Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/537

Cette page n’a pas encore été corrigée
1031
1032
CORVÉE — COS


place, etc. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, . 1895, t. i, p. 333-336.

2. Pour les Hébreux. — Sous le roi Ramsès II, les Hébreux connurent la corvée égyptienne dans ce qu’elle a de plus dur. Exod., i, 10-14 ; v, 4-19. La persécution était savamment calculée pour les faire périr en plus grand nombre possible ; car le roi d’Egypte les redoutait à cause de leur grande multitude. Ce prince les fit donc rassembler pour construire d’immenses arsenaux à Pithom et à Ramsès. Il les confia à ces sârê missim, « chefs des corvées, » qu’on voit si souvent représentés, le bâton à la main, dans les peintures égyptiennes. Voir t. i, fig. 457, 458, col. 1499, 1501, et la planche coloriée, col. 1932. Les Hébreux eurent à exécuter de a durs travaux d’argile et de briques ». Exod., i, 14. Voir Briques. On a retrouvé les ruines de ces magasins construits par les Hébreux. Ils ont de huit à dix pieds d'épaisseur, et les couches de briques sont séparées par du mortier. Les remparts de Pithom ont plus de vingt-deux pieds d'épaisseur. D’autre part, pour mettre les constructions à l’abri des inondations du Nil, surtout quand il s’agissait d’arsenaux ou de magasins, on commençait par établir un solide soubassement dont le pourtour était en briques et dont l’intérieur se comblait avec des matériaux divers. Ces constructions exigeaient un nombre incalculable de briques, et le labeur était grand. Le Papyrus Sallier, ii, 6, 1, nous a conservé la plainte des gens de corvée : m Je te dis jusqu'à quel point le bâtisseur de murs extérieurs, la maladie le goûte. En effet, il est dehors, au vent. S’il bâtit à couvert, son sac d’outils est dans les parterres de la maison, hors de son atteinte. Ses deux bras s’usent complètement. Un mélange de toute espèce d’ordures, c’est ce qu’il mange, le pain de ses doigts ; il se lave en une seule saison. » Ramsès comptait que la plupart des Hébreux, n’ayant point l’habitude de ces durs travaux, succomberaient à la peine. Ce fut le contraire qui arriva. Exod., v, 5. Aussi commanda-t-il aux surveillants de se montrer plus exigeants. On cessa de fournir aux travailleurs la paille hachée qu’ils pétrissaient avec l’argile pour la confection des briques. Ils durent eux-mêmes aller chercher sur les bords du Nil et des étangs le qaS, le jonc destiné à remplacer la paille, et malgré ce surcroît de labeur, la quantité de briques qu’ils avaient à fournir ne fut nullement diminuée. L’assujettissement à ces corvées dura pour les Hébreux jusqu'à leur sortie d’Egypte. En parlant de la délivrance d’Israël, le Psaume lxxxi (lxxx), 7, 8, s’exprime ainsi :

J’ai ôté le fardeau de son épaule,

Ses mains ont quitté la corbeille.

Dans la détresse tu as appelé, je t’ai sauvé.

La corbeille mentionnée ici servait à porter l’argile. Voir Corbeille. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 251-277.

II. La corvée en Palestine. — 1° Pour les peuples soumis aux Hébreux. — À leur sortie d’Egypte, les Hébreux avaient été suivis par une multitude mélangée qui les accompagna dans le désert. Exod., xii, 38. Ces étrangers murmurèrent en route, de concert avec les enfants d’Israël, Num., xi, 4, et soit à cause de leur conduite, soit à raison de leur origine, furent astreints à des travaux de corvée, à couper le bois et porter l’eau. Deut., xxix, 11. — Moïse avait réglé que, quand on ferait la guerre, on laisserait la vie sauve aux habitants des villes qui se soumettraient, mais que ceux-ci deviendraient gens de corvée. Deut., xx, 11. Cette loi fut sucessivement appliquée aux Gabaonites, Jos., ix, 23 ; aux habitants de Gazer, Jos., xvi, 10, et en général à tous les Chananéens qu'épargna l’extermination. Jos., xvii, 13 ; Jud., i, 28, 30, 33, 35. Salomon remit en vigueur les anciennes corvées pour les descendants de ces Chananéens. III Reg., ix, 21 ; II Par., viii, 8.

2° Pour les Israélites. — Jacob mourant avait fait cette prédiction au sujet d’Issachar, Gen., xlix, 15 :

Il voit que le repos est doux

Et que le pays est agréable ;

Il incline son épaule sous les fardeaux

Et devient sujet à la corvée.

A cause de son indolence ou par amour du gain, cette tribu devait subir un jour la honte de la corvée. — Dans les Proverbes, xii, 24, se lit une remarque analogue :

A la main courageuse le commandement ; A l’indolente, la corvée.

C’est sous Salomon que les Israélites sentirent le plusdurement le poids de la corvée. Ce prince, pour mener à terme les grandes constructions qu’il avait entreprises, ne pouvait se passer d’une multitude de bras. Pour se procurer le grand nombre d’ouvriers nécessaires, il employa le procédé en vigueur chez ses voisins, la corvée. Sans doute les travaux les plus pénibles furent réservés aux descendants des anciens Chananéens, III Reg., v, 15 ; ix, 20, 21 ; II Par., ii, 17, 18, et les Israélites ne furent pas traités en esclaves. Ils eurent néanmoins à fournir une énorme contribution aux entreprises de Salomon. C’est ce qui leur fit dire plus tard à Roboam : « Ton pèrea fait peser sur nous un joug très dur, » et ce qui permit à ce dernier de répondre : « Mon père vous a frappés avec les fouets. » III Reg., xii, 4, 11. La Bible a conservé le nom du « chef de corvées » de cette époque : Aduram ou Adoniram, qui exerça cette fonction sous David, II Reg., xx, 24 ; sous Salomon, III Reg., iv, 6 ; v, 14, et : au commencement de Roboam. III Reg., xii, 18 ; II Par., , x, 18. Son impopularité devint telle, que le peuple le lapida. II Par., x, 18.

3° Pendant la captivité. — Jérémie, Lam., i, 1, déplore que Jérusalem soit alors soumise à la corvée. Isaïe, xxxi, 8, avait prédit le même sort à Assur. Assuérus(Xerxès I er) assujettit à la corvée les pays méditerranéens. Esth., x, 1. — Sur la réquisition à l'époque évangélique,

voir Angarier, t. i, col. 575.

H. Lesêtre.

1. COS (hébreu : Qôs, « épine ; » Septante : Kw£) r descendant de Juda, père d’Anob et de Soboba. I Par., iv, 8.

2. COS (Kûç, K6t*ç ; latin : Cous), île de la mer Egée (fig. 359). Cette île est mentionnée deux fois dans l'Écriture. — 1° La lettre que le consul Lucius écrivit pour 359. — Monnaie de Cos.

SEBAETOS. Tête d’Auguste, laurée, à droite. — fy KQIQN*

NIKArOPAS. Tête d’Esculape, laurée, ù droite.

annoncer au nom des Romains que ceux-ci avaient fait' alliance avec le grand prêtre Simon et avec les Juifs fut envoyée, entre autres, aux habitants de Cos. I Mach., xv, 23. — 2° Dans son dernier voyage à Jérusalem, saint Paul, après avoir fait ses adieux aux anciens d'Éphèse, à Milet, fit escale à Cos. Le navire qui le portait séjourna pendant une nuit dans le port, et le lendemain repartit pour Rhodes. Act., xxi, 1.

I. Description. — L'île de Cos est située à l’entrée du golfe qui s'étend entre la presqu'île d’Halicarnasse et celle de Cnide. Un étroit passage semé d'écueils la sépare d’Halicarnasse. Elle a 40 kilomètres de long sur 7 à 8 de