Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/540

Cette page n’a pas encore été corrigée
1037
1038
COSMOGONIE MOSAÏQUE


Jours. Elles virent apparaître successivement le ciel, l’eau, la terre, les arbres, les animaux et l’homme. Il y a sept cieux, dont chacun porte un nom spécial. Le taureau fut créé avant tout autre animal et vécut seul ; mais à sa mort sa semence, transportée dans le ciel de la lune, donna naissance aux autres animaux. L’homme lui-même tira son corps du bras droit du premier taureau. À son tour il vécut seul, et à sa mort il se transforma en un arbre qui, coupé en deux, donna naissance à un homme et à une femme, ancêtres du genre humain. J’omets de nombreux détails dépourvus de sens ou par trop puérils. — Au Japon, nous retrouvons le chaos de la Genèse, chaos qui donne naissance au ciel et à la terre ; mais on nous représente la terre nageant sur la mer comme un pois 3£0.

Nébuleuse circulaire.

son, et on nous montre au-dessus une fleur qui devient un esprit divin. — Les cosmogonies occidentales contiennent le même mélange de vérité et d’erreur, de vraisemblance et d’absurdités. La Grèce nous fournit peu de chose sur l’origine du monde et des hommes. Au contraire, nous y trouvons de longs et fastidieux détails sur l’origine des dieux, qui pour la plupart doivent leur naissance à une série de transformations toutes plus invraisemblables les unes que les autres. Toutefois, à l’origine de l’humanité, Hésiode nous montre l'âge d’or, qui pourrait être un souvenir altéré du paradis terrestre. — Chez les Latins nous trouvons, comme dans la Bible, le chaos,

— rudis indigestaque moles (Ovide), — à l’origine des choses. Alors tous les éléments sont confondus : air, terre et eau. Puis ils s’isolent, et les continents apparaissent.

— Dans la cosmogonie germanique, nous voyons une niasse énorme de glace jaillir du pôle Nord, et en fondant donner naissance au chaos. De ce chaos, Dieu fait surgir la vache Audumbla, qui en léchant la glace pour y chercher sa nourriture en forme l’ossature du géant Bur, père de Bor et grandpère d’Odin. Puis du chaos primitif se forment neuf sphères, qui représentent l’univers entier et ses habitants : dieux, hommes, géants, gnomes, etc.

Si incomplet qu’il soit, le court aperçu qui précède suffit pour donner une idée de l’extravagance des cosmogonies païennes, et montrer à tous qu’elles ne sauraient seulement entrer en comparaison avec la cosmogonie si simple, si sublime, si rationnelle, qui Qgure en tête de

nos Livres Saints. « Comparez à ces fables le récit bibliqup, dit Ms r Meignan, et vous admirerez comment celui-ci porte dans toutes ses parties l’empreinte de la vérité historique. Le récit tout entier est sobre, net, clair et conforme à la raison. Sans doute l’histoire de la Genèse respire la plus haute poésie, elle a des traits magnifiques, des paroles sublimes ; mais on n’y entrevoit ni système philosophique, ni fantaisie de poète, ni mythe obscur, ni fables puériles. C’est à ce récit si grand et si simple qu’il faut ramener les exagérations des autres cosmogonies. » Le monde et l’homme primitif selon la Bible, in-8°, Paris, 1869, p. 13.

III. La cosmogonie scientifique. — Avant de passer à l'étude critique de la cosmogonie biblique, il importe de voir brièvement ce que la science nous enseigne sur

[[File: [Image à insérer] |300px]]
361. — Système solaire.

le même sujet. L’histoire de notre globe peut se diviser en deux parties nettement distinctes, l’une antérieure, l’autre postérieure à l’apparition de la vie. La première, éminemment conjecturale, puisqu’elle échappe à l’observation directe, se rattache aux sciences astronomiques et physiques ; la seconde, plus précise et mieux connue, est du ressort de la géologie. — Jetons un rapide coup d'œib sur l’une et sur l’autre.

I. èbe cosmique. — D’après une théorie communément admise et que tout confirme, la terre et les autres planètes et satellites qui font partie du système solaire furent primitivement à l'état gazeux, et dans cet état constituèrent une sphère immense, d’un rayon au moins égal à la distance du soleil à Neptune, planète la plus éloignée. Cette sphère gazeuse, qu’on a appelée la nébuleuse primitive (fig. 360), était douée d’un mouvement rotatoire qui peu à peu s’accéléra par l’effet même de la condensation. La force centrifuge se développant en proportion, des lambeaux gazeux, peut-être même des anneaux complets, se détachèrent de la surface de l’immense sphère, à sa parlie équatoriale, et en' se concentrant donnèrent naissance aux planètes, qui elles-mêmes encore gazeuses engendrèrent de la même façon les satellites. Le noyau de la nébuleuse, non encore tout à fait condensé, n’est autre que le soleil, dont la masse est sept cents fois supérieure à celle de toutes les planètes réunies à leurs satellites. Cette hypothèse, à laquelle Herschel et Laplace ont attaché leurs noms, repose sur des faits nombreux. On a remarqué, par exemple, que la densité de la matière va croissant sur notre planète de la surface au centre, et