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CORINTHIENS (PREMIÈRE ÉPITRE AUX)


témoignages cités plus haut. Elle est cataloguée dans le canon de Muratori et dans tous les autres canons ; elle est dans les vieilles versions syriaques et latines et dans les plus anciens manuscrits grecs, Sinaiticus et Vaticanus.

VI. Importance doctrinale de la première Épître aux Corinthiens. — Chaque phrase de cette lettre porte en soi un enseignement doctrinal et moral ; les relever tous serait faire l’exégèse de toute l’Épttre. Nous signalerons seulement ce qui est dit sur la résurrection de Jésus-Christ, xv, 4-7 ; sur la résurrection, le mode de résurrection], l’état des corps ressuscites, la vie future, xv, 35-58 ; sur le baptême, i, 13-17 ; sur l’Eucharistie, son institution, sa célébration, xi, 23-34 ; sa signification, x, 16, 17 ; sur le culte public, xiv : prière, xiv, 15, prédication, prophétie, xiv, 24-33 ; sur une première ébauche du ministère chrétien, xii, 28, 29 ; sur l’unité de l’Église, dont Jésus-Christ est la tête et les fidèles les membres, xii, 4-27 ; sur l’excommunication, v, 3 ; sur les tribunaux ecclésiastiques, vi, 2-5 ; sur la vertu de charité, xiii ; enfin sur la manière de résoudre les cas de casuistique où les devoirs à accomplir sont en conflit, vu-x et passim. Remarquons encore les versets 3 et 4 du chapitre xv, qui semblent reproduire un symbole de foi. La première Épître aux Corinthiens est bien, on le voit, la source la plus importante que nous possédions sur les croyances et la vie intérieure et publique des premières communautés chrétiennes.

VU. Style et langage. — 1° Cette lettre se distingue entre toutes les Épitres de saint Paul par la noblesse du langage, la hauteur de l’éloquence, la beauté et la variété des figures. L’éloge de la charité, xiii, passe à juste titre pour une des plus belles pages qu’ait écrites l’Apôtre. On dirait qu’il a voulu dans cette Épître prouver aux Corinthiens que, malgré la rudesse de son langage ordinaire, il pouvait, lui aussi, parler une langue châtiée. Il n’est aucune de ses lettres dont le style soit plus clair, la logique plus serrée, les tours de phrase plus vifs et moins enchevêtrés. Il y respecte le plus souvent les règles de la syntaxe grecque. Sa méthode d’argumentation est beaucoup plus conforme aux règles de la logique aristotélicienne que dans certaines de ses Épîtres où dominent les procédés de la dialectique rabbinique. Voir Galates (Épître aux). Il pose un principe général, puis discute la question point par point, en allant du général au particulier, répondant d’avance aux objections et restant toujours dans la question traitée. Il évite ordinairement ces digressions qui lui sont ailleurs si habituelles. On pourrait cependant lui reprocher l’emploi trop fréquent de certains mots, et peut-être un abus de la paronomase. Mais c’est là une des caractéristiques de son style ; quand une idée le préoccupe, saint Paul répète plusieurs fois le mot qui l’exprime.

2° Cette Épître renferme un grand nombre d’âira* Xe-pnsva, cent dix environ ; parmi les expressions les plus remarquables, nous citerons : o %.px°’<~ B i ~ $ aîûvo ; toutou, il, 6, 8 ; tj aostsc toù y.6<sixov toutou, i, 20 ; iii, 18 ; tb TtoTTipiov tt, ; eùXoYÎa ; , X, 16 ; TtoT^piov xupîou, x, 21 ; xvpiaxàv Beîwvov, XI, 20 ; xoivwvî » toû ai’iiatoç, toù o-<i<iato ; , X, 16 ; ib 71veû|ia toû xôo-|iou, II, 12 ; àxa- « -/.cé), U71To ; , xi, 5, 13 ; ptiri) èç&aXjioû, xv, 52 ; |j. « pàv à91, xvi, 22, etc.

3° Les figures de langue et de style y sont très nombreuses, et l’on y retrouve toutes celles qu’a coutume d’employer saint Paul : anacoluthe, iv, 2, 6, 7, 8 ; xii, 28 ; anlithèse, i, 18, 21 ; iii, 2 ; iv, 10, 18 ; viii, 1 ; asyndète, m, 15-16, 17, 18 ; xiii, 4-8 ; euphémisme, v, 1, 2 ; vii, 3 ; ironie, iv, 8 ; viii, 1 ; litote, xi, 17, 22 ; parallélisme, vii, 16 ; x, 23 ; xi, 4-5 ; paronomase, ii, 13 ; iii, 17 ; vii, 31, etc.

4° Relevons comme particularités syntaxiques : l’insertion d’un pronom personnel entre l’article et le nom, IX, 12 ; xvi, 17 ; la répétition des conjonctions, ii, 3 ; in, 22 ; des prépositions, i, 10 ; ii, 3 ; v, 8 ; des mots emphatiques, il, 6, 13 ; x, 1-4 ; l’emploi de toC et de l’inliuitif pour exprimer le but, IX, 10 ; x, 13 ; de v. ; et de ;

npô ; pour exprimer le but ou le résultat, viii, 10 ; ix, 18 ; x, 6, etc.

Vllt. Citations de l’Ancien Testament. — On compte quarante-six citations de l’Ancien Testament dans la première Épître aux Corinthiens ; dixiieuf sont introduites par les termes ù> ; ou xa6<o ; vsyparaTxi, yéy paTrrai yip O’jtw, y.ai yéf paTTTai, « il est écrit », expressions qui dans le langage de saint Paul indiquent une citation des Saintes Écritures. Quinze livres de l’Ancien Testament sont cités : Isaïe douze fois, les Psaumes huit fois, la Genèse cinq, le Deutéronome cinq, l’Exode trois, Osée deux, Job deux, la Sagesse deux, Jérémie, les Lamentations, Malachie, les Nombres, Judith, Ézéchiel, Zacharie, chacun une fois. Quatre citations sont tirées du texte hébreu, i, 20 ; iii, 19 ; xiv, 25 ; xv, 54 ; tandis que huit citations, vi, 16 ; ix, 9 ; x, 7, 20, 21, 26 ; xv, 32, 45, sont exactement conformes au texte grec, et quatorze citations, i, 19, 31 ; ii, 16 ; v, 7, 13 ; x, 5, 6, 22 ; xi, 7, 25 ; xiii, 4 ; xv, 25, 27, 47, reproduisent presque textuellement ou au moins dans sa substance et par allusion le texte grec ; une citation, iii, 20, est conforme aux deux textes hébreu et grec, et trois autres, ii, 9 ; xiv, 21 ; xv, 55, diffèrent tout à la fois des deux textes. Est-il même certain que ii, 9, soit une citation d’isaïe, lxiv, 3 (4) ? I Cor., xiv, 34, serai’t peut-être une citation de Genèse, iii, 16. Enfin quelques-unes de ces citations offrent seulement deux ou trois mots identiques, qui pourraient bien n’être que des rencontres fortuites. Dans cette Épître, comme dans les autres d’ailleurs, nous constatons donc que saint Paul connaissait le texte hébreu, mais employait de préférence le texte grec, ce qui s’explique par ce fait que presque tous ses lecteurs connaissaient seulement les Septante. Il est probable qu’il ne se servait du texte hébreu que lorsque le grec ne pouvait lui fournir la base de son raisonnement.

Cette Épître contient une des trois citations que saint Paul emprunte aux auteurs grecs classiques, xv, 33. « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » reproduit un vers de la Thaïs de Ménandre, qui l’aurait emprunté à Euripide. La parabole du corps et de ses membres, xii, 12-27, ressemble beaucoup à celle que raconte Ménénius Agrippa. Tite-Live, ii, 32.

IX. Texte de l’Épître. — Des vingt manuscrits onciaux qui contiennent les Épitres de saint Paul, quinze la possèdent en entier ou en très grande partie ; les autres en ont seulement des fragments. Voir pour le détail, ainsi que pour ce qui concerne les manuscrits minuscules et les versions, Tischendorf, Novum Testamentum grœce, t. iii, Prolegomena, auctore C. R. Gregory, p. 418-435 ; 653 675, 801-1128, 1286-1297.— Les manuscrits présentent quelques variantes intéressantes ; aucune n’atteint gravement le sens du texte. Une cependant le modifie profondément ; c’est celle du £.51 du chap. xv. Faut-il lire : Ttd’/ttz où xoi[jiT, 8r|(7Ô ! iE6a, 711vT£S 8è à.-in<iôit0a’! — ou bien : ndcvTs ; [xèv xoijj.T, 8r, a6jj.s60<, où hocvte ; 8è à)..yr l ao|a&9x ? — ou bien : ttïvts ; [aev àvao’Tr J o*6’|jLs0a, où TravTeç ôè â).), ïvr ; o-ô’|ji.s6a ? Voir dans Tischendorf, Novum Testamentum grœce, t. ii, p. 561-563, les autorités pour ces Irois variantes. À considérer l’évidence interne et externe, la première doit être adoptée, ainsi que l’a démontré Cornely, I’ad Corinthios, p. 506-509.

X. Analyse de l’Épître. — On peut distinguer dans la première Épître aux Corinthiens : le prologue, i, 1-9 ; le corps de l’écrit, i, 10-xv, 58, et l’épilogue, xvi.

I. Prologue, i, 1-9. — Salutation de Paul, apôtre, et du frère Sosthènes à l’Église de Corinthe et à tous ceux qui invoquent le nom de Jésus-Christ, i, 1-3. — Action de grâces offerte à Dieu pour les dons de parole et de connaissance accordés aux Corinthiens, et espérance de leur persévérance finale, fondée sur la fidélité de Dieu et leur communion avec Jésus-Christ, 4-9.

II. Coups de lÉ pitre, i, 10-xvi, 58.-rpremière partie. Correction des abus, i, 10- vi, 20. — i. Les factions, i, 10-iv, 21. — Exhortation générale à l’unité, i, 10 ;