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CORIANDRE — CORINTHE


CORIANDRE. Hébreu : gad ; Septante : xôpiov ; Vulgale : coriandrum.

I. Description. — Herbe annuelle de la famille des Ombellifères et type de la tribu des Coriandrées. À l'état frais l’odeur de la plante entière exhale par le froissemont une odeur fétide, analogue à celle de là punaise ; mais cette odeur se modifie par la dessiccation et devient agréable. On emploie surtout le fruit, qui est globuleux, de cinq millimètres de diamètre, de couleur brun clair, et orné de côtes longitudinales, les unes plus saillantes

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346. — Coriandrum sativum.

La petite graine reproduit, grandeur naturelle, une graine

desséchée, rapportée du Sinaï en 1894.

et rectilignes, alternant avec d’autres un peu déprimées, mais remarquables par leurs plissements. — L’unique espèce cultivée pour l’usage de la parfumerie est le Coriandrum sativum (fig. 346), originaire de l’Orient, et qui croît spontanément dans toute la région méditerranéenne. Boissier, Flora orientalis, t. ii, p. 921, dislingue en outre, sous le nom de Coriandrum tordylioides, une forme voisine, découverte par Fenzl et spéciale à la Syrie, qui ne diffère de la précédente que par son port plus robuste et ses feuilles moins finement découpées. F. Hy. II. Exégèse. — D’après Exod., xvi, 31, et Num., xi, 7, la manne ressemblait à la graine de gad. Or le gad est certainement la coriandre : c’est la traduction des Septante et de la Vulgate, des paraphrases chaldéennes, du syriaque et de l’arabe ; c’est aussi le nom de la même plante en punique ou phénicien, yoîS, selon Dioscoride, m, 64. La coriandre était bien connue des Hébreux pendant leur séjour en Egypte : elle y croît spontanément ; on l’appelait ounsaou, et sa graine ounsi. Les papyrus médicaux la nomment fréquemment ; on se servait de la graine pour rendre le vin plus enivrant. Des débris de cette plante et des graines ont été plusieurs fois trouvés dans les lombes égyptiennes. V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., in-8°, Paris, 1892, p. 72. Cette plante était aussi, comme aujourd’hui, très abondante dans le Sinaï et la vallée du Jourdain. Rien donc de plus naturel que de

comparer la manne à une graine si connue des Hébreux. D’après Exod., svi, 31, « la manne est comme la graine de coriandre (fig. 346), lâbàn (blanche). » Cette dernière épithète se rapporte à la manne et non à la graine de coriandre, qui n’est pas blanche. On compare la manne à cette graine pour la grosseur seulement et non pour la couleur. C’est ce qui ressort clairement du reste du passage parallèle, Num., xi, 7 : a La manne est comme la graine de coriandre, avec l’aspect du bdellium. » Voir t. i, col. 1527. Les rabbins l’avaient bien compris ainsi, quand ils disent, Ioma, viii, ꝟ. 75, « la manne est ronde comme la corhndre et blanche comme la perle. »

E. Levesque. CORINTHE (Kôpiveoç), ville de Grèce (iig. 347), où saint Paul a annoncé l'Évangile avec le plus de succès. Il y arriva seul une première fois, après son bref séjour à Athènes, et s’y établit chez Aquila et Priscille, Act, xviii, 1, deux Juifs, mari et femme, chassés de Rome, avec la masse de leurs compatriotes, vers la fin du règne de Claude. D’après Suétone, Claude, xxv, cette expulsion avait été motivée par l’agitation bruyante qui avait

347.

Monnaie de Corinthe.

Tête de Pallas, a gauche ; derrière, tête du Soleil radié ; au-dessous, A. — fy Pégase, a gauche, prenant son essor ; au-dessous le koppa, 9.

concordé dans les synagogues avec l’annonce de l'Évangile et du Christ son auteur, — impulsore Chresto, — prêchée par quelque nouveau venu de Palestine, saint Pierre selon toute probabilité. Pour gagner sa vie, Paul se mit à faire des tentes, comme les hôtes chez qui il avait reçu l’hospitalité. Silas et Timothée ne tardèrent pas à le rejoindre. Sa parole trouvant de violents et obstinés contradicteurs dans la synagogue, il laissa les Juifs de côté, et s’occupa exclusivement de prêcher aux nations. Afin de mieux affirmer aux yeux de tous ses préférences pour les Gentils et l’inutilité des prescriptions légales, il se mit à enseigner chez un païen converti, Titus Justus, dont la maison était contiguë à la synagogue. Ainsi se fonda l'Église de Corinthe. Paul consacra dixhuit mois à la développer, sans se laisser décourager par une sédition de Juifs fanatiques, que le proconsul Gallion traita d’ailleurs avec une parfaite indifférence. L’Apôtre ne partit avec Aquila et sa femme que quand l’heure lui parut propice pour retourner en Orient. Peu après, Apollo, instruit et envoyé d'Éphèse par Priscille, vint l’y remplacer et continuer son apostolat. Act., xviii, 26 et suiv. Nous lisons positivement, Act., xx, 3, qu’une autre fois Paul retourna en Grèce et y passa trois mois, visitant certainement Corinthe. Malheureusement nous n’avons pas de détails sur ce séjour, où il semble avoir eu pour préoccupation principale de recueillir quelques aumônes en faveur des fidèles de Jérusalem. Selon toute probabilité, d’après II Cor., xii, 14 ; xiii, 1, comp. avec II Cor., xii, 21 ; ii, 1 ; xiii, 2, Paul, pendant sa longue station à Éphèse, était déjà allé une seconde fois visiter Corinthe, entre les deux lettres qu’il écrivit aux fidèles de cette Église. Qu’il y ait enfin reparu après son procès de Rome, c’est aussi ce que plusieurs supposent avec quelque vraisemblance. Saint Pierre luimême évangélisa Corinthe et y eut ses partisans. I Cor., i, 12, cf. Eusèbe, H. E., ii, 24, t. xx, col. 209. L'Église