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CONFESSION

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prêtres, avaient tenté vainement de chasser le démon d’un possédé, au nom de Jésus-Christ. Le possédé s’était même précipité sur eux et les avait maltraités. « Ce fait, dit le livre des Actes, xix, 17-20, fut connu de tous les Juifs qui habitaient Éphèse ; ils furent saisis de crainte, , et ils glorifiaient le nom du Seigneur Jésus. Et beaucoup de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer leurs actions.’E^otxoXoyoufxevot xoc avdffiWovztç tÀcç 7cpi ! jei ; a ; T<5v. » Le récit poursuit que beaucoup aussi brûlèrent publiquement des livres de magie qu’ils possédaient. Il conclut qu’ainsi la parole de Dieu croissait et était confirmée. — On se demande si la confession dont il est question dans ce passage est la confession sacramentelle des péchés. Deux opinions sont en présence. Bellarmin, De pœnitentia, lib. iii, cap. iv, Lyon, 1590, t. ii, col. 1624 ; Corneille Lapierre, Commentaria in Script. S., Paris, 1868, t. xvii, p. 351, et le P. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, t. ii, p. 444, pensent qu’il s’agit de confession sacramentelle. D’autres auteurs, comme Cambier, De divina institutione confessionis sacramentalis, Louvain, 1884, p. 93, estiment, au contraire, que la confession dont il est parlé était semblable à l’aveu que le précurseur avait demandé de ceux qu’il baptisait. La question se ramène à savoir si les croyants dpnt il est dit qu’ils avouaient leurs actions étalent oui ou non baptisés ; car, s’ils étaient baptisés, il y a lieu de regarder leur confession comme sacramentelle ; .cela est impossible, au contraire, s’ils n’avaient pas encore reçu le baptême.

Ceux qui estiment qu’il est question de chrétiens baptisés et d’une confession sacramentelle invoquent les arguments suivants. Le terme de « croyants » désigne les chrétiens dans le Nouveau Testament. Act., ii, 44 ; iv, 32 ; v, 14 ; xv, 5 ; xxi, 20, 25 ; Ephes., i, 19 ; I Thess., i, 7 ; H, 10, 13. Dans le passage que nous étudions, il y a une raison spéciale de donner cette signification au mot nem(jteuv.6tmv ; car on y distingue les croyants des Juifs et des gentils, dont il vient d’être question au verset précédent. Enfin il est plus naturel de penser que ceux que la crainte du démon amenait à avouer leurs péchés et à apporter leurs livres dé magie étaient des chrétiens dont la conscience n’était pas en sûreté. Les auteurs qui appliquent, au contraire, le terme 7CEmffTeux(5™v à des croyants non encore baptisés, citent d’autres passages, Act., XXI, 21 ; xvin, 8, où le mot de croyants désigne des catéchumènes non encore baptisés. Ils font remarquer que les croyants désignés ici ne sont pas présentés par le récit comme différents des Juifs et des païens mentionnés au texte précédent, attendu que. le texte sacré porte HoXXof te, et non IIoXXoi Se. Ils ajoutent qu’il est peu probable que des chrétiens auraient pratiqué la magie, et que la conclusion de tout le récit fait entendre que ces événements attiraient de nouveaux fidèles à l’Église.

Les deux opinions paraissent également probables. Si l’on admet la première, on peut considérer la confession dont il est parlé comme publique ou comme privée. La Vulgate semble supposer une confession publique, car elle porte : confitentes et annuntiantes actus suos ; mais le terme grec àva-fYé), Xovt£ ; , traduit par annuntiantes, ne signifie pas publier, mais rapporter en détail. Cf. Joa., xvi, 13, 25.

2° I Joa., i, 9. Saint Jean vient de s’exprimer ainsi : « Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous faisons illusion à nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. » I Joa., i, 8. Il poursuit : « Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste : il nous remettra nos péchés et nous purifiera de toute iniquité. » 1 Joa., i, 7. On a prétendu que ce texte prouvait l’existence de la confession sacramentelle, parce qu’il porte que la confession obtiendra de Dieu la rémission des péchés, suivant ses promesses. Mais ce n’est pas seulement à la confession sacramentelle que Dieu a promis la rémission des péchés. Ps. xxxi, 1-2 ; Luc, xviii, 13. Le contexte montre

d’ailleurs qu’il s’agit dnns ce passage de toute espèce de confession. Il y a, en elfet, un parallélisme marqué entre le ꝟ. 8 que nous avons cité et le ꝟ. 9 que nous étudions. Or, dans le ꝟ. 8, saint Jean parle de ceux qui se dissimulent leurs péchés et prétendent être sans faute. Dans le jfr. 9, il entend donc par confession tout aveu des péchés, même celui dans lequel on les reconnaît devant Dieu. Le ꝟ. 8 doit s’entendre des péchés véniels aussi bien que des péchés mortels, puisqu’il affirme que tout homme est pécheur. Or, c’est un fait bien établi, les chrétiens des premiers siècles ne recouraient point à la confession sacramentelle, lorsqu’ils n’étaient coupables que de péchés véniels.

3° Jac, v, 16. L’apôtre saint Jacques vient de dire : « Si quelqu’un est malade parmi vous, qu’il fasse venir les prêtres de l’Église et qu’ils prient sur lui, eh l’oignant d’huile au nom du Seigneur. Et la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le soulagera, et s’il avait des péchés sur la conscience (s’il se trouvait ayant fait des péchés, xav ànap-râti ; r irenoiYix&ç), ils lui seront remis. » Jac, v, 14-15. Ce texte recommande l’usage du sacrement de l’extrêmeonction conférée par les prêtres au malade et en fait ressortir les effets. Saint Jacques poursuit : Confttemini ergo alterutrum peccata veslra et orate pro invicem ut salveniini : multum enim valet deprecatio justi assidua. « Confessezvous donc mutuellement vos chutes, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez sauvés ; car la prière surnaturelle d’un juste a une grande efficacité. » Jac., v, 16. — Voici le grec reçu ; ’Eioi.ooyiïaQi àXXT, Xoi ; xà Tiapa7c-to|j.aTa xat zdxzaftz ûtèp àXX^Xiov, ôrao ; iafirfct itoXù ia-^iiei SL-qmi ; 81xa(ou ivepYouuivï). Il diffère de laVulgate par quelques nuances. On n’y lit point de conjonctions répondant aux mots ergo et enim. Cependant beaucoup de manuscrits portent o5v après’EÇonoXofeïfEe. Le grec n’a point d’adjectif possessif après itapar[Tcô(j. « Ta. Enfin le terme IvepYouuivri exprime une prière ardente comme celle d’Élie, dont parlent les versets suivants. Cette prière sera persévérante au besoin, assidua, comme le marque la Vulgate ; mais le terme grec ne l’exprime pas formellement, et les prières d’Élie, que saint Jacques prend pour exemple, ne tiraient pas leur efficacité de la persévérance du prophète. 1Il Reg., xvii, 1 ; xviii, 1, 36-38.

Après ces observations, cherchons quelle espèce de confession des péchés saint Jacques recommande en ce passage. Trois explications sont en présence, suivant le P. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884-, t. ii, p. 449. — 1. La première opinion a été soutenue par Liagre, Jnterpretatio Epistolse canonicx sancli Jacobi, Louvain, 1860, et adoptée par M. Drach, La Sainte Bible, Épitres catholiques, Paris, 1879, p. 55. L’apôtre recommanderait aux hommes de se faire mutuellement l’aveu de leurs torts, cf. Matth., vi, 14, et de prier les uns pour les autres. Mais le contexte paraît exclure cette interprétation ; car rien n’amène saint Jacques à parler des torts faits au prochain, et la prière dont il s’occupe doit avoir pour objet la santé du malade. — 2. Une seconde opinion, dit le P. Corluy, ibid., a été soutenue par Beelen. L’apôtre recommanderait d’avouer ses fautes à un homme juste, pour lui demander conseil et obtenir ses prières. Cette interprétation ne cadre pas non plus avec le contexte ; car cette demande de conseil n’est pas à proprement parler une confession, et les prières dont il s’agit semblent devoir se rapporter à la guérison du malade. — 3. Une troisième opinion a été admise par le plus grand nombre des commentateurs et des théologiens catholiques. Citons saint Thomas d’Aquin, Summ. theol., Supplem., q. 6, a. 6, Bar-le-Duc, 1870, t. vii, p. 258, ou IV Sent., . Dist, xvii, q. 3, a. 1, quæstiunc 5, Paris, 1873, t. x, p. 503 ; Bellarmin, De pœnit., lib. iii, c. iv, Lyon, 1590, t. ii, p. 1627 ; Morin, De pœnit., lib. viii, c. 8, n. 4, Anvers, 1682, p. 531 ; Wouters, dans Migne, Ours, compl. Scripturne., t. xxiii, col. 1007 ; Danko, Historia revelationis divinie