Dans ces trois passages, le mot hébreu est 'êbûs, qui veut dire « étable », du radical ' « bas, « en-