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CORROYEUR — CORVEE


préparaient les couvertures des sièges, les enveloppes des carquois, les lanières servant à envelopper les momies, les outres destinées à contenir le viii, et généralement tous les objets en peau ou en cuir. J.-G. Wilkinson, Manners, t. ii, fig. 394. D’après le papyrus Grey, les ouvriers en cuir et en peau faisaient partie de la troisième caste. A Thèbes, ils habitaient un quartier appelé Memnonia. Wilkinson, ibid., t. i, p. 283.

Les Grecs se servaient de procédés semblables à ceux des Egyptiens. Ils trempaient la peau pour l’assouplir, retendaient sur un chevalet, la raclaient et achevaient de la nettoyer dans un bain d’urine, où l’on avait mis tremper des feuilles de mûrier ou de bryone ; puis ils enlevaient le poil. Aristophane, Plutus, v. 166 ; Equit., v. 369-373 ; Pline, H. N., xxiii, 22 et 140. On faisait prendre ensuite au cuir un nouveau bain, eton le tannait. Cette opération consistait à faire macérer la peau dans une fosse entre deux couches de tan, d’alun ou de sel. Enfin on frappait le cuir avec des bâtons. Schol. d’Aristophane, Equit., 368.

Un atelier de corroyeur, découvert à Pompéi, en 1873, donne une idée des établissements de ce genre. Bullettino dell' Instituto archeolog. di Roma, 1874, p. 271. On y voit les bassins dans lesquels se faisait le tannage. On a également trouvé dans la cour les outils servant à gratter (flg.358). L’un est une lame de bronze rectangulaire fixée à un manche de bois, le second est une lame

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358. — Outils de corroyeurs trouvés à Pompéi.

courbe dont la partie concave est tranchante, et qui devait avoir un manche à chaque extrémité ; le troisième est tranchant à la partie convexe et ressemble à l’instrument en usage chez les Égyptiens. Bullett. dell' Inst. archeol. di Roma, 1875, p. 24. Des instruments du même genre ont été trouvés à Mayence. H. Blùmner, Technologie und Terminologie der Gewerbe und Kunste bei Griechen und Rômern, in-8°, Leipzig, 1875, t. i, fig. 29, f et g ; cf. p. 25$1-$267 et 279-281. À cause des odeurs que répandaient leurs établissements, les tanneurs étaient souvent obligés d’habiter des quartiers suburbains. Il en était ainsi à Athènes, à Pompéi, et probablement partout. Schol. d’Aristophane, Equit., 317, 853 ; Acharn., 720, 724. A Rome, ils habitaient la quatorzième région, le Transtévère, où étaient aussi établis les Juifs. Juvénal, Satir., xiv, 202 ; Martial, Epigr., vi, 93. De même, à Joppé, le corroyeur Simon habitait près de la mer. Act., x, 6. Son métier était considéré par les Juifs comme une profession méprisable et presque impure. Voir J.-G. Wilkinson, The Manners and Customs of the ancient Egyptians, 2e édit., in-8°, Londres, 1878, t. ii, p. 185-190 ; A. Erman, Aegypten und âgyptisches Leben im Altertum, in-8°, Tubingue (sans date), p. 598. E. Beurlier.

    1. CORUS##

CORUS (grec : x G P° « )> vent du nord-ouest. Il est parlé de ce vent dans le récit de la navigation de saint Paul. Quand l’Apôtre eut convaincu l'équipage du navire qui le portait que Bonsports n'était pas un lieu propice à l’hivernage, le capitaine se hâta de gagner Phénice, port de Crète, abrité du libonotus et du corus. Act., xxvii, 12. Le corus ou caurus est souvent mentionné dans les auteurs anciens comme un vent froid et violent, qui amène les tempêtes. Virgile, Georg., iii, 278 et 356 ; César, Bell. Gallic, v, 7. Le mot x Si ?°^> employé par saint Luc, est la transcription du mot latin ; c’est le terme employé par les marins romains. Les Grecs appelaient ce vent argeslés. Aulu-Gelle, Soct. allie, ii, 22 ; Pline,

H. N., ii, 119. Sénèque, Quest. natur, , v, 16, distingue cependant entre l’argestès et le corus. Le premier, dit-il, est doux, le second est violent. D’après Pline, H. N., xviii, 338, c’est un vent très froid. Végèce, Epitome rei milit., IV, 38, le confond à tort avec le libonotus. Voir Libonotus. Dans la rose des huit vents d’Aristote, Meteorologica, ii, 6, et dans celle des douze vents de Timosthène, amiral de Ptolémée Philadelphe (Agathamère, I, ii, 7, dans les Geographici minores, édit. Didot, t. ii, p. 473), l’argestès ou corus équivaut à l’ouest-nord-ouest et au nord-ouest 1/4 ouest actuels. Dans la rose des vingtquatre vents de Vitruve, Arch itectura, I, vi, 10, le caurus équivaut au nord-ouest, et le corus au nord-ouest 1/4 nord et nord-nord-ouest. P. Gosselin, Recherches sur la géographie systématique et positive des anciens, in-4°, Paris, 1797-1813, t. iv, p. 409, 410 et 416 ; Jules Vars, L’art nautique dans l’antiquité, in-16, Paris, 1887, p. 32, planche. — L’expression des Actes, -/.xià Xf6a xal xoaà XÛpov, a paru à certains commentateurs difficile à expliquer. Il semblerait que le port de Phénice, dit F. Blass, Acla Apostol., in-8°, Gœttinguej 1895, regarde l’occident, tandis qu’en réalité il regarde l’orient. T. Spratt, Travels and Researches in Crète, in-8°, Londres, 1867, t. ii, p. 18, pense que le sens est celui-ci : pour atteindre le port, les navigateurs doivent se diriger d’abord vers l’africus, c’està-dire vers le sud-ouest ; puis, après avoir passé le cap Lithinos ou Matala, vers le corus ou nord-ouest. D’après Vars, L’art nautique dans l’antiquité, p. 201-202, l’explication est plus simple : la proposition xixi a ici son sens ordinaire, elle veut dire au - dessous. Il faut donc traduire par : sous les vents du sud-ouest et du nord-ouest, c’està-dire abrité contre ces vents par les hauteurs environnantes. E. Beurlier.

    1. CORVÉE##

CORVÉE (hébreu : mas, « tribut » et « prestation » ; Septante : £pfov ; Vulgate : opéra ; mais plus fréquemment les versions emploient les mots qxSpo ; , tributum ; Û7c^xooi, tributarii), travail pénible imposé par l’autorité supérieure à ses sujets ou à des esclaves. C’est par corvée que s’exécutaient tous les grands travaux publics dans l’ancien Orient.

I. La corvée en Egypte. — 1° Pour les Égyptiens. — En Egypte, la construction des grandes pyramides, le creusement des canaux, la construction des palais, des murs des villes, etc., sont l'œuvre des gens de corvée. « Un ordre arrivait au gouverneur, qui le faisait crier de village en village ; le lendemain, toute la population mâle de la province était poussée, comme un troupeau, vers les chantiers. Chacun prenait avec lui, dans un petit sac ou dans une corbeille, ses provisions pour quinze jours ou un mois, quelques galettes sèches, des oignons, des aulx, des fèves d’Egypte. Des enfants aux vieillards, tous partaient. Les plus habiles et les plus vigoureux soulèveraient, dresseraient et assembleraient les blocs de calcaire ou de granit ; les autres seraient toujours assez forts pour transporter au loin les déblais, dans ces couffes en joncs tressés que les bras arrondis soutiennent sur la tête. Toute cette multitude travaillait, sous la direction des architectes, des contremaîtres, des gens de métiers qui restaient, du commencement à la fin, attachés à l’entreprise ; elle faisait la partie de l’ouvrage qui ne demandait pas une éducation technique. Au bout d’un certain temps, de nouvelles escouades arrivaient, arrachées aux campagnes de quelque autre nome ; alors les premiers venus repartaient. » G. Perrot, Histoire de l’art, 1. 1, p. 26, 27. Il y avait en Egypte des corvées régulières, assujettissant les habitants, à époques fixes, au service agricole dans les terres domaniales, Chabas, Mélanges égyptologiques, 3e série, t. ii, p. 131-137, au creusement et au curage des canaux, à la construction des digues. Les campagnards fournissaient en outre des corvées' extraordinaires pour le transport des matériaux destinés à de nouveaux édifices, des statues colossales à mettre en