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CRAMPON — CRÉATION


Bible trad. en français sur les textes originaux avec introductions et notes et la Vulgate latine en regard. 6 in-8°, Tournai, 1894-1904 ; La Sainte Bible, trad. d’après les textes originaux, revisée par les Pères de la O de Jésus et les prof, de Saint-Sulpice, in-8°, Tournai, 1904. — Voir E. Francqueville, Notice sur M. l’abbé A. Crampon, in-8°, Amiens, 1894.

F. VlGOUROUX. CRAPAUD, batracien au corps trapu, couvert de verrues d’où suinte une humeur visqueuse, privé de dents, tandis que la grenouille en possède à la mâchoire supérieure, et vivant de vermisseaux, de chenilles et d’insectes (fig. 401). Il n’en existe qu’une seule espèce en Palestine, le bufo pantherinus, très commun dans tout le pays. Tristram, The nalural history of the Bible,

Londres, 1889, p. 281. Le crapaud n’est pas mentionné expressément dans la Sainte Écriture. Il se pourrait néanmoins qu’il ait été compris sous le nom de la grenouille, sefardêa'. Exod., vii, 27-29 (Vulgate, viii, 5-7). Le nom arabe de la grenouille, dofda, a été attribué à la fois au crapaud des fontaines, bufo mosaicus, et à la grenouille du Nil, rana nilolica. Fr. Delitzsch, Die Psalmen, Leipzig, 1874, t. ii, p. 46. Les deux batraciens se ressemblent assez pour qu’on ait pu parfois les confondre sous le même nom, et en tout cas il est fort possible qu’ils aient figuré l’un près de l’autre à la seconde plaie d’Egypte. D’ailleurs on les trouve en abondance dans ce

pays ;

H. Lesêtre.

CRÉANCIER. Voir Dette.

CRÉATEUR. Voir Création.

    1. CRÉATION##

CRÉATION, acte qui consiste à produire quelque chose de rien. — Plusieurs doctrines ont été soutenues au sujet de l’origine du monde. Les unes n’accordent aucune part à Dieu dans la formation de l’univers : la matière tiendrait d’elle-même son existence, et toutes les transformations qu’elle a subies seraient l’effet des lois qui la régissent : telle est la solution matérialiste. Les autres admettent deux premiers principes des choses : Dieu et la matière, ou bien un Dieu bon et un dieu mauvais : telle est la solution dualiste. Les autres enfin font remonter la cause de tous les êtres à un seul et même Dieu ; mais ils se partagent entre deux théories bien opposées : la théorie panthéiste, suivant laquelle le monde a été formé de la substance de Dieu, dont il est une manifestation, et la théorie monothéiste, suivant laquelle Dieu seul existe nécessairement, tandis que tous les autres êtres ont été produits de rien par une libre détermination de la volonté divine. La doctrine monothéiste explique donc l’origine de tous les êtres qui constituent le monde, par création. On appelle, en effet, création l’acte par lequel Dieu donne librement l’existence à un être, en le tirant tout entier du néant. Nous ne voulons

pas étudier dans cet article l’histoire de la production des diverses créatures. Nous montrerons seulement que Dieu a créé librement tous les êtres de l’univers. Cette doctrine n’est point de celles qui se sont développées par des révélations progressives. Elle apparaît dans toute sa netteté dès la première page de la Bible. Les formules qui l’exprimaient ne semblent même pas offrir plus de précision dans les derniers ouvrages de l’Ancien Testament et dans l'Évangile que dans le Pentateuque. Ces formules sont d’ailleurs presque toujours fort concrètes. Nous allons parcourir les principaux enseignements des Livres Saints au sujet de la création, en indiquant au besoin les conclusions dogmatiques qui s’en dégagent.

1° C’est Dieu, et lui seul, gui est l’auteur de tous les êtres finis. — L'Écriture le répète en une foule de passages. Elle affirme dès le premier verset de la Genèse qu’au commencement Dieu a créé le ciel et la terre. Ce passage s’applique sans aucun doute au monde visible. Nous avons vii, il est vrai, qu’on peut douter qu’il y soit aussi question de la création des anges ; mais nous avons montré en même temps (voir Ange, t. i, col. 579) que les anges ont été certainement créés de Dieu. En dehors de la Genèse, voici quelques textes de l’Ancien et du Nouveau Testament qui attribuent à Dieu la production de tout ce qui existe. « Dieu, dit le psalmiste, a fait le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment. » Ps. cxi/v, 6. « Il a fait toutes les choses qu’il a voulues au ciel et sur la terre, dans la mer et dans les abîmes. » Ps. cxxxiv, 6 ; cf. Ps. xxxii, 6, 9. a Ainsi parle le Seigneur…, dit Isaïe. C’est moi le Seigneur qui fais toutes choses, qui étends les cieux, le seul qui ai établi la terre, et personne ne l’a fait avec moi. » Is., xliv, 24 ; cf. Is., xl, 26 ; Jer., x, 12 ; II Esdr., ix, 6 ; Sap., ix, 1. Dans le Nouveau Testament, saint Jean déclare que « tout a été fait par le Verbe de Dieu, et que rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui », Joa., i, 3 ; saint Paul ajoute que « c’est dans le Fils qu’ont été créées toutes les choses qui sont aux cieux et sur la terre, les choses visibles et les choses invisibles, soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances ; que toutes choses ont été créées par lui et en lui ». Col., i, 16 ; cf. Act., iv, 24, xiv, 14 ; xvii, 24 ; Hebr., xi, 3 ; Apoc, iv, 11. On voit combien les affirmations de la Sainte Écriture sont inconciliables avec le dualisme manichéen, qui attribuait l’origine de l’univers à deux principes indépendants : l’un bon, qui aurait produit le monde de la lumière et des esprits ; l’autre mauvais, qui aurait donné naissance au monde des ténèbres formé par les corps. Isaïe allait déjà au-devant de cette erreur, quand il écrivait : « Afin que, depuis l’orient jusqu'à l’occident, on sache qu’il n’y a point de Dieu que moi. Je suis le Seigneur, et il n’y en a point d’autre. C’est moi qui forme la lumière et qui crée les ténèbres, qui fais la paix et qui crée les maux ; je suis le Seigneur qui fais toutes ces choses. » Is., xlv, 6, 7.

2° Le monde est l'œuvre de la toute-puissance de Dieu. — Les textes que nous venons de rappeler laissent entendre non seulement que Dieu seul a produit le monde, mais encore qu’il était seul capable de le produire, et par conséquent qu’il a fallu pour cette œuvre une puissance qui dépasse celle des créatures. Cette vérité ressortira encore des autres enseignements de la Bible que nous relèverons aux paragraphes suivants de cet article. Elle est d’ailleurs indiquée par le terme *4H3, bârâ', qui exprime la première production du monde dans ce verset de la Genèse, 1, 1 : « Au commencement Dieu créa ( bârâ') le ciel et la terre ; » car dans les formes kal et niphal, ce verbe bârâ' marque toujours une action divine et une intervention extra-naturelle. Cependant il est employé jusqu'à quarante-sept fois dans la Bible. C’est donc là son sens reçu ; car, s’il avait eu d’autres acceptions, elles se rencontreraient quelquefois ; mais il n’a jamais d’autre signification. Il exprime la première production de la terre, Gen., i, 1 ; ii, 3, 4 ; Is., xl, 28 ; Ps. cxlviii, 5 ; la pie-