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CORPS HUMAIN — CORRECTOIRES DE LA BIBLE


rière son corps » ou son dos signifie « ne plus tenir compte d’une chose ». Is, xxxvili, 17 ; III Reg., xiv, 9 ; II Esdr., ix, 26.

II. Dans les livres grecs de l’Ancien Testament. — Le corps est l’habitation de l'âme. Mais cette habitation peut-être ou sans souillure, c’est-à-dire sans penchants trop mauvais, Sap., viii, iiO, ou sous l’empire du péché et des passions perverses. Sap., i, 4 ; Eccli., xlvii, 21. Dans ce second cas, il est un fardeau pour l'âme. Sap., IX, 15 ; Esth., xv, 0. Un jour il ne sera que cendre. Sap., H, 3. En attendant, il est condamné à l’affliction, Eccli., xli, 14 ; II Mach., iii, 17 ; à la souffrance, châtiment pour les méchants, II Mach., ix, 7, source de mérites pour les bons, II Mach., vi, 30 ; vii, 7, 37 ; il est destiné à mourir, II Mach., xiv, 38 ; xv, 30, et à devenir un cadavre. I Mach., xi, 4 ; II Mach., xii, 39. Il y a certains devoirs à remplir à l'égard du corps. Il faut prendre soin de son corps et de celui de ses enfants, Eccli., vii, 26 ; Judith, x, 3 ; en assurer la santé par la tempérance, Eccli., xxxi, 25, 37, car la santé du corps vaut mieux que la richesse, Eccli., xxx, 15, 16 ; l’associer par la mortification aux vertus de l'âme, Esth., xiv, 2 ; enfin rendre au corps les derniers devoirs après la mort. Eccli., xxxviii, 16 ; xliv, 14 ; Tob., i, 21 ; ii, 9 ; iv, 3.

III. Dans le Nouveau Testament. — 1° Le corps de Notre -Seigneur. — Le Fils de Dieu a pris un corps par l’incarnation, Hebr., x, 5, et l’a offert à son Père. Hebr., x, 10. Ce corps a été comparé par le Sauveur à un temple qu’on détruirait et qu’il reconstituerait en trois jours. Joa., ii, 21. Marie Madeleine l’a oint. Matth., xxvi, 12 ; Notre -Seigneur l’a donné aux hommes dans la sainte Eucharistie. Matth., xxvi, 26 ; Marc, xiv, 22 ; Luc., xxii, 19 ; I Cor., x, 16 ; xi, 21, 27, 29. Ce corps a souffert sur la croix, I Petr., ii, 2't ; il en a été déposé, Matth., xxvil, 58, 59 ; Marc, xv, 43, 45 ; Luc, xxiii, 52 ; Joa., xix, 38, a été enseveli, Joa., xix, 40 ; Luc, xxiii, 55, et est sorti vivant du tombeau. Luc, xxiv, 3, 23 ; Joa., xx, 12.

2° Le corps de l’homme. — Saint Pierre et saint Paul comparent leur corps à une tente dans laquelle le voyageur habite et qui doit être démontée bientôt. II Petr., i, 13, 14 ; II Cor., v, 4, 6. Le corps ne vit que par l'âme. Jacob., ii, 26. Dans le mariage, le corps de chaque époux appartient à l’autre conjoint. I Cor., vii, 4. Le corps de l’homme est déshonoré par le péché, qui le fait servir à outrager Dieu. Rom., i, 24 ; viii, 10 ; I Cor., vi, 16 ; Jacob., m, 6. Il devient ainsi un « corps de péché », Rom., vi, 6, et un « corps de mort ». Rom., vii, 24. Il ne faut donc pas laisser le péché asservir le corps. Rom., vi, 12 ; I Thess., v, 23. Il a été délivré de cette servitude par la mort de Jésus-Christ, Rom., viii, 23, et il doit être désormais une victime sainte offerte à Dieu, Rom., xii, 1, servant le Seigneur, I Cor., vi, 13 ; II Cor., iv, 10 ; Phil., i, 20 ; sancliliée par la mortification, 1 Cor., IX, 27, et par la souffrance, à l’exemple de saint Paul portant sur son corps les stigmates, c’est-à-dire les traces des blessures reçues pour l’amour de Jésus-Christ. Gal., vi, 17. Le corps du chrétien peut alors devenir l’habitation de Dieu, I Cor., VI, 20 ; Ephes., iv, 12 ; v, 30, et même posséder une vertu surnaturelle capable d’opérer des miracles. Act., xix, 12. Refuser la sépulture aux corps des serviteurs de Dieu est une iniquité diabolique. Apoc, xi, 8, 9.

3° La résurrection des corps. — À l’occasion de la mort et de la résurrection de Notre-Seigneur, des morts ressuscitent et se montrent avec leurs corps dans Jérusalem. Matth., xxvii, 52. Saint Paul enseigne qu’un jouiDieu « fera revivre les corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en eux ». Rom., viii, 11. Cette résurrection sera glorieuse pour les élus : « Il reconstituera notre pauvre corps sur le modèle de son corps glorieux. » Phil., iii, 21. Dans sa première Épître aux Corinthiens, XV, 35-44, 53, l’Apôtre indique les conditions dans lesquelles s’opérera cette résurrection. Le corps ressuscité sera au corps actuel ce qu’est l’arbre à la semence. La

semence commence par pourrir dans la terre ; de même le corps périra. Mais ensuite, à la corruption, à la bassesse, à la faiblesse, à l’animalité du corps succéderont l’incorruptibilité, la gloire, la force et la spiritualité. Toutefois cette transformation glorieuse sera réservée au corps des seuls élus ; « leur corps mortel sera revêtu d’immortalité. » Voir Résurrection. — Sur le corps mystique de Jésus-Christ, qui est son Église, Rom., xii, 4, 5 ; I Cor., x, '17 ; xii, 12-27 ; Ephes., i, 23 ; IV, 4 ; Col., i, 18, 24 ; m, 15, voir Église. H. Lesèthe.

    1. CORPUS CHRISTI COLLEGE##

CORPUS CHRISTI COLLEGE (CODEX). Ce

manuscrit de la Vulgate hiéronymienne appartient à la bibliothèque du collège du Corpus Christi, à Cambridge, où il est coté n° 286. L'écriture est onciale, d’une main du vu » siècle : il a deux colonnes par page, chaque colonne ebt de 25 lignes. Initiales sans ornements, en marge, plus grandes du triple que les lettres courantes. Hauteur : 24 cent. ; largeur : 19. Le manuscrit compte 263 feuillets. Il contient les quatre Évangiles, mais est mutilé en tête. Deux grandes peintures à pleine page, représentent l’une saint Luc, l’autre des scènes de la vie du Christ. Ce manuscrit a appartenu à l’abbaye de Saint-Augustin, à Cantorbéry, où l’on constate sa présence dès le ixe-xe siècle. Il en a été publié un fac-similé dans le recueil de la Palxographical Society, t. ii, pi. 33 et 44. Wordsworth l’a collalionné pour son édition du Nouveau Testament hiéronymien. P. Batiffol.

CORRECTOIRES DE LA BIBLE. — I. Nature,

RAISONS D'ÊTRE, FORMES DIVERSES ET IMPORTANCE. — Les

correctoires sont des travaux critiques, entrepris au cours du xme siècle, sur le texte de la Vulgate latine en vue de le reviser, d’en élaguer les gloses et de le ramener autant qu’il était possible à sa pureté première. Les corrections opérées au IXe siècle par Théodulfe et Alcuin, au xiie par saint Etienne Harding, abbé de Cîteaux, et par le diacre Nicolas Maniacoria, n’avaient pas empêché de nouvelles altérations de se produire. Selon la juste remarque de Hugues de Saint-Victor, De Scripturis, c. ix, Pair, lat., t. clxxv, col. 18, elles dérivaient pour la plupart du mélange des leçons anciennes avec le texte de saint Jérôme. Un fait qui arriva au début du xme siècle, et qui a été récemment mis en lumière, rendit plus nécessaire que jamais la revision de la Vulgate. Les professeurs de la jeune Université de Paris éprouvèrent le besoin de posséder, pour l’enseignement de la théologie, un texte biblique uniforme. Des libraires ou « stationnaires » et des clercs qui vivaient à leur solde s’employèrent à satisfaire à ce désir. Ils choisirent un des manuscrits de la Vulgate qui avaient alors cours, le prirent comme type et en multiplièrent les copies. Il s'établit ainsi dans la librairie parisienne une sorte d'édition de la Vulgate, que les maîtres en théologie lurent et expliquèrent dans leurs leçons. Elle se vulgarisa bientôt et chassa de l’usage les anciennes Bibles ou les transforma à son modèle. Son succès fut dû en partie à la division en chapitres, qu’avait inventée Etienne Langton et qu’elle reproduisait. Voir Chapitres de la Bible, col. 563-564. Elle a été exécutée peu à peu et non sans quelques divergences, et on estime qu’elle a obtenu sa forme définitive vers 1234 ou peu après. Malheureusement le manuscrit choisi comme type resj semblait à toutes les Bibles du temps et était un mauvais j texte. Il représentait la recension d' Alcuin, mêlée et alté' rée par les scribes postérieurs, et il comptait un grand i nombre de mauvaises leçons et d’interpolations. Les plus longues de ces dernières, celles qui avaient au moins l'étendue d’un verset, provenaient des anciennes versions latines, notamment des textes dits « européens », et par

: l’intermédiaire des Bibles de Théodulfe s'étaient glissées

peu à peu dans les copies de la recension d’Alcuin. Ce j texte vulgaire du XIIIe siècle, que Roger Bacon a désigné