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COZBI — CRAMPON


A l’instigation de Balaam, elle entra dans le camp des Hébreux avec d’autres femmes de sa nation, pour les pervertir et les initier au culte de Béelphégor. Cozbi séduisit Zamri. Mais pendant que celui-ci était avec elle dans sa tente, Phinees, petit-fils d’Aaron, saisi d’indignation, entra armé d’une lance et tua les deux coupables qui scandalisaient le peuple. Num., xxv, 6-8, 15-18.

    1. COZÉBA##

COZÉBA, nom de lieu, traduit par Mendacium, « mensonge, » dans la Vulgate. 1 Par., iv, 22. Voir Kozèba.

    1. CRACHAT##

CRACHAT (hébreu : rôq ; Septante : irrjsXov ; Vulgate : spulum), salive expulsée de la bouche avec un Certain bruit. En Orient, l’action de cracher devant quelqu’un est regardée comme inconvenante et méprisante. « Les Arabes croient quelquefois que quand on crache, c’est par mépris ; ils ne le font jamais devant leurs supérieurs. » De la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 140. Dans la Sainte Écriture, le crachat est presque toujours considéré comme un signe de mépris. Si un homme atteint de certaines infirmités crache sur un autre, ce dernier contracte une impureté légale. Lev., xv, 8. L’hygiène recommandait cette mesure. Recevoir à la face un crachat de son père, ce serait être couvert de honte pour sept jours. Num., xii, 15. Dans le cas suivant, le crachat est recommandé par la loi. Si un homme refuse d'épouser la femme de son frère défunt, conformément à la loi du lévirat, celle-ci lui ôte publiquement sa chaussure et lui crache à la figure. Deut., xxv, 9. — Job, xxx, 10, se plaint que les derniers des hommes ne craignent pas de lui cracher au visage, tant son épreuve l’a rendu méprisable. Il est devenu pour la populace un fofét, celui sur lequel on crache (yéJ.w ; , exemplum). En hébreu, « cracher » se dit râqaq ou yàraq, par onomatopée. D’après quelques auteurs, dont l’opinion n’est guère admissible, le terme de mépris racà, en araméen rêqâ', cité par Notre-Seigneur, Matth., v, 22, pourrait se rattacher à ce verbe. — Pour guérir l’aveugle-né, le divin Maître crache à terre et fait de la boue dont il oint les yeux de l’infirme. Joa., ix, 6. Les Pères voient une analogie entre cette boue, qui va restaurer chez l’aveugle l’organe de la vue, et celle dont Dieu s’est servi pour former le corps du premier homme. — Isaïe, L, 6, avait prédit que le Messie subirait l’affront d'être couvert des crachats des hommes. Notre-Seigneur rappela la prophétie, Marc, x, 34 ; Luc, xviii, 32, et il en subit l’accomplissement, pendant la nuit, dans le palais du grand prêtre, Marc, xiv, 65, et pendant le jour, dans le prétoire de Pilate, après sa flagellation. Marc,

xv, 19.

H. Lesêtre.
    1. CRAINTE DE DIEU##

CRAINTE DE DIEU (hébreu : yire’af 'Elôhîm, et plus fréquemment yire’at Yehôvâh) est ordinairement dans l'Écriture une périphrase pour exprimer ce que nous appelons la religion, la piété envers Dieu. Il n’y avait pas en hébreu de mot spécial pour désigner la religion, et comme la crainte était le principal sentiment qu’inspiraient les rapports avec Dieu, Jud., xiii, 22, la locution « crainte de Dieu » était devenue l’expression même de la religion envers lui, qui nous détourne du mal, Gen., xx, 11 ; Exod., xx, 20 ; Prov., viii, 13 ; xvi, 6, et nous fait pratiquer le bien. C’est en ce sens qu’il faut entendre la maxime plusieurs fois répétée avec quelques variantes dans l'Écriture : « La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse. » Prov., i, 7 ; IX, 10 (cf. xv, 33 ; xvi, 6 ; Job, xxviii, 28) ; Ps. ex (hébreu, exi), 10 (rê'ëit) ; Eccli., i, 16. La « sagesse » signifie ici la « vertu » ; elle consiste à connaître et à faire le bien pour plaire à Dieu, et le moyen d’acquérir cette sagesse, c’est d’avoir la crainte de Dieu, c’est-à-dire de pratiquer la religion en respectant Dieu, en lui rendant le culte qui lui est dû et en observant ses commandements, de sorte que la religion est la base et le fondement de la morale.

— Les écrivains du Nouveau Testament gardèrent dans leur langage les locutions dont ils avaient coutume de se servir en sémitique ; ils les exprimèrent seulement avec des termes grecs, et ils appelèrent par conséquent la religion çô60 ; toj Kvpc’ou ou 0eoy, timor Domini ou Dei. Act., ix, 31 ; II Cor., v, II ; Rom., iii, 18 ; II Cor., vu, 1. La « religion » ou le « culte religieux » n’a de nom spécial, 9p7]<T « ca, dans le Nouveau Testament que Jac, i, 26-27, et Act., xxvi, 5. « Crainte de Dieu » signifiant « religion », l’expression « craindre Dieu, » timere ou metuere Deum, outre son sens propre, Gen., iii, 10, signifie souvent « pratiquer la religion » et en garder les préceptes. « Crains Dieu, dit l’Ecclésiaste, xii, 13, et observé ses commandements, car c’est là le tout de l’homme. » Cf. v, 6 ; vii, 19 ; viii, 12 ; Prov., iii, 7 ; Eccli., i, 13, 20, 25 ; vi, 16-17, etc. ; Ps. xiv, 4 ; xxi, 24 ; xxxiii, 10, etc. ; Luc, xviii, 4 ; I Petr., ii, 17 ; Apoc, xiv, 7 ; xv, 4. Les hommes qui pratiquent fidèlement la religion sont appelés dans le Nouveau Testament oî çoëoùfievoi tov Qeôv, « les craignant Dieu, » Luc, i, 50 (cf. xviii, 2-4) ; Act., x, 2, 22, 35 ; Col., iii, 22 ; Apoc, xix, 5, locution qui désigne aussi spécialement les prosélytes dans les Actes, xiii, 16, 26 (concurremment avec la locution analogue oî <re60[iévoi tôv @e6v, « les révérant Dieu, » Act., xvi, 14 ; xviii, 7 ; Josèphe, Ant. jud., XIV, vu, 2), d’où il résulte qu'à Rome, metuens Deum ou même simplement metuens, « craignant, » signifia prosélyte juif, sectateur du judaïsme. Voir A. Berliner, Geschichte der Juden in Rom, 2 in-8o, Francfort, 1893, t. i, p. 41-42 ; E. Schûrer, Geschichle der jûdischen Volkes in Zeitalter Christi, t. ii, 1886, p. 565.

F. Vigouroux.

CRAMOISI. Voir Couleurs, 1, 3° ; III, 3°, col. 1066 et 1070, et Cochenille, col. 816.

    1. CRAMPON Joseph Théodore Augustin##

CRAMPON Joseph Théodore Augustin, théologien catholique français, né à Franvillers, canton de Corbic (Somme), le 4 février 1826, mort à Paris le 16 août 1894. Il fit ses études de latin au petit séminaire de SaintRiquier, et ses études théologiques au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, où il eut pour professeur d’hébreu M. Le Hir. Ordonné prêtre le 29 mai 1850, il devint professeur la même année à Saint -Riquier, où il resta cinq ans. Aumônier de Mo* de Salinis, évêque d’Amiens, en 1855, et des religieuses de la Sainte -Famille de cette ville, en 1856, après la translation de Ma r de Salinis à l’archevêché d’Auch, il fut nommé chanoine titulaire de la cathédrale de son diocèse, en 1874. Sa vie fut tout entière une vie de zèle et d'étude. Outre divers ouvrages élémentaires d’histoire, d'Écriture Sainte, etc., composés en vue des élèves du pensionnat dont il était aumônier, des traductions d’ouvrages allemands, etc., on a de lui : Cornélius a Lapide, Commentarius in Scripturam Sacram, accurate recognovit ac notis illustravit A. Crampon, 21 in-4°, Paris, 1857-1863 ; Supplementum ad Commentaria in Scripturam Sacram. R. Bellarminî explanatio in Psalmos quibus accedit nova Psalmorum ex hebrseo versio latina notis illustrata, auctore A. Crampon. Balthasaris Gorderi commentaria in librum Job, 3 in-4o, Paris, 1861 ; Les Évangiles, traduction nouvelle accompagnée dénotes et de dissertations, in-8o, Paris, 1864 ; Les Actes des Apôtres, traduction nouvelle accompagnée de notes avec le texte latin en regard, in-8o, Paris, 1872 ; L. C. Gratz, Théâtre des divines Écritures, traduit par l’abbé Gimarey ; nouvelle édition abrégée, revue et corrigée par A. Crampon, in-8o, Paris, 1884 ; Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ traduit sur la Vulgate, avec introductions, notes et sommaires, 1 in-8o et 2 in-32, Tournai, 1885, 1890 ; Le livre des Psaumes, suivi des Cantiques des Laudes et des Vêpres, in-24, Tournai (1889). M. Crampon avait achevé, avant d'être frappé par la mort, une traduction de l’Ancien Testament sur le texte original, La Sainte