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CORINTHIENS (DEUXIÈME ÉPITRE AUX)

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répandue dans toutes les Églises par l'Évangile, ꝟ. 18, probablement Barnabe, ou Silas, ou Luc, ou Marc, et le frère dont l’Apôtre a éprouvé le zèle en plusieurs occasions, ꝟ. 22, probablement Apollos, ou Luc, ou Sosthène, ou Timothée. Aucune indication ne nous permet de choisir entre ces divers noms ou d’autres.

III. Authenticité et canonicité. — 1° Preuves extrinsèques. — Nous ne relevons que de très vagues réminiscences de la deuxième Épitre aux Corinthiens dans les premiers écrivains chrétiens ; mais, à partir du milieu du IIe siècle, les témoignages deviennent très abondants. Funk signale six passages de la première épître de saint Clément Romain, un des épîtres de saint Ignace, trois de l'épllre aux Philadelphiens de saint Polycarpe, et trois de l'épître à Diognète, qui rappellent d’assez loin des paroles de saint Paul dans la deuxième Épître aux Corinthiens. La pensée et même quelques expressions sont identiques dans Polycarpe, ad Phitippenses, ii, 2, t. v, col. 1007, et II Cor., iv, 14 ; dans ibid., iv, 1, t. v, col. 1009, et II Cor., vi, 7 : t 07îXi(T[ô|i.E8a toîî ôitXoii xr^i 51xaio<T’ivir|s. — Le beau passage de la lettre à Diognète, v, 8-16, t. ii, col. 1161, est inspiré certainement de II Cor., x, 3, et le passage vi, 8-10 de xi, 24. À comparer aussi Théophile d’Antioche, ad Autolycurn, i, 2, t. vi, col. 1028, et II Cor., vii, 1 ; — i, 7, col. 1026, et II Cor., v, 4 ; - iii, 4, col. 1125, et II Cor., xi, 19. — Saint Irénée cite deux fois ta seconde Épître aux Corinthiens par son nom : Adv. hœr., IV, xxviii, 3, et xxix, 1, t. vii, col. 1063-1064 ; cf. II Cor., ii, 15, et IV, 4 ; — Hier., III, vii, 1, t. vii, col. 864 ; cf. Hœr., lib. IV, xxvi, 4, t. vii, col. 1055 ; xxix, 1, ibid., col. 1063 ; xxxvi, 6, ibid., col. 1095 ; lib. V, xiii, 4, ibid., col. 1159-1160. Voir Werner, Der Paulinismus des Irenmus, Leipzig, 1889. — Athénagore, De resurr., xviii, t. vi, col. 1009, cite une partie de II Cor., v, 10. — Clément d’Alexandrie cite cette Épitre plus de quarante, fois. Cf. Strom., iv, 16, t. viii, col. 13061310, et II Cor., ii, 14 ; iii, 14. Tertullien la cite aussi très souvent, Adv. Marcionem, v, xi, xii, t. ii, col. 498-503. Cf. de Pud., xiii, t. iv, col. 1003 et II Cor., ii, 6-11. — Basilides la connaissait, et Marcion l’avait admise dans sa collection. VoirZahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, t. ii, p. 513-515, les passages que l’on a reconstitués. La version syriaque Peschito et les vieilles versions latines la possédaient. Le canon de Muratori l’indique. Voir col. 170. — Ces témoignages des Pères, l’admission de cette Épître dans les vieilles versions latines, la Peschito et le canon de Muratori, prouvent que dès le commencement du IIe siècle au moins elle était tenue pour canonique.

2° Preuves intrinsèques. — Aucune lettre ne porte plus marqués les traits caractéristiques de la personnalité de saint Paul. On peut dire qu’il revit là tout entier avec son absolu dévouement à Jésus-Christ, son amour paternel pour les enfants qu’il a enfantés à la foi ; mais aussi avec son tempérament ardent, passionné, et sa mordante ironie. Nous y retrouvons aussi sa méthode ordinaire d’exposition ; il mélange à chaque instant les détails particuliers avec les idées générales ; de la discussion des faits il s'élève à l’enseignement des plus hautes doctrines. Tout en exposant son propre ministère, saint Paul établit la supériorité de la nouvelle alliance sur l’ancienne, m ; de ses propres expériences il conclut à l'état futur, iv, à la résurrection, v. La collecte lui est une occasion d’enseigner l’incarnation de Jésus-Christ, viii, 9 ; la bonté et la munificence de Dieu, ix, 8-12.

Les rapports entre cette Épître et les Actes des Apôtres, ainsi qu’avec les autres Épitres de Paul, sont très nombreux, surtout avec la première Épître aux Corinthiens ; aussi peut-on dire que cette seconde Épitre est la suite naturelle et presque nécessaire de la première. Nous y voyons développés les germes de division qui apparaissaient dans la première ; la situation devient plus accusée et telle qu’elle devait être prévue. Les événements y suivent leur cours normal, si bien qu’on a pu dire qu'à l’aide de

la première lettre on aurait presque pu écrire la seconde ou réciproquement. Signalons les rapprochements les plus frappants :

II Cor., ii, 12. Saint Paul est parti de Troade pour la Macédoine. — II Cor., ix, 2. Saint Paul est en Macédoine.

II Cor., ii, 6-8. Il demande qu’il soit pardonné à l’incestueux. — La plupart des exégètes croient qu’il est question ici de l’incestueux de ICor., v, 1.

II Cor., viii, 1, 2, 5, 7, 11. La collecte pour les pauvres de Jérusalem a été faite.

II Cor., xi, 32. Saint Paul raconte comment il s’est échappé de Damas.

II Cor., 1, 3-10. Saint Paul fait allusion aux dangers qu’il a courus en Asie.

II Cor., i, 19. Silvain et Timothée ont prêché avec lui l'Évangile à Corinthe.

I Cor., xvi, 5. II annonce qu’il passera par la Macédoine pour aller à Corinthe..

I Cor., v, 1-6. Il condamne et excommunie un incestueux.

I Cor., XVI, i. Il a réglé' la manière de faire cette collecte.

Act., ix, 23, 25. Même fait avec quelques autresdétails.

Act., xix. Récit de l'émeute populaire soulevée : par Démétrius contre l’Apôtre.

Act., xviii, 1-5. Silas et Timothée viennent de Macédoine rejoindre Paul à Corinthe.

IV. Intégrité de l'Épître. — 1° Dans la première partie de sa lettre, Paul fait son apologie ; dans la deuxième, il parle de la collecte pour les pauvres de Jérusalem ; puis, au chapitre x, brusquement, sans transition, il apostrophe ses adversaires et recommence son apologie. Le début de ce second plaidoyer personnel paraît être le commencement d’une lettre : « Mais, moimême, Paul, je vous exhorte par la douceur et la clémence du Christ. » Il Cor., x, 1. Aussi a-t-on prétendu que cette dernièrepartie de l'Épitre, tout en ayant été écrite par l’Apôtre, ne faisait pas partie de cette lettre aux Corinthiens, mais aurait été écrite longtemps avant. Hausrath, nous l’avons dit, voyait dans ces quatre chapitres la lettre, dont nous avons parlé plus haut, qui aurait été écrite entre la première et la seconde ; ainsi s’expliquerait la différence de ton entre les premiers chapitres et les derniers, les jugements divers que Paul porte sur ses lecteurs ici et là. Ici, viii, 7, il reconnaît qu’ils possèdent, en abondance la foi, la science et la charité ; là, xii, 20, . il craint qu'à son arrivée il ne les trouve infectés de tousles vices. Ici, il est plein de douceur, il fait presque des excuses, ii, 4 ; vii, 8 ; là, au contraire, il parle avec rudesse, même avec violence ; xiii, 1-10.

Quoique ces observations soient fondées, les derniers chapitres do la lettre n’en sont pas moins la suite naturelle des premiers. Au commencement Paul s’adresse à la partie de la communauté qui lui était restée fidèle ou qui était revenue à lui ; il lui donne des explications très, calmes sur les événements qui ont causé le malentendu entre elle et lui, tandis qu'à la fin il parle de ses adversaires irréconciliables, et, se comparant à eux, il montre combien il leur est supérieur. Cette dernière partie, en outre, ne peut avoir été écrite avant la première, puisque en divers passages elle la suppose ; il y a correspondance évidente entre la fin et le commencement de l'Épître.. Que l’on compare, par exemple, i, 15, et x, 14, ou ii, 2 ; . vu, 9, et xiii, 10 ; c’est la même idée. Aux chapitres iii, 1, . et v, 12, Paul se défend de faire son éloge, tout aussi bien qu’aux chapitres x, 18 ; xi, 16. — Enfin les versets 11-13° du chapitre xm ne peuvent s’appliquer qu’aux lecteurs ; dont il est question dans les premiers chapitres. D’ailleurs les diverses catégories de lecteurs sont bien dis-