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CORRECTOIRES DE LA BIBLE —CORRÈTE POTAGÈRE


commencement du xiv Le codex d’Einsiedeln n° 28 a conservé le nom de l’auteur et nous a appris que Guillaume de Mara, franciscain d’Oxford, a fait ce correctoire à Paris. Ce frère est un disciple de Roger Bacon ; c’est probablement l’homo sapientissimus dont le « docteur admirable » parle au pape Clément IV. C’est un érudit et un critique. Il a consulté de vieux manuscrits, une très ancienne Bible de l’abbaye de Sainte -Geneviève, une Bible de Metz, celle que nous appelons la première Bible de Charles le Chauve, et qui est maintenant à la Bibliothèque Nationale, latin n° 1, et la Bible qu’il nomme de saint Grégoire le Grand. Il a lu le Targum, et il cite sous le nom de perus des commentaires du rabbin Raschi. Il a compulsé des manuscrits hébreux, et il distingue de l’hébreu moderne les anciens manuscrits de la France et les exemplaires espagnols. Il méprise les correctoires des Dominicains. Il a recours aux originaux, mais il ne se fie pas à la seule autorité de l’hébreu, et ne retranche pas de la Vulgate tout ce qu’il ne lit pas dans le texte original. Il préfère à celui-ci les anciens manuscrits de la version de saint Jérôme, et il choisit comme la véritable leçon celle qu’ils lui fournissent. Sa science surpasse celle des autres correcteurs du xme siècle, et son correctoire est le meilleur de tous. Il renferme cependant quelques erreurs, notamment au sujet du grec, que Guillaume savait moins bien que l’hébreu. — 3. Il eut un émule dans son frère en religion, Gérard de Huy. Ce franciscain, auteur du Triglossus et destinataire des lettres écrites par un anonyme, probablement Roger Bacon, est toujours d’accord avec ce docteur dans les pensées et souvent dans les expressions. Il est de son école, et, suivant ses principes, il recourt aux vieux manuscrits latins et aux citations des Pères pour discerner la véritable leçon des altérations des copistes, corriger les fautes et retrancher les additions de la Vulgate. Il connaît l’histoire des versions bibliques et l’origine des altérations du texte sacré. Quand les anciens manuscrits latins sont en désaccord, il les compare aux originaux hébreu et grec ; il n’est pas esclave de la lettre, il tient plutôt compte du sens. C’est le texte parisien qu’il corrige, et il justifie ses corrections dans ses notes marginales. Elles témoignent qu’il connaissait mieux le grec que l’hébreu. Les manuscrits latins dont il s’est servi appartenaient à la recension d’Alcuin ; il n’en a pas consulté de plus anciens que ceux du is" et du xe siècle. Les leçons antérieures qu’il cite et que parfois il adopte, il les tient des « modernes ». — 4. Deux autres correctoires, qui ne nous sont parvenus chacun que dans un seul manuscrit, ont été faits par des fils de saint François d’Assise. Le manuscrit 61 de la bibliothèque de la ville de Toulouse, qui est du XVe siècle, reproduit un correctoire peu indépendant des autres et sans grande valeur. Cette œuvre, plus exégétique que critique, a pour auteur le frère Gérard de Buxo, de la custodie d’Avignon. Le manuscrit 28 du couvent d’Einsiedeln, du commencement du xive siècle, nous a conservé l'œuvre du frère Jean de Cologne. Ce ne sont que des extraits. 3° Autres correctoires. — Il existe encore six autres groupes de correctoires qui n’ont guère été étudiés jusqu’ici et qui sont plus ou moins dépendants des précédents. Deux ont des rapports assez étroits avec le correctoire des Dominicains du couvent de Saint-Jacques. L’un est représenté par le manuscrit latin 15554 de la Bibliothèque Nationale de Paris, qui contient le Correctorium Sorbonicum. Il va du folio 1 au folio 146, et il a été connu de Richard Simon, qui en parle, Histoire critique des versions du Nouveau Testament, Rotterdam, 1690, p. 114-121 ; De l’inspiration des livres sacrés, Rotterdam, 1687, p. 3-5 ; Lettres choisies, 2e édit., Amsterdam, 1730, t. iii, p. 108. L’autre existe dans deux manuscrits, dont le premier est à la bibliothèque Laurentienne de Florence, Plut, xxv, 4, et le second à la bibliothèque de l’Arsenal, à Paris, n° 131. Deux groupes se rattachent aux correctoires des Franciscains. L’un, représenté par le

manuscrit 141, class. i, de la bibliothèque Saint-Marc de Venise, dépend à la fois des correctoires de Guillaume de Mara et de Gérard de Huy. L’autre, qui se trouve dans le manuscrit 82 de la bibliothèque Borghèse de Rome, se rapproche du travail de Gérard de Huy. Enfin deux manuscrits du XIVe siècle, le n° 492 de la bibliothèque de Padoue et le n° 47, Cent, i, de la bibliothèque de Nuremberg, contiennent deux correctoires distincts, qui sont très courts.

III. Bibliographie. — J. C. Ddderlein, Von Correctoriis biblicis, dans le Literarisches Musseum, Altorꝟ. 1778, t. i, p. 1 ; t. ii, p. 177, et t. iii, p. 344 ; — Vercellone, Dei correctorii biblici délia Biblioleca Vaticana, dans ses Dissertazioni academiche, Rome, 1864. Cette dissertation avait paru en français dans les Analecta juris pontifiai, t. ii, Rome, 1858, col. 683-691, sous ce titre : Études sur la Vulgate ; — H. de Valroger, Introduction historique et critique aux livres du Nouveau Testament, 1. 1, Paris, 1861, p. 501-507 ; — Kaulen, Geschichte der Vulgata, Mayence, 1868, p. 244-278 ; — H. Denifle, Die Handschriften der Êibel-Correctorien des 13. Jahrhunderts, dans Archiv fur Literatur und Kirchengeschichte des Mittelalters, t. iv, Fribourg-en-Brisgau, 1888, p. 263-311 et 471-601 ; — S. Berger, Des essais qui ont été faits à Paris au xim siècle pour corriger le texte de la Vulgate, dans la Revue de théologie et de philosophie, t. xvi, Lausanne, 1883, p. 41-66 ; Id., De l’histoire de la Vulgate en France, Paris, 1887 ; Id., Quant notitiam linguse hebraicx habuerint christiani medii sévi temporibus in Gallia, Paris, 1893, p. 26-48. E. Mangenot.

CORRÈTE POTAGÈRE. — I. Description. — Herbe annuelle de la famille des Tiliacées, dont les

356.

Chorchorus oUtorlus.

feuilles se mangent comme légume, et dont les fibres de la tige sont employées comme textiles (fig. 356). Les fleurs sont oppositifoliées, jaunes, avec cinq pétales et

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