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CORNEILLE — CORNELIUS À LAPIDE


et dont la loi de Moïse défendait de manger, sous peine de devenir impur soi-même. Act., x, 9-16. Pendant que Pierre cherchait le sens de la vision, les messagers de Corneille arrivèrent à la maison du corroyeur, et demandèrent l’apôtre. L’Esprit-Saint fit connaître à Pierre qu’ils étaient envoyés par Dieu même. Ils firent part de leur mission, et Pierre les accompagna à Césarée. Act., x, 17-23. Quand ils arrivèrent dans cette ville, Corneille, qui avait convoqué ses parents et ses amis, tomba aux pieds de Pierre et l’adora. Pierre releva le centurion et l’instruisit de la foi chrétienne. Puis il ordonna à ceux qui l’accompagnaient de baptiser Corneille et tous les siens. Act., x, 24-48. D’après les Actes, Corneille avait été fanctifié et avait reçu l’Esprit-Saint même avant le baptême ; il était donc dans un état d’amour parfait de Dieu. Act., x, 47. Ce fait et les autres circonstances qui accompagnèrent l’admission du centurion Corneille au baptême montrent de quelle importance était sa conversion dans les desseins de Dieu. D’ordinaire, en effet, la descente du Saint-Esprit suivait le baptême ; ici elle le précède, en sorte que l’admission des gentils dans l'Église ne pouvait être attribuée par les chrétiens à l’initiative de Pierre, mais à la volonté expresse de Dieu. C’est ce que démontrent également les visions par lesquelles Dieu détermine l’apôtre à recevoir Corneille. Cela était nécessaire pour répondre à ceux dont les préjugés repoussaient l’admission des païens au baptême. On sait combien les Juifs étaient convaincus qu’il ne pouvait y avoir de salut en dehors de l’observation de la loi mosaïque. Ce préjugé subsistait chez un certain nombre des nouveaux convertis. Il n’y avait sans doute que peu d’inconvénients à cela tant que l'Église ne sortit pas de Jérusalem et de la Palestine ; mais l’heure allait bientôt venir où l'Évangile serait prêché à toutes les nations, et il fallait disposer les Juifs qui formaient le noyau de l’Eglise chrétienne à comprendre l’esprit de la loi nouvelle. C’est pour cela que l’Esprit-Saint intervint d’une manière si éclatante dans la conversion du premier des Gentils.

L’esprit étroit dont nous venons de parler ne tarda pas à se manifester. Dès qu’on apprit à Jérusalem le baptême de Corneille, les chrétiens d’origine juive demandèrent à Pierre pourquoi il était allé chez des hommes qui n'étaient pas de la circoncision, et pourquoi il avait mangé avec eux. Il leur raconta sa triple vision et la descente du Saint-Esprit sur Corneille avant le baptême, et il ajouta : « Puisque Dieu leur a accordé la même grâce qu'à nous, qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour pouvoir m’opposer à Dieu ? » En entendant ces choses, les opposants cessèrent de protester et glorifièrent Dieu en disant : « Voilà donc que Dieu a accordé aussi aux gentils le repentir pour qu’ils vivent. » Act., xi, 1-18.

D’après saint Jérôme, Adv. Jov’mianum, I, 39, t. xxiii, Col. 265, Corneille fonda à Césarée une église de gentils. Les constitutions apostoliques, vii, 47, t. i, col. 1049, en font le second évêque de cette ville et le successeur de Zachée. Les Actes publiés par Métaphraste, au 2 février, t. cxiv, col. 1293-1311, ne mentionnent pas son épiscopat à Césarée, mais lui attribuent l'évangélisation de la ville de Scepsis en Mysie, dont il devint évêque, et où il mourut saintement, après avoir confessé la foi de Jésus-Christ dans les tortures. Voir Acta Sanctorum, februarii t. i, p. 279-287 ; reproduit dans Migne, Patr. gr., t. cxiv, col. 1287-1292. E. Beurlier.

2. CORNEILLE (Septante : y.opcivi, ; Vulgate : cornicula), une des espèces qui appartiennent au genre corbeau et qui sont comprises dans le terme générique 'ôrêb. Voir Corbeau. La corneille, corvus cornix ou cornicula corona, d’une taille plus petite que celle du corbeau ordinaire, a le plumage d’un noir foncé à reflets violets, le bec et les pieds d’un noir mat (fig. 3541. Sa nourriture est celle du grand corbeau, mais les noix sont particu lièrement de son goût. Sa chair est noire et fétide. La corneille vit communément au centre et au sud de la Palestine, et abonde sur les plateaux de Moab et dans les pays accidentés de Galaad et de Basan. Mais on ne la voit jamais dans la vallée du Jourdain. Tristram, Fauna and Flora of Palestine, Londres, 1884, p. 74. Jérémie, dans la lettre qu’i 1 écrit aux captifs de Babylone et qui est placée à la fin de la prophétie de Baruch, son disciple, est seul à faire mention spéciale de la corneille. Il dit dos dieux chaldéens, impuissants à faire quoi que ce soit : « Ils ne discernent pas ce qui est juste, et ils ne délivrent pas les pays de l’oppression, parce qu’ils ne peuvent

35-t. — La corneille.

rien, comme des corneilles entre le ciel et la terre. » Bar., vi, 53. Les corneilles sont prises ici comme types d’inintelligence et d’impuissance. Nous comparons nousmêmes proverbialement une personne inconsidérée à une corneille qui abat des noix. Quand, en effet, cet oiseau veut abattre ces fruits, il donne à la fois de la tête et de la queue avec une activité qui paraît ridicule. Les dieux de Babylone avaient encore moins de discernement que la corneille. Comme elle, ils étaient entre le ciel et la terre, aussi incapables que l’oiseau d’exercer la moindre

influence sur les choses de ce monde.

H. Lesêtre.
    1. CORNÉLIUS À LAPIDE##

CORNÉLIUS À LAPIDE, jésuite belge. Son véritable nom est Cornelis Cornelissen van den Steen. Né à Bocholt (Campine liégeoise) le 18 décembre 1567, mort à Rome le 22 mars 1637. Il étudia les humanités et la philosophie chez les Jésuites de Maastricht et de Cologne, six mois la théologie à l’université de Douai et quatre ans à celle de Louvain. Ce fut dans cette ville qu’il fut admis dans la Compagnie de Jésus, le Il juillet 1592. Après son noviciat, il répéta un an sa théologie et fut ordonné prêtre le 24 décembre 1595. Il enseigna six mois la philosophie, puis il commença à Louvain son cours d'Écriture Sainte et, en 1597, celui d’hébreu. Sa réputation s'étant répandue au loin, le R. P. Mutius Vitelleschi, général de la Compagnie de Jésus, l’appela à Rome, où il arriva à la fin de 1616. Il continua son enseignement au Collège romain depuis le 30 novembre 1616 jusqu'à sa mort. Cornélius à Lapide s’est fait un nom immortel par ses commentaires sur tous les livres de l'Écriture Sainte, sauf sur Job et les Psaumes. Ils ont été imprimés et réimprimés souvent. Voici dans quel ordre ils parurent pour la première fois : In omnes D. Pauli Epistolas, Anvers, 1614 ; In Pentateuchum, 1616 ; In Jeremiam, Threnos et Baruch, 1621 ; In quatuor Prophetas majores, 1622 ; In duodecim Prophetas yninores, 1625 ; In Acta Apostolorum, Epistolas canonicas et Apocalypsim, 1627 ; In Ecclesiasticum, 1631 ; In Salomonis Proverbia, 1635 ; In Ecclesiasten, 1038 ; In Canticum canticorum, 1638 ; , In librum Sapientise, 1638 ; In quatuor Evanneiia f