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CORINTHE


ainsi que celui de la fameuse courtisane Laïs. Dans son éloquent symbolisme, ce dernier disait l’impitoyable domination de la femme sur l’homme livré aux désirs de la chair. L’artiste y avait représenté une lionne tenant entre ses griffes un bélier, emblème lubrique, dont elle léchait la tête avant de le dévorer. La nécropole de Corinthe, d’où l’on a extrait, dans l’antiquité et de nos jours, tant de vases et de statuettes de prix, était au nord de cette avenue.

Y eut-il à Corinthe, comme à Rome, des quartiers plus particulièrement fréquentés par les Juifs ? C’est probable, et tout porte à croire que ces petits marchands ambulants durent se tenir vers la porte de Cenchrées, comme

les pierres de bel appareil qui ont appartenu à l’édifice antérieur. Quelques fragments de frises ou de colonnetles se dressent sur des sépultures chrétiennes avoisinant ces sanctuaires. De nombreuses inscriptions se lisent çà et là, mais elles sont peu anciennes. Aussi ne nous ont-elles rien appris sur la vieille histoire des cinq églises que nous avons visitées. Toutefois, si on veut faire attention aux sites que celles-ci occupent et aux saints qu’on y honore, on sera peut-être porté à les identifier arec cinq des temples indiqués par Pausanias. Le sanctuaire de Paraskevi aurait été bâti, selon mon hypothèse, sur celui d’Apollon. Entre le Sauveur et le dieu Soleil il y avait un rapprochement à imaginer, et le christianisme

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351. — Tue de Corinthe. D’après une photographie.

dans la capitale de l’empire ils se tenaient à la porte Capène. Leur synagogue put être plus près de la ville, peut-être à l’église actuelle de Panaghia.

III. PaléoCorinthe. — Nous avons visité trois fois, avec M. Vigouroux, en 1888, en 1893 et en 1894, les ruines de Corinthe (fig. 351), mais sans y jamais découvrir aucune indication sérieuse se rapportant aux origines chrétiennes. Le misérable village actuel de PaléoCorinthe, marquant la place de la grande cité, et qu’il ne faut pas confondre avec la ville moderne de Corinthe, a pourtant cinq églises. Par l’insistance qu’on a mise à les rebâtir, on serait porté à croire qu’elles correspondent à des sites antiques. Leur aspect actuel très misérable nous rappelait les petites bergeries basses qu’on voit dans nos plaines de la Camargue. Une sorte d’auvent en tuiles grisâtres leur sert régulièrement de porche. On y descend par des escaliers, ce qui prouve l’antiquité des édifices primitifs sur lesquels elles ont été construites. Quelques vieilles colonnes à moitié enfouies dans le sol y soutiennent les toitures pitoyablement modernes et banales. Si on examine attentivement les murs engagés sous terre, il n’est pas rare d’y trouver encore

hellénique n’y manqua pas, ainsi que nous l’avons déjà observé en parlant des monuments religieux d’Athènes. L’église du saint Théologien Jean, où l’on descend par plusieurs degrés, et dont une seule nef subsiste, semble correspondre au temple de la sage Minerve. Athénè Chalinitis, apportant à Bellérophon le frein qui devait gouverner Pégase, fit place à l’évangéliste du Verbe donnant à la raison humaine la révélation divine pour se diriger. Saint-Athanase, une dénomination plus moderne, aurait été bâti sur l’ancien temple d’Octavie ; en sorte que la fontaine du Platane serait celle du dauphin et de Neptune, au bout de l’agora. Sainte -Anne, d’après ce que nous affirme notre guide et ami, M. Pélopidès, a été reconstruite sur l’ancienne métropole ou église cathédrale, qui elle-même avait peut-être pris la place du temple de la Fortune, ce sanctuaire principal du paganisme. Quant à la Panaghia, assez éloignée des autres et située sur l’ancienne route de Cenchrées, je la crois trop rapprochée de la ville ancienne pour y chercher les restes du temple de Vénus la Noire, près du bois de cyprès du Craniou. Peut-être consacre-t-elle le souvenir de