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CALVITIE — CAMÉLÉON

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Hébreux distinguaient deux sortes de calvities, celle qui se produit naturellement par la chute des cheveux, et celle qui résulte temporairement de l’opération par laquelle on a coupé ras ou rasé la chevelure.

1° Calvitie naturelle. — Elle était ordinairement une conséquence de la vieillesse. Quand elle apparaissait prématurément, elle pouvait prêter à rire. Elisée était relativement jeune (il vécut encore une cinquantaine d’années, cf. IV Reg., xiii, 14), lorsque les entants des environs de Béthel se moquèrent de sa calvitie, en lui criant : « Monte, chauve ; monte, chauve ! » IV Reg., x, 23. Rien n’autorise d’ailleurs à croire que le mot qêrêah tùt devenu un terme injurieux qu’on put adresser à un homme pourvu <le toute sa chevelure. La calvitie précoce, surtout quand elle se produisait rapidement, pouvait être un symptôme de lèpre. Le chauve avait alors à se faire examiner. Si le cuir chevelu, une fois dénudé, se recouvrait de taches blanchâtres et rougeâtres, le chauve devait se soumettre aux prescriptions concernant les lépreux. Dans le cas contraire, il restait pur. Lev.. xiii, 40-43. — Isaïe, iii, 17, 24, prédit aux filles de Sion, si fières de leurs cheveux tressés et frisés, que le Seigneur leur infligera la honte de la calvitie, en punition de leurs fautes. Pendant le siège de Tyr par Nabuchodonosor, « toutes les tètes sont devenues chauves et les épaules meurtries » dans l’armée des Assyriens, par suite des grandes fatigues endurées et des rudes travaux entrepris pour s’emparer de la place. Le port prolongé des casques, voir t. i, col. 983-984, a pu contribuer aussi à produire cette calvitie dans l’armée assyrienne. Ez., xxix, 18.

2° Calvitie temporaire et artificielle. — La loi défendait de se couper les cheveux sur le devant de la tête, d’une certaine manière en usage chez les idolâtres, Lev., xix, 27 ; elle interdisait aussi de se raser la tête en signe de deuil, xxi, 5 ; Deut M xiv, 1, comme le faisait certains peuples païens. Homère, II., xxiii, 46 ; Odys., IV, 197 ; /Elien, Hisl. var., viii, 8. On avait cependant la coutume de se raser la tête pour marquer la douleur morale qu’on endurait. Job, i, 20 ; Is., xxii, 12 ; Jer., xvi, 6 ; Ezech., vil, 18 ; xxvii, 31 ; Am., viii, 10 ; Mich. i, 16. — Esther, xiv, 2, s’arrache les cheveux dans son deuil ; Esdras et Néhémie font de même pour témoigner leur indignation. I Esdr., ix, 3 ; Il Esdr., un, 25. Sous les coups de la vengeance divine, « toute tête sera chauve et toute barbe rasée, » chez les Moabites, c’est-à-dire tout homme sera accablé par les calamités et réduit en captivité, parce qu’on coupait la barbe aux captifs en signe d’ignominie, ls., xv, 2 ; Jer., xlviii, 37. C’est parce que le roi d’Assyrie châtie au nom de Dieu qu’il est appelé un rasoir qui coupe la barbe et les cheveux de ceux que Dieu punit en les livrant comme prisonniers au vainqueur. Is., vii, 20. La calvitie, c’est-à-dire le malheur dont elle est le signe, tombera sur Gaza. Jer., xlvii, 5.

— La calvitie temporaire n’est pas mentionnée après le retour de la captivité. On cessa sans doute de la pratiquer pour employer un signe de deuil qu’on pouvait faire disparaître plus rapidement. On se défigura la tête non plus en la rasant, mais en la couvrant de cendres.

Voir Cendre.

H. Lesêtre.
    1. CAMBOLAS##

CAMBOLAS (Jacques de), théologien français, vivait à Toulouse vers le milieu du xviie siècle. Nous avons de lui : Explanatio epistolarum Pauli et canonicarum, in^l2, Toulouse (sans date). A. Régnier.

    1. CAMBYSE##

CAMBYSE, roi de Perse, fils et successeur de Cyrus, régna de 529 à 522 avant J.-C. Il est surtout célèbre par la campagne qu’il fit en Egypte, la cinquième année de son règne (5215), et par sa cruauté, qui touchait à la folie. Hérodote, iii, 8, 27-38. Il mourut sans laisser d’héritier et sans avoir désigné de successeur. Il n’est jamais nommé expressément dans l’Écriture, mais un certain nombre <Ie commentateurs ont cru qu’il était désigné d’une ma nière indirecte. Ainsi : 1° d’après Calmet, le roi qui doit dévaster Israël, Ezech., xxxviii-xxxix, « Gog, est Cambyse, roi de Perse. » Commentaire littéral, Ezéchiel, 1730, p. 381. Le savant bénédictin a même écrit une dissertation entière pour essayer de le démontrer. Ibid., p. xxi-xxxiii. Contrairement à son opinion, on admet communément aujourd’hui que Gog, roi de Magog, est le chef des peuplades scythes, comme l’avait déjà dit saint Jérùme avec les Juifs de son temps. In Ezech., 1. xi, t. xxv, col. 350. Voir Gog et Magog. — 2° Beaucoup d’interprètes, à la suite de Josèphe, qui a commis le premier cette méprise, Ant. jud., XI, ii, 1 -2, ont pensé que l’Assuérus auquel les ennemis des Juifs écrivirent, I Esdr., iv, 6, pour les perdre dans son esprit est Cambyse, fils de Cyrus (Clair, Esdras et Néhémias, in-8, Paris, 1882, p. 23) ; mais Assuérus est dans ce passage, comme dans le livre d’Esther, le roi Xerxès I er. Voir t. i, col. 1141. — 3° Quelques exégètes ont aussi voulu à tort identifier Cambyse avec le Nabuchodonosor du livre de Judith. Voir Calmet, Comment, lïtt., Ezéchiel, 1730, p. xxxii.

F. Vigouroux.

    1. CAMÉLÉON##

CAMÉLÉON (hébreu : tinsémét ; Septante : -/a[iai-Xémv ; Vulgate : chamseleon). La Bible ne mentionne qu’une fois le caméléon, et c’est pour le ranger parmi les animaux impurs. Lev., xi, 30. Le caméléon est encore très commun en Egypte, en Palestine et particulièrement dans la vallée du Jourdain ; les anciens Hébreux ont dû très bien le connaître. Bochart, Hierozoicon, t. i, p. 1083, et presque tous les auteurs s’accordent à voir le caméléon dans le tinSéméf, bien que les versions y aient vu la taupe, et aient donné dans le même verset le nom

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33. — Caméléon.

de caméléon au koaJ.i, qui est un lézard. Voir Lézard. — Le caméléon (fig. 33) est un saurien qui a l’aspect d’un lézard à grosse tête, mais qui diffère de ce dernier par des caractères très tranchés. Il a le dos dentelé, les yeux saillants, recouverts d’une paupière qui ne laisse passer la lumière que par un Irou central assez étroit, et capables de se mouvoir indépendamment l’un de l’autre, ce qui permet à l’animal de guetter sa proie de plusieurs côtés à la fois. Les pattes ont cinq doigts, qu’une peau extérieure réunit en deux paquets de deux et de trois doigts. La queue est préhensihle, comme celle des singes, ce qui fait du caméléon un grimpeur. Il vit sur les branches d’arbres, et il y cherche les insectes dont il se nourrit. Sa langue très agile et terminée par un tube gluant les saisit facilement, bien que les mouvements de l’animal soient très lents et très compassés. Le caméléon peut, en effet, darder cette langue à une distance qui dépasse la longueur de son corps. Milne.-Edwards, Zoologie, Paris, 10e édit., 1867, p. 455. Du reste, le caméléon est timide, et il s’agite d’autant moins qu’il peut rester des mois sans manger. Sa longueur est de quarante à cinquanle centimètres. Sa propriété la plus curieuse consiste en ce que la majeure partie de sa peau n’adhère pas aux muscles. Le caméléon, grâce à ses poumons très larges, peut aspirer beaucoup d’air, l’introduire entre la chair et la peau, et