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COSMOGONIE MOSAÏQUE


du siècle dernier, mentionner son apparition longtemps après celle de la lumière.

S" jour. — Le premier jour, en y joignant l'époque qui précéda l’apparition de la lumière, dut être d’une immense durée. On peut considérer cette époque comme s'étendant de la création même des éléments de la matière à l’instant où l'écorce terrestre commença à se former. Elle comprend donc tout le t.mps pendant lequel la lerre resta à l'état gazeux. Quant au second jour, il s'étendra de la formation de l'écorce solide à l'émersion dea continents, et comprendra non seulement l'âge azoïque des géologues, mais encore tout au moins la période cambrienne, la première des temps géologiques ; car il y a tout lieu de croire que les continents n’existaient point encore à cette époque. Du moins les règnes animal et végétal ne nous ont-ils livré jusqu’ici aucun fossile nettement terrestre qui date de ces temps reculés. On

du globe un rôle qui peut intéresser la science, mais non p le commun des hommes. 3° jour. — Jusqu’ici les eaux couvraient la face entière de la terre encore dépourvue de ride sensible. Mais voilà que les montagnes et les plateaux vont surgir et permettre à la vie, jusque-là reléguée au fond des mers, de se développer sur la terre ferme. L'écorce terrestre s’est épaissie. Pour continuer de reposer sur le noyau liquide, qui a diminué de volume, elle se plisse, et ces plissements forment les montagnes. C’est l’apparition des continents, qui inaugure la troisième partie de l'œuvre créatrice. Sur ces terres fraîchement émergées se développe à la faveur de l’humidité, de la chaleur et d’une atmosphère toujours saturée de carbone et de vapeur d’eau, la luxuriante végétation qui caractérise la période carbonifère. Ici donc encore rien que de rationnel et de conforme aux enseignements de la science. Le trait domi 376. — Mastodonte.

peut même, ce semble, en dire autant de la première partie de la période silurienne.

Quoi qu’il en soit, le second jour, nous dit la Bible, les eaux qui étaient en haut se séparèrent de celles qui étaient en bas. Qu’est-ce que cela veut dire, sinon que l’eau maintenue jusque-là à l'état de vapeur par la chaleur intense qui se dégageait du globe non encore solidifié se condensa alors en partie ? En cela rien que de conforme aux données de la science. En même temps que l'écorce terrestre s'épaissit et se refroidit, la vapeur d’eau doit évidemment se condenser, et en se condensant former autour du globe une masse liquide continue ; car s’il y a çà et là des inégalités du sol comme on en rencontre sur les laves volcaniques refroidies, il n’y a point encore d’aspérités qui puissent mériter le nom de montagnes. Toutefois la température est toujours assez élevée pour qu’une partie des vapeurs reste encore pour longtemps à l'état de nuages dans les hauteurs des cieux. C’est vraiment la séparation des eaux d’avec les eaux dont parle l'écrivain sacré ; c’est la formation de l’atmosphère ou du firmament, pour nous servir de l’expression consacrée par la Vulgate. — Cependant les eaux . se refroidissent peu à peu et permettent à la vie de se développer au fond des mers sous les formes les plus humbles. C’est le commencement de Yépoque primaire. Si la Bible ne nous dit rien de ces premiers êtres, c’est qu’ensevelis au fond des eaux ils ont joué dans l’histoire

nant de l'époque primaire, comme celui du troisième jour génésiaque, c’est, après la formation des continents, le développement de la végétation, qui jamais à aucune autre époque n’a atteint une pareille exubérance. Si vraiment l'écrivain sacré s’est proposé de saisir la caractéristique de chacun des jours de la création, de noter en deux mots ce qui eût frappé par-dessus tout le spectateur qui eût assisté à la lente formation du monde, c’est bien des plantes et des plantes seules qu’il devait nous entretenir après avoir signalé l'émersion des premiers continents. Sans doute la vie végétale n’existait pas seule à cette époque. Des animaux d’un ordre inférieur, des mollusques, des crustacés, quelques vertébrés même de la classe des poissons, vivaient concurremment ; mais, ensevelie au fond des eaux, ces êtres passaient en quelque sorte inaperçus au milieu de l’abondante végétation houillère. C’est donc à tort que certains exégètes ont invoqué ce silence de l’auteur inspiré pour se refuser à identifier la période carbonifère avec le troisième jour de la création. Leur objection aurait peut-être quelque valeur, si Moïse attribuait à une autre époque l’apparition des poissons ; mais il ne le fait pas. Il n’en fait pas même mention au cinquième jour. Les animaux aquatiques qu’il signale à cette date ne sont pas des poissons, mais des monstres marins et des reptiles aux formes grandioses et bizarres. Nouvelle preuve que l'écrivain inspiré se contente de signaler à chaque époque ce qui en constitue