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CONFESSION — CONFUSION DES LANGUES


en parlant du blasphème contre le Saint - Esprit. Voir Drach, lac. cit., p. 741, 770, 788, et Corluy, L’Épitre aux Hébreux, dans Le Prêtre, 1892, p. 313, 729 et 992.

Beaucoup de protestants ont cru voir dans la Sainte Écriture que le baptême assure la sainteté et le salut à ceux qui le reçoivent, et que l’Église est la communauté des saints sans péché. Ce sont là des vues conformes à la doctrine de Luther et de Calvin sur la justification et sur l’Église ; mais elles sont en contradiction avec les données des Livres Saints. L’Écriture enseigne sans doute (par exemple, I Joa., iii, 9) que nous recevons au baptême une vie qui nous préserve du péché. C’est qu’en effet le baptême met en nous le principe sanctifiant de la grâce, qui nous délivre du péché et nous aide à l’éviter ; mais ce principe ne nous rend pas impeccables. Saint Paul redoutait de tomber dans le péché, I Cor., iv, &’5 ; cf. ibid., ix, 27 ; x, 12 ; il exhortait même les chrétiens de Philippe à opérer leur salut avec crainte et tremblement. Philip., ii, 12. — De ce que les fidèles qui formaient les Églises primitives sont appelés « saints » au livre des Actes et dans les Épîtres des Apôtres, on conclut encore à tort qu’un seul péché excluait à jamais de ces Églises. Voir Saints. L’incestueux de Corinthe fut gardé dans le sein de l’Église jusqu’à ce qu’il fût livré à Satan par saint Paul, I Cor., v, 1-5, et après très peu de temps il y fut de nouveau reçu malgré l’énormité de sa faute. II Cor., ii, 6-11. A. Vacant.

CONFIRMATION. La confirmation est un sacrement qui nous rend parfaits chrétiens, en faisant descendre sur nous le Saint-Esprit avec l’abondance de ses dons. Nous avons signalé (voir Baptême, § iv, t. i, p. 1435 et 1436) plusieurs passages de l’Écriture qui présentent la confirmation comme le complément du baptême. Ce sont néanmoins deux sacrements distincts l’un de l’autre. On va voir que les enseignements de nos Saints Livres l’établissent clairement.

1° Jésus-Christ avait promis que le Saint-Esprit serait donné après son ascension à ceux qui croiraient en lui. Joa., vii, 39 ; cf. Joa., xv, 26 ; xvi, 13-14 ; Luc, xxiv, 49. Cette promesse s’accomplit pour les Apôtres le jour de la Pentecôte. Act., i, 4 ; ii, 4. Dès son premier discours, saint Pierre annonça qu’elle devait aussi s’accomplir pour tous ceux qui recevraient la foi chrétienne. Il laissait en même temps entendre que ce serait par un don qui compléterait la grâce du baptême. Act., ii, 38. Pour des raisons providentielles faciles à saisir, le Saint-Esprit descendit sur le centurion Corneille et sur sa famille, Act., x, 41, aussi bien que sur l’assemblée du cénacle, Act., n, 4, sans l’intervention d’aucun rit sacramentel. Mais, aussitôt après la Pentecôte, les Apôtres se servirent du rit de l’imposition des mains pour communiquer ce divin Esprit aux chrétiens baptisés. Le diacre Philippe avait conféré le baplême à une foule d’habitants de Samarie, mais le Saint-Esprit n’était point descendu sur eux. C’est pourquoi Pierre et Jean furent envoyés dans cette ville parles autres Apôtres, et tous ceux à qui ils imposaient les mains recevaient le Saint-Esprit. L’efficacité de ce signe sensible fut si manifeste, que Simon le Magicien voulut acheter le pouvoir de s’en servir. Act., viii, 12-19. Les Actes des Apôtres, xix, 1-6, rapportent encore que saint Paul, arrivant à Éphèse, demanda à quelques disciples, qu’il croyait chrétiens, s’ils avaient reçu le Saint-Esprit. Il apprit d’eux qu’ils n’avaient été baptisés que du baptême de Jean. Il leur conféra alors le baptême de Jésus, puis par l’imposition de ses mains fit descendre sur eux le Saint-Esprit.

2° Ces deux passages établissent que l’imposition des mains des Apôtres était un moyen établi par Dieu pour faire descendre le Saint-Esprit sur les chrétiens. Comme Jésus avait promis cet Esprit divin à tous ceux qui croiraient en lui, Act., ii, 38, ce rit devait garder son efficacité jusqu’à la fin des siècles. C’est donc un sacrement

véritable, puisqu’un sacrement est un signe sacré et sensible institué d’une manière permanente pour produire la grâce dans nos âmes. Ce sacrement diffère du baptême, puisqu’il a été conféré par Pierre et Jean aux habitants de Samarie après qu’ils avaient été baptisés, et que saint Paul voulait le conférer aux Éphésiens, qu’il croyait déjà chrétiens. Le sacrement ne saurait être conféré que par ceux qui succèdent aux Apôtres dans ce pouvoir. Le diacre Philippe faisait des miracles, prêchait et baptisait une foule de convertis ; mais il était incapable de donner la confirmation.

3° L’efficacité de ce sacrement se manifesta souvent, aux temps apostoliques, par des dons miraculeux ; mais ces dons n’étaient pas également accordés à tous les chrétiens, I Cor., xii, 29-31 ; ils étaient d’ailleurs passagers et intermittents. Le Saint-Esprit venait, au contraire, en tous ceux sur qui les Apôtres imposaient les mains. Une surabondance des dons du Saint-Esprit est donc l’effet que la confirmation produit infailliblement. Ce sacrement a par conséquent pour fin de parfaire la vie surnaturelle à laquelle le baptême nous fait naître. La perfection qu’il ajoute à cette vie de la grâce consiste spécialement dans la force de confesser courageusement la loi de JésusChrist. Le Sauveur avait, en effet, promis aux Apôtres que le Saint-Esprit les revêtirait de force, Luc, xxiv, 49 ; qu’il leur donnerait le courage de rendre témoignage à l’Évangile, à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la terre. Act., i, 8.

4° Outre les textes que nous venons de rapporter et ceux que nous avons indiqués à l’article Baptême, plusieurs passages de la Sainte Écriture parlent de la confirmation. La plupart des auteurs voient une mention distincte de ce sacrement dans II Cor., i, 21-22 ; Ephes., i, 13 ; Tit., m, 5 ; Hebr., vi, 2, 4. A. Vacant.

CONFUSION DES LANGUES. La Genèse, xi, 7 9, rapporte que lorsque les hommes réunis dans la plaine de Sennaar eurent entrepris d’élever la tour de Babel, le Seigneur descendit sur la terre pour « confondre leur langage (littéralement : la lèvre, sâfâh) de manière qu’ils ne s’entendent pas les uns les autres ». Et il les « dispersa dans toute la terre, et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi son nom fut appelé Babel, parce que Jéhovah y confondit (bâlal) le langage (Sâfâh) de toute la terre ». Tel est l’événement connu sous le nom de confusion des langues. Voir Babel (Tour de). Iln’est pas certain que tous les descendants de Noé fussent réunis dans la plaine de Sennaar au moment de la construction de la tour de Babel ; il semble qu’un nombre plus ou moins considérable avait du rester en Arménie, là où s’était arrêtée l’arche, et sur la route d’Arménie en Babylonie. — C’est parmi ceux qui travaillèrent à la tour que survint la confusion des langues. Fautil entendre les paroles du texte sacré au sens figuré d’une mésintelligence, d’un désaccord grave entre les constructeurs ou à la lettre d’un changement subit de langage qui les mit hors d’état de se comprendre ? Saint Grégoire de Nysse pense que la confusion des langues et la diversité des idiomes ne se produisit pas soudainement, Cont. Eunom., 1. xii, part, ii, t. xlv, col. 995 ; cꝟ. 990 ; cependant la plupart des Pères admettent que la confusion des langues ne consista pas seulement en une mésintelligence produite parmi les hommes par la Providence de Dieu, mais en une impossibilité absolue de se comprendre, par suite de l’introduction miraculeuse d’un langage nouveau différent pour les uns et pour les autres. Cf. S. Augustin, De Civ. Dei, xvi, 4, t. xli, col. 482 ; S. Cyrille d’Alexandrie, Cont. Julian., iv, vii, t. lxxvi, col. 705, 887 ; S. Éphrem, Op. syr., t. i, p. 59, etc. Voir Vigouroux, Manuel biblique 9e édit., 1. 1, n° « 337-339, p. 637-642 ; Fr. de Hummelauer, Comment, in Genesim, in-8°, Paris, 1895, p. 301-307 ; Fr. Kaulen, Die Sprachwerwirrung lu Babel, in-8°, Mayence, 1861, p. 151-222.