Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/507

Cette page n’a pas encore été corrigée
971
972
CORE


Cette épreuve eut lieu le lendemain, comme l’avait prescrit Moïse. Accompagnés encore de la multitude séduite par eux, Coré et les deux cent cinquante Israélites se trouvèrent avec leurs encensoirs pleins de feu à la porte du tabernacle, où les attendaient Moïse et Aaron. En ce moment « parut à tous les regards la gloire du Seigneur », c’est-à-dire que la colonne de nuée qui résidait sur le tabernacle devint resplendissante de lumière, afin de rappeler plus vivement la présence de Dieu, qui l’avait choisie pour demeure pendant le séjour d’Israël au déssrt. Voir Colonne de nuée, col. 855. Le Seigneur annonça qu’il allait exterminer à l’instant tous les rebelles ; mais il se laissa toucher à la prière de Moïse et d' Aaron, et, se contentant du châtiment des chefs, il ordonna à Moïse de faire éloigner le peuple des tentes de Coré, de Dathan et d’Abiron, afin qu’il ne fût pas enveloppé dans leur destruction. Num., xvi, 18-26.

Dathan et Abiron allaient être punis auprès de leurs demeures ; ils n’avaient pas cru devoir venir au tabernacle avec les autres rebelles. Déjà, la veille, ils s'étaient retirés pendant que Moïse haranguait les autres, — peutêtre même n'étaient-ils pas venus avec eux, — et, quand Moïse les avait mandés auprès de lui, ils avaient refusé de s’y rendre, en lui reprochant ironiquement d’avoir donné au peuple un désert au lieu d’un « pays où coulaient le lait et le miel ». Num., xvi, 12-14. Leurs critiques s’adressent surtout à Moïse et à son gouvernement, qu’ils censurent amèrement ; ils paraissent moins soucieux de la dignité religieuse d’Aaron, et ce fut peut-être un des jnotifs pour lesquels ils n’allèrent pas offrir l’encens devant le tabernacle. Peut-être attendaient-ils chez eux la nouvelle du succès des sacrificateurs contre Aaron, pour mettre à exécution à leur tour leurs projets contre l’autorité de Moïse. Moïse vint donc avec les anciens du peuple vers ces « hommes impies », et sur son ordre la foule fit cercle autour de leurs tentes. Dathan et Abiron sortirent avec leurs femmes, leurs enfants et ceux qui les soutenaient, et ils se placèrent devant la porte des tentes. Moïse s’adressa alors au peuple pour annoncer qu’il allait agir au nom du Seigneur et par sa puissance, et qu’afin de montrer à tous que Dathan et Abiron s'étaient révoltés contre Dieu même en attaquant Aaron, la terre allait s’ouvrir et les engloutir vivants, eux et teuis familles avec tout ce qui leur appartenait, ce qui eut lieu à l’instant même. La foule, épouvantée par la vue de ce spectacle inouï et par le cri des victimes, s’enfuit dans la crainte du même sort. Num., xvi, 25-34 ; Deut., xi, 6.

Un autre genre de châtiment frappa les deux cent cinquante révoltés qui offraient l’encens devant le tabernacle : ils furent dévorés par « un feu sorti du Seigneur », Num., xvi, 19, 35, et Dieu ordonna qu'Éléazar jetât le feu de leurs encensoirs, et que par ses soins l’airain de ces encensoirs fût réduit en lames et appliqué sous cette forme à l’autel des holocaustes, comme un souvenir de la punition des profanateurs et un avertissement pour ceux qui voudraient les imiter à l’avenir. Num., xvi, 36-40 ; cf. Jud., y. 11. Quant à Coré, le livre des Nombres ne nous dit pas en cet endroit s’il fut puni avec Dathan et Abiron ou bien s’il périt avec ceux que la flamme consuma ; les commentateurs sont en conséquence partagés sur ce point. Le récit de la sédition paraît favoriser le sentiment des exégètes qui pensent que Coré périt par le feu avec ceux qui offrirent l’encens comme lui. Voir Estius, Annot. in Num., xvi, 35.

La mort de Coré ne rétablit pas l’ordre troublé par sa révolte. La multitude qu’il avait gagnée commença à murmurer le lendemain contre Moïse et Aaron, en leur reprochant d’avoir fait périr « le peuple de Dieu ». Le Seigneur avait épargné la veille ces partisans du rebelle ; mais, en entendant leurs murmures, il déchaîna contre eux un fléau terrible, qui sema rapidement la mort dans le camp. La vengeance divine avait déjà fait quatorze mille sept cents victimes, lorsque Aaron vint l’arrêter par

son intervention. Num., xvj, 41-50. Cependant on ne trouva, ni parmi les morts de cette seconde journée ni parmi ceux de la veille, aucun des fils de Coré ; et l’auteur sacré fait remarquer que c’est par une sorte de miracle qu’ils ne furent pas entraînés dans la perte de leur père, Num., xxvi, 10-11, sans s’expliquer sur la nature de ce prodige. La raison de cette préservation providentielle fut sans doute le refus de participer à la révolte de leur père, malgré l’exemple donné par les familles de Dathan et d’Abiron. Dieu sembla les récompenser encore de leur fidélité dans la personne de leurs descendants par la place honorable que ceux-ci obtinrent dans les fonctions du culte et le service du Temple ; ce fut d’ailleurs l’un d’eux et le plus illustre de tous, Samuel, qui reçut de Dieu la mission de fonder la monarchie en Israël. I Beg., i-xxv, 1 ; I Par., vi, 22, 28 ; IX, 19 ; xxvi, ; II Par., xx, 19. Les inscriptions placées en tête des Psaumes en attribuent onze aux « fils de Coré », à savoir : les Psaumes xli, xliii-xlviii, lxxxiii, lxxxiv, lxxxvi, lxxxvii.

III. Importance historique de cet événement. — La révolte de Coré fut un des événements les plus considérables qui signalèrent le séjour des Israélites au désert. Elle se distingua des autres rébellions par son caractère constitutionnel, pour employer une expression empruntée à nos institutions modernes. Le but de son auteur était de détruire la constitution religieuse et l’autorité politique établies par Jéhovah, pour leur substituer un nouvel ordre de choses. Aussi voyons-nous que Dieu, au lieu de châtier simplement les rebelles selon sa coutume, Num., xi, 1 ; xiv, 21-22, etc., daigne les défier et les provoquer à une épreuve solennelle au moyen de laquelle il défend publiquement la légitimité du sacerdoce d’Aaron, tandis que Moïse s’en va de son côté faire éclater son autorité contre les Rubénites, qui en voulaient surtout au chef politique d’Israël. C’est encore pour répondre d’une autre manière aux prétentions des usurpateurs que Jéhovah veut que leurs partisans ne doivent leur salut qu'à l’intercession d’Aaron, Num., xvi, 22, 46-48 ; et de même il confirme la succession des grands prêtres dans la famille d’Aaron en ordonnant qu'Éléazar, son fils aîné, et non Aaron lui-même, disperse le feu des encensoirs et réduise le métal dont ils sont faits en lames qu’il devra attacher de ses mains à l’autel, comme un témoignage perpétuel du droit exclusif et imprescriptible des descendants d’Aaron aux fonctions du sacerdoce. Num., xvi, 37-40. Voir saint Augustin, 1. IV, Qusest. xxx in Num., t. xxxiv, col. 730-731. Telle était l’importance de la question soulevée par Coré, que Dieu voulut la régler une fois de plus et sous une autre forme, par le prodige de la verge d’Aaron fleurissant seule au milieu de celles des chefs des autres tribus. Num., xvii, 1-10. Voir Aaron, t. i, col. 7. Le peuple put comprendre par cette conduite de Dieu toute la gravité de l’attentat de Coré ; aussi la mémoire du rebelle futelle désormais en exécration dans Israël. Nous voyons, longtemps après, les filles de Salphaad protester que leur père n’avait point trempé dans la conspiration, Num., xxvii, 3 ; et, dans le Nouveau Testament, saint Jude, y. 11, met Coré sur la même ligne que Caïn et Balaam. E. Palis.

4. CORÉ. Un des fils d’Hébron dans la descendance de Juda. I Par., ii, 43.

5. CORÉ (Codex Alexandrinus : XwsrJ, père de Sellum ou Mésélémia, chef de portiers sous le règne de David. I Par., ix, 19 ; xxvi, 1, 14. Ce Coré ; hébreu : Qorê') était un descendant de Coré 3 (hébreu : Qovah).

6. CORÉ (Septante : Kopr, ; Codex Alexandrinus : Kuprj), lévite, fils de Jemma. Il était gardien de la porte orientale sous le règne d'Ézéchias et était chargé de la distribution des revenus sacrés. II Par., xxxi, 14.