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CORDOVA — CORÉ


    1. CORDOVA Jean -Rodolphe##

CORDOVA Jean -Rodolphe, jésuite espagnol, né à Arevalo (Espagne) en 1602, mort à Logrono le 8 octobre 1655. Il entra au noviciat des Jésuites en 1617, professa la théologie morale et fut appliqué pendant vingt ans à la prédication. Il a laissé : Catena proonyma versionum glossematum SS. Patrum veterum et neothericoruni interpretum Hebrxorum, Greecorum, Latinorum in 11Il libros Regum tomus primus… Cum institutionibus nwralibus pro concionatoribus, in-f°, Lyon, 1652. Les deux autres volumes n’ont pas été publiés.

C. SOMMERVOGEL.

CORÉ. Nom de six personnages dans la "Vulgate ; mais, dans le texte hébreu, les quatre premiers portent le nom de Qôrah, « calvitie ; » les deux derniers celui de Qôrê', « héraut. » Les Septante, sauf une fois, transcrivent partout KopÉ.

1. CORÉ. Troisième fils d'Ésaù par Oolibama. Il naquit en Chanaan avant que son père ne se fût fixé dans les montagnes de Séïr, et fut un des chefs, 'allûf, d'Édom. Gen., xxxvi, 5, 14, 18 ; I Par., i, 35.

2. CORÉ. Cinquième fils d'Éliphaz, le premier-né d'Ésaù, d’après Gen., xxxvi, 16. Mais dans la liste des enfants d'Éliphaz donnée plus haut, Gen., xxxvi, 11, ce nom ne figure point, ni non plus dans la liste de I Par., i, 36. Il paraît donc s'être glissé à tort au ꝟ. 16 par inadvertance de copiste : le samaritain dans ce verset omet ce nom.

3. CORÉ, lévite, fils d’Isaar, petit-fils de Caath et arrière-petit-fils de Lévi. Exod., vi, 16, 18, 21. Son nom est resté attaché à une sédition dirigée contre Moïse et Aaron et dont il fut l’instigateur et le chef. La date de cette révolte n’est pas donnée par le livre des Nombres, où l’on en trouve le récit ; mais elle dut éclater peu de temps après l’inauguration du nouveau sacerdoce dans la personne d' Aaron et de ses fils ; car ce fut surtout l’institution de ce sacerdoce qui provoqua les mécontentements dans lesquels il faut voir les origines de la conspiration de Coré.

I. Causes et but de la conspiration. Complices de Coré. — La création du souverain pontificat et du sacerdoce aaronique, que Dieu établit après l’exode, Exod., xxviii, xxx ; Hebr., v, 4 ; II Par., xxvi, 18, constituait une sorte de révolution religieuse de la plus haute importance et qui allait à l’encontre des traditions patriarcales encore en vigueur au moment de la sortie d’Egypte. Selon ces traditions, l’aiué de chaque famille était prêtre. Ëxod., xix, 22-24 ; xxiv, 5. L’innovation dut donc être acceptée à contre-cœur par un grand nombre d’Israélites attachés à cet antique usage. Ce changement fut accueilli avec défaveur même parmi les Lévites. Moins sensibles à l’honneur que Dieu avait fait à leur tribu en les consacrant à son culte, qu'à la position inférieure où il les avait mis vis-à-vis de la famille d’Aaron, dont ils étaient comme les serviteurs, plusieurs d’entre eux prétendirent partager avec les Aaronites la dignité sacerdotale, sinon même la leur ravir à leur profit. Num., xvi, 3, 7 b -H. Le Caathite Coré, qui aspirait au sacerdoce comme les autres Lévites, et portait même ses vues plus haut, jusqu’au souverain pontificat, avait en outre un motif personnel de ressentiment contre Moïse : celui-ci lui avait préféré comme chef de tous les Caathites nlisaphan, qui appartenait à la dernière des branches de la famille, celle des Oziélites. Num., iii, 30.

Une autre tribu n’avait pu considérer sans un dépit particulier la nouvelle organisation des pouvoirs en Israël : c'était celle des Rubénites. Elle voyait les fils d’Amram en possession des droits dont Jacob avait dépouillé Ruben, son fils aîné, le sacerdoce donné à Aaron et surtout la magistrature suprême exercée par Moïse. Gen., xxvii, 29 ; xlix, 3-4, 8 ; I Par., v, 1-2. Voir Aînesse, t. i, col. 318-319. Les Rubénites avaient ainsi un double motif de

jalousie contre les fils d’Amram, l’un religieux, l’autre politique, et celui-ci était le plus puissant, comme on le voit par la suite des faits. Num., xvi, 12-14 ; cꝟ. 24-25.

Toutefois ces mécontentements d’origine diverse répondaient à des intérêts non seulement différents, mais encore opposés les uns aux autres, et faisaient naitre des projets ou des désirs contraires : le peuple en général souhaitait simplement le rétablissement de l’antique sacerdoce de la famille ; les Rubénites aspiraient à reconquérir pour leur tribu les prérogatives perdues par Ruben, et n’entendaient pas travailler à assurer à celle de Lévi ce qu’ils regardaient comme une usurpation accomplie à leur préjudice ; pour les Lévites enfin, l’unique but à atteindre était de dépouiller la famille d’Aaron, mais en faisant toujours de ses fonctions sacrées l’apanage de leur tribu. Il fallait cependant, pour le succès de la conspiration, trouver un terrain sur lequel on put réunir tous les esprits, malgré cette diversité de vues et de tendances particulières. Or le seul point commun entre tous les mécontents était le désir de renverser le sacerdoce aaronique et avec lui, s’il le fallait, l’autorité de Moïse ; ce dernier résultat était même le principal objectif des Rubénites. Celte revendication unanime était un mobile suffisant pour obtenir une action commune. Coré le comprit ; aussi adopta-t-il, pour exprimer les volontés des révoltés, une formule générale et populaire, et le cri de ralliement de tous les conjurés fut l’abolition des privilèges de la famille d’Aaron et l'égalité de tous les Israélites devant le Seigneur. Num., xvi, 2.

Une circonstance topographique favorisa la préparation du complot et contribua à en assurer le succès : les Caathites et les Rubénites se trouvaient placés les uns à côté des autres dans la partie méridionale du camp, au sud du tabernacle. Num., ii, 10 ; iii, 27, 29. Ce voisinage établissait naturellement entre eux des relations plus intimes et facilitait les communications. Coré put donc aisément chercher des partisans parmi les Rubénites. Ses principaux complices furent Dathan et Abiron, fils d'Éliab, et un troisième, Hon, fils de Phéleth, qui n’est plus nommé dans le récit de la sédition. Num., xvi, 1. Ils appartenaient, au moins les deux premiers, aux familles les plus distinguées de la tribu de Ruben. Num., xvi, 5. Outre les Rubénites, Coré souleva encore contre Moïse et surtout contre Aaron, ou plutôt contre Dieu même, Num., XVI, 9, deux cent cinquante Israélites qui comptaient parmi les premiers des différentes tribus, Num., xvi, 2, 11 ; et ensemble ils soufflèrent l’esprit de révolte dans le peuple et l’entraînèrent à leur suite. Num., xvi, 5, 19, 41-42.

II, La révolte et le châtiment divin. — C’est à la tête de cette mullitude hostile que Coré vint dire à Moïse et à Aaron : « Assez pour vous ! » Num., xvi, 3° (selon l’hébreu), et les sommer de rendre le sacerdoce à toute la nation, qui était, disait-il, le peuple de Dieu et un peuple de saints, Exod., xix, 6 ; cf. I Petr., ii, 9, comme si Israël pouvait rester le peuple de Dieu en renversant l’ordre établi par Dieu même. Num., xvi, 3. Moïse se prosterna pour prier ; puis il reprocha sévèrement à Coré et aux Lévites leur ingratitude envers le Seigneur et leur indiqua de sa part un moyen surnaturel de trancher la question entre eux et Aaron. Puisqu’il s’agissait du sacerdoce, dont la prérogative essentielle est le droit d’offrir des sacrifices, c’est dans l’oblation du sacrifice qu’on chercherait la réponse de Dieu, et l’on choisirait le sacrifice de l’encens, pour rendre l'épreuve plus simple et plus facile. Aaron d’un côté, les deux cent cinquante prétendants de l’autre, offriraient en même temps l’encens dans leurs encensoirs allumés. Num., xvi, 4-11, 16-17. Les conjurés avaient dû fabriquer d’avance les encensoirs en prévision de leur usurpation, ou bien ils les avaient emportés avec les autres dépouilles en quittant l’Egypte, Exod., iii, 21 -22 ; xi, 2 ; xii, 35-36, où ces objets étaient très communs.