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CALVAIRE — CALVITIE

grands hommes de l’antiquité païenne. Il n’est pas un des monuments anonymes de la Rome impériale qui n’ait changé dix fois de nom depuis le moyen âge. Pour le saint Sépulcre, au contraire, depuis Constantin jusqu’à nous, il y a une immuable fixité dans l’attribution. Avant Constantin, il y a une tradition locale, attestée par les témoignages écrits et par une série d’arguments. » M. de Vogüé, Le Temple de Jérusalem, in-f°, Paris, 1864, p. 117.

H. Lesêtre.

CALVIN Jean, de son nom de famille Cauvin, en latin Calvinus, d’où le français Calvin, né à Noyon en 1509, mort à Genève le 27 mai 1564. Tonsuré et pourvu dès l’âge de douze ans d’un bénéfice à la cathédrale de Noyon, il s’appliqua de bonne heure à la lecture de la Bible, dans laquelle il commença, dit-il, à découvrir les erreurs de l’Église romaine. Après avoir étudié le droit à Orléans et à Bourges, où il se confirma de plus en plus dans les doctrines de la Réforme, il publia son commentaire sur les deux livres de Sénèque, De Clementia (1532 1. Ce fut sa première manifestation. Doué d’un esprit pénétrant et subtil, très versé dans la lecture de la Sainte Écriture et des Pères, il était porté par tempérament aux opinions hardies. Caractère froid et esprit systématique, il fut moins impétueux que Luther, mais alla tout aussi loin que lui. Ses fréquentes relations avec les partisans de la Réforme, surtout avec Bèze et Wolmar, le rendirent suspect. Obligé de quitter l’université de Paris où il étudiait, il se réfugia à Angoulême, où il enseigna le grec, et secrètement continua à prêcher la nouvelle doctrine. C’est là qu’il composa en partie son ouvrage Christianiæ religionis institutio, vrai catéchisme de l’église calviniste, qu’il publia plus tard, in-8°, à Bâle, en latin, en 1536, et qu’il traduisit lui-même en français, en 1540. Calvin y enseigne que par suite de l’obscurcissement de l’esprit humain, produit par le péché originel, l’Écriture est devenue nécessaire. D’après lui, le moyen unique pour discerner les livres inspirés ou divins est le témoignage que le Saint-Esprit rend dans les âmes. Institution de la religion chrétienne, 1. i, ch. vii, 4, 5, édit. de Lyon, 1565, p. 35, 36. Ce témoignage est un goût intérieur, un attrait subjectif. Calvin rejette absolument l’autorité de l’Église pour établir le canon des divines Écritures. Ce système ne devait pas écarter les divisions ; au contraire, il en était le principe. Aussi, débordé par le mouvement qui multipliait les opinions et les controverses, Calvin en arriva à enseigner que le meilleur remède serait dans un synode d’évêques discutant les vérités de la religion et les définissant. Instit. de la relig., 1. iv, ch. IX, 13, p. 971. C’était revenir par une voie détournée au principe d’autorité nié auparavant.

Après avoir erré de ville en ville, Calvin passa en Suisse, où il essaya de propager ses erreurs. Chassé de Genève, en 1538. il se consolait en pensant à David persécuté non seulement par les Philistins, mais encore par ses compatriotes. Comm. in Psalm.præfat., édit. de Robert Etienne, 1557 (p. iv). Après un séjour de trois ans à Strasbourg, pendant lequel il publia son commentaire sur l’Épître aux Romains, il rentra triomphant à Genève, rappelé par le parti aristocratique. Là il regagna bientôt le terrain perdu, devint puissant, et se fit le grand maître de l’église à laquelle il donna son nom. Il fut très dur envers ses contradicteurs, et poussa la cruauté jusqu’à les exiler ou les envoyer à la mort. Il mourut lui-même à Genève, en 1564, en protestant qu’il n’avait jamais prêché que le pur Évangile.

On est surpris qu’avec une santé débile et malgré les multiples labeurs d’une nombreuse correspondance, d’une prédication quotidienne, et le gouvernement politique et ecclésiastique de Genève, Calvin ait pu laisser tant d’écrits. Ceux qui se rapportent à la Sainte Écriture sont : 1° des commentaires sur tous les livres de la Bible excepté les Juges, Ruth, les Rois, les Proverbes, Esther, Esdras ; le Cantique des cantiques, l’Ecclésiaste et l’Apocalypse. Calvin niait l’authenticité de l’Épître aux Hébreux, qu’il commenta, et n’osait se prononcer sur la seconde épître | de saint Pierre. Le commentaire des quatre derniers livres du Pentateuque, intitulé Harmonia quatuor posteriorum librorum Pentateuchi, n’est pas un commentaire littéral. — 2° Harmonia ex tribus Evangelistis Matthæo, Marco et Luca, composita cum commentariis, ouvrage qui eut de nombreuses éditions et fut traduit plusieurs fois en français. — 3° Calvin a retouché et corrigé La Bible en laquelle sont contenus tous les livres canoniques de la Saincte Escriture, translatée en franc par Olivetan, in-4°, Genève, 1540. On ignore d’ailleurs en quoi a consisté exactement le travail de Calvin. Ed. Reuss, Geschichte der heiligen Schriften Neuen Testaments, 6e édit., in-8°, Brunswick, 1887, n° 474, p. 539. — Dans l’édition complète des œuvres de Calvin, publiée à Amsterdam, en 1671, 9 in-f’, les travaux exégétiques remplissent les sept premiers volumes. On a fait depuis lors de nombreuses éditions partielles de ses commentaires. Parmi les plus récentes, on peut citer : Commentarii in Novum Testamentum, édités par Tholuck, Halle, 1833-1838 ; Commentarii in Psalmos, édités par le même, Halle, 1836 ; Commentarii in librum Geneseos, édités par Hengstenberg, 1838. — Les commentaires de Calvin, et principalement les commentaires sur le Pentateuque, Isaïe et les Psaumes, l’emportent de beaucoup sur tous les commentaires luthériens et zwingliens, par le soin que l’auteur met à rechercher le sens littéral, bien qu’il fasse profession d’admettre aussi le sens allégorique, Instit. de la relig., 1. iii, ch. iv, 5, p. 505 ; cf. t. ii, ch. v, 19, p. 255. À cause de cette tendance, les luthériens dédaignèrent les ouvrages exégétiques de Calvin et l’accusèrent souvent d’expliquer l’Écriture comme les Juifs et les sociniens. Cf. A. J. Baumgartner, Calvin hébraïsant, in-8°, Paris, 1889, p. 32-41.

Voir, sur la vie et l’exégèse de Calvin, le t. xxi (1879) de Joannis Calvini Opera quæ supersunt omnia, ediderunt G. Baum, Ed. Cunitz, E. Reuss, Brunswick, 1863 et suiv., formant les t. xxix et suiv. du Corpus Reformatorum ; * Ed. Reuss, Calvin considéré comme exégète, dans la Revue de théologie de Strasbourg, 1853. t. vi, p. 223-248 ; * Escher, De Calvino librorum Novi Testamenti interprete, in-8°, Utrecht, 1840 ; * A. Vesson, Calvin exégète, in-8°, Montauban, 1855 ; * A. Tholuck, Die Verdienste Calvins als Auslegers der heiligen Schrift, dans les Vermischten Schriften, Hambourg, 1839, t. ii, p. 330-360 ; * J. F. W. Tischer, Calvins Leben, Meinungen und Thaten, in-8°, Leipzig, 1794 ; * P. Henry, Das Leben Johan. Calvins, des grossen Reformators, 3 in-8°, Hambourg, 1835-1844 ; Audin, Histoire de la vie, des ouvrages et des doctrines de Calvin, 2 in-8°, Paris, 1841 ; * E. Stäbelin, J. Calvins Leben und ausgewählte Schriften, 2 in-8°, Eberfeld, 1860-1863 ; * F. Bungener, Calvin, sa vie, son œuvre et ses écrits, in-12, Paris, 1863 ; * Eug. et Em. Haag, La France protestante, 2e édit., t. m ( 1881), col. 508-633 ; * A. J. Baumgartner, Calvin hébraïsant et interprète de l’Ancien Testament, in-8°, Paris, 1889.

P. Renard.

CALVITIE. Hébreu : gabbaḥat, de gâbaḥ, « être élevé, » avoir le front haut ; ce mot s’applique à la calvitie de la partie antérieure et supérieure de la tête, et gibbêaḥ désigne le chauve qui a le front dénudé ; qârḥah et qâraḥat, de qâraḥ, « rendre poli » comme de la glace, est la calvitie de l’occiput ; le chauve qui en est affecté s’appelle qêrêaḥ ; le verbe mârat signifie « rendre chauve », et au niphal « devenir chauve ». En dehors du passage du Lévitique, xiii, 40-43, où le mot gabbaḥaṭ ; est employé, et des deux passages du livre d’Esdras, où on lit le verbe mârat, c’est toujours du mot qârḥah dont i se servent les auteurs sacrés. Septante : ἀναφαλάντωμα, φαλάκρωμα, φαλάκρωσις ; Vulgate : calvitium, recalvatio, et pour désigner le chauve : calvus, recalvaster. Les