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COURONNE — COURRIER


remise à l’archevêque de Paris, le 26 octobre 1804, et transférée solennellement à Notre-Dame, le 10 août 1803. Elle y est demeurée jusqu'à ce jour.

Les branches d'épines ont été depuis longtemps dispersées à travers le monde chrétien. On connaît plusieurs églises qui possèdent des épines, Bulletin critique, avril 1889, p. 18. Toutefois la liste est incomplète, et d’autre part plusieurs de ces épines peuvent n'être que de simples imitations. D’autres églises possèdent des fragments d'épines et quelques-unes ont des reliques du jonc. En sept ou huit endroits, on vénère des branches de l’arbrisseau qui a fourni les épines. La principale est à Pise, dans la chapelle délia Spina (fig. 394) : elle a quatre-vingt millimètres de hauteur, et portait primitivement six épines, dont trois sont restées intactes. L’une de celles-ci atteint vingt millimètres de longueur. La branche conservée à Saint-Sernin de Toulouse a quarante-unmillimètres ; cellede Trêves, onzecentimètres ; celle de la cathédrale d’Autun, trente-trois millimètres. Deux épines, de trente-huit et trente-quatre millimètres, sont vénérées au grand séminaire d’Autun (fig. 395).

Voir (Gosselin), Notice historique sur la sainte Couronne d'épines de Noire-Seigneur Jésus-Christ et sur les autres instruments de sa Passion, Paris, 1828, p. 77-133 ; Rohault de Fleury, Mémoire sur les instruments de la Passion, Paris, 1870, p. 199-224 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 2e édit., Paris, 1896, p. 176-177.

H Le s être

    1. COURONNE-DE-LA-MAISON-DE-JOAB##

COURONNE-DE-LA-MAISON-DE-JOAB (Vulgate : Corona domus Joab). Saint Jérôme traduit ainsi le nom de lieu appelé en hébreu 'Atrôt bêt Yô'âb, I Par., il, 54. Voir Ataroth 6, t. i, col. 1200.

    1. COURRIER##

COURRIER (hébreu : râsîm ; Septante : pig).toç<Sptn ; Vulgate : cursor, Esther, iii, 13 ; viii, 10), messager chargé de porter rapidement les lettres.

1° Courriers chez les Juifs. — La poste n'était pas organisée d’une manière régulière chez les Juifs. Les rois et les particuliers faisaient porter leurs lettres par des amis, par des officiers ou des serviteurs. Urie porte une lettre de David à Joab. II Reg., xi, 14. La plupart du temps le courrier n’est pas indiqué. I Mach., v, 10 ; xvi, 19 ; II Esdras, vi, 5, 17. Quand les rois envoyaient des lettres circulaires, ils les faisaient porter par les râsîm. II Par., xxx, 1, 6. Voir Coureur. — Les lettres adressées à des souverains ou à des peuples étrangers étaient portées par les ambassadeurs. I Mach., xiv, 22, 24. 2° Courriers chez les Assyriens. — Les Assyriens, comme les Juifs, faisaient porter leurs lettres par leurs serviteurs. Ainsi fait Sennachérib quand il écrit à Ézéchias. II Par., xxxii, 9, 17.

3° Courriers chez les Perses. — Après qu’Aman eut obtenu du roi Assuérus l'édit de persécution contre les Juifs, il le fit transmettre à toutes les villes du royaume par les courriers royaux. Esther, iii, 13. La révocation de l'édit fut portée de la même façon à la connaissance de tout l’empire. Esther, viii, 10. Nous sommes ici en présence d’une poste organisée. C’est par les rois de Perse, en effet, que la poste a été inventée. — Hérodote, viii, 98, cf. iii, 126, etXénophon, Cyropéd., VIII, VI, 17-18, nous donnent des détails circonstanciés sur l’organisation des postes perses. Cyrus, dit Xénophon, fit établir de distance en distance des relais de poste où étaient installés des chevaux et des palefreniers. Dans chacun de ces relais, un homme recevait la lettre qu’apportait le courrier et la transmettait à un autre jusqu'à l'étape suivante. Les courriers ne s’arrêtaient par aucun temps, si mauvais qu’il fût, et le service se faisait la nuit comme le jour. Les chevaux employés par les courriers sont appelés, dans la Bible, rékés hâ - âhasterdmm benê-liâ-rammâkhn, c’est-à-dire les chevaux royaux, fils des troupeaux ou des haras [du roi]. Esther, viii, 10.

Ces mots persans ont embarrassé les Septante et saint Jérôme, qui ne lespnt pas traduits. Voir Gesenius, Thésaurus lingux hebrxx, p. 1291 ; Haug, Erklârung persicher Wôrter ; dans Ewald, Jahrbiicher der Biblischen Wissenschaft, t. v, 1853, p. 154. D’après Hérodote, iii, 106 ; vii, 40, les étalons d’où sortaient les chevaux des postes perses s’appelaient Niséens, et on les élevait spécialement pour le service du roi dans les plaines de la Médie. — Hérodote, viii, 98, appelle la poste perse ajya^iat. Dans le mot grec M. Oppert a reconnu le mot perse hangàrigam. Commentaire historique et philologique du livre d’Esther d’après la lecture des inscriptions perses, in-8°, 1864, p. 19. Les courriers s’appelaient en grec ayyaçiot. Suidas (au mot à'YY « poç) dit que ce terme s’appliquait d’abord aux porteurs de fardeaux, puis à toutes sortes de gens soumis à la prestation ou à la corvée. Dans Eschyle, Agamemnon, 273, il signifie disposé de relais en relais. Les Romains ont latinisé ce mot pour désigner les réquisitions faites pour le service des postes impériales, qui furent appelées angaria ou angarium. Digeste, L, iv, 18, 4, 29 ; v, 10, 11, 49, etc. ; Cod. Théod., VIII, v ; Cod. Justin., XII, Ll. De là sont venus les verbes àyyapvjîn et angariare, « réquisitionner, » qui sont employés dans les Évangiles à propos de Simon le Cyrénéen. Matth., xxvii, 32 ; Marc, xv, 21. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, 1896, p. 652. — Dans d’autres passages de l'Écriture, il est question d’une lettre envoyée par les Juifs à Artaxerxès et de la réponse de ce roi, I Esdr., iv, 7, 17 ; de lettres de satrapes à Darius, I Esdr., v, 6 ; et d’Artaxerxès à Esdras, I Esdr., vii, 11 ; mais l’emploi des courriers n’est pas indiqué.

4° Courriers chez les Grecs. — Il est fait mention dans la Bible d’un courrier envoyé parle roi de Sparte, Arius, et il est dit qu’il fut reçu avec honneur par le prêtre Simon. I Mach. xii, 7, 8. Souvent aussi il est question de lettres envoyées par les Séleucides ou leurs officiers, mais sans qu’il soit parlé des courriers qui les portaient. I Mach., ix, 60 ; x, 3, 17 ; xi, 29, 31 ; xiii, 35 ; II Mach.. ix, 18 ; xi, 22, 27.

5° Courriers chez les Bomains. — Les lettres adressées par les Romains aux peuples étrangers étaient évidemment portées par des courriers spéciaux, mais ces courriers ne sont pas mentionnés. II Mach., xi, 34. Les lettres écrites par Lucius à Ptolémée, à Démétrius et à un certain nombre d’autres rois et de peuples grecs, furent confiées à l’ambassadeur juif Numénius et à ses compagnons. I Mach., xv, 15. — La poste, cursus publions, ne fut organisée chez les Romains que sous l’Empire ; encore fut-elle exclusivement réservée aux empereurs et aux magistrats. Les particuliers continuèrent à faire porter leurs lettres par des amis ou des serviteurs, comme au temps de la République. Les esclaves chargés de porter les lettres s’appelaient cursores. Pline le Jeune, Epist., vii, 12 ; Suétone, Nero, 49. Les Apôtres n’avaient donc d’autres ressources pour transmettre leurs Épîtres aux Églises que de les confier à leurs disciples. C’est ainsi que la lettre du concile de Jérusalem fut portée à Antioche par Paul, Barnabe, Juda, surnommé Barsabas, et Silas. Act., xv, 22, 23. La première Épître de saint Paul aux Corinthiens fut confiée à Stéphana, Fortunat et Achaïque, les trois députés envoyés par l'Église de Corinthe pour informer l’apôtre des troubles qui la désolaient. I Cor., xvi, 17. La seconde aux Corinthiens fut portée par Tite. II Cor., vm, 6. L’esclave Onésime porta l'Épltre à Philémon, Philem., 11-12 ; Tychique, l'Épltre aux Éphésiens. Eph., vi, 21. Epaphrodite, envoyé de Philippes à Rome pendant la captivité de saint Paul, rapporta l'Épître aux Philippiens. Philipp., ii, 25. Le tribun Claudius Lysias fait porter, par les centurions chargés de conduire saint Paul au procurateur Félix, la lettre dans laquelle il l’instruit des événements qui viennent de se passer à Jérusalem. Act., xxiii, 23, 33. E. Belrlier.

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