Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/475

Cette page n’a pas encore été corrigée
911
912
CONFESSION


tence. Voir Baptême. Mais quelle forme revêtait-elle ? Nous l’ignorons. Tertullien, De baplismo, xx, t. i, col. 1332, pense que c’était une confession détaillée des péchés que chacun avait commis. Saint Cyrille de Jérusalem, Catech., m, 4, t. xxxiii, col. 437, croit que les baptisés avouaient au précurseur leurs fautes personnelles. « Ils montraient, dit- ii, leurs blessures, et lui (saint Jean) leur appliquait ensuite des remèdes. » Comme le baptême était donné individuellement, il semble bien que la confession était également individuelle. Chacun avouait donc ses propres péchés. Le repentir pouvait amener plusieurs pénitents à spécifier les fautes qui leur causaient le plus de remords. Saint Jean-Baptiste se contentait peut-être d’un aveu général. D’ailleurs, au milieu de la foule qui venait à lui, il n’avait sans doute ni le temps ni la facilité d’écouter l’énumération détaillée de toutes les fautes commises par chaque baptisé. Les exhortations qu’il faisait d’après l’Évangile, Luc, iii, 7-16, regardaient les péchés publics plutôt que les fautes secrètes. Tout en se distinguant des confessions de l’Ancien Testament, qui étaient générales ou ne portaient que sur une faute particulière, la confession demandée par saint Jean-Baptiste avait, semblet-il, plus d’analogie avec elles qu’avec la confession détaillée que les chrétiens font aux prêtres pour recevoir l’absolution. Voir Patrizi, De Evangeliis, diss. 44, n. 6, Fribourg-en-Brisgau, 1853, t. iii, p. 470.

IV. La. confession chez les chrétiens d’après les Évangiles. — Dans l’Ancien Testament, Dieu n’avait accordé à aucun homme la puissance de remettre les péchés. Dans le Nouveau, cette puissance a été communiquée par Jésus-Christ aux Apôlres et aux prêtres leurs successeurs, en même temps que l’obligation de recourir à cette puissance était imposée à tous les chrétiens. On comprend quelle profonde différence ce pouvoir d’absoudre, donné aux prêtres de la nouvelle loi, établit entre les deux Testaments, au point de vue de la rémission des péchés. De ce mode nouveau d’absolution découlaient nécessairement des différences dans le mode de confession. Sans doute les chrétiens devaient continuer à s’accuser de leurs péchés devant Dieu, comme les Juifs. Ils pouvaient, comme eux, pratiquer la confession générale dans leur culte public. Ils pouvaient même y introduire une confession spéciale de certaines fautes déterminées. Mais à ces confessions diverses ils étaient tenus d’ajouter la confession détaillée de leurs fautes à ceux qui avaient reçu le pouvoir de les absoudre. Cet aveu détaillé de tous ses péchés à un prêtre, en vue de recevoir l’absolution, a été appelée confession sacramentelle, comme nous l’avons dit en commençant. C’est de cette confession propre au christianisme que nous devons surtout nous occuper dans la suite de cet article.

Les Évangiles ne nous expliquent pas la manière dont elle doit se faire ; mais ils affirment clairement le principe d’où dérivent la nécessité et la nature de cette confession, c’est-à-dire le principe du pouvoir accordé aux prêtres de remettre et de retenir les péchés. Voyons donc comment les Évangiles affirment ce principe ; nous indiquerons ensuite les conséquences qui s’en déduisent par rapport à la confession.

Le Sauveur a investi saint Pierre et les Apôtres de la charge de le représenter jusqu’à la fin des siècles, et leur a donné, à eux et à leurs successeurs, le pouvoir de gouverner son Église et de nous appliquer les moyens extérieurs de sanctification, et tout particulièrement d’administrer les sacrements. Ce pouvoir spirituel a été promis dans son universalité à saint Pierre, lorsque Jésus-Christ lui a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle, et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que lu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Matlh., xvi, 18-19. Il lui a été conféré, lorsque le Sauveur lui a dit : « Sois le pasteur

de mes agneaux, … sois le pasteur de mes brebis. » Joa., xxi, 15-17. Ce même pouvoir spirituel a été promis aux Apôtres par ces paroles, semblables à celles qui avaient été adressées à saint Pierre : « En vérité je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Matth., xviii, 18. Il leur a été conféré, quand, au moment de monter au ciel, le Sauveur leur a communiqué son pouvoir en ces termes : « Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc, instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé ; et Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles, » Matth., xxviii, 18-20.

L’universalité de ce pouvoir spirituel était indiquée de plusieurs manières en ces diverses paroles. Elles ne marquaient pas seulement qu’il s’étendrait à toute l’Église et à tous les peuples ; elles faisaient encore entendre qu’il renfermait toutes les attributions de la puissance spirituelle, que Jésus-Christ possédait comme notre Sauveur. C’est ce qu’exprimaient en particulier ces termes : « Tout ce que vous délierez sur la terre le sera au ciel, et tout ce que vous lierez sur la terre le sera au ciel. » Qusecumque ligaveritis, Ôaa Èàv 8r)<iriTe ; qusecumque solveritis, Sua sàv Xûur|Te. Ces termes généraux n’expriment pas formellement le pouvoir de remettre les péchés. Cependant, à ne tenir compte que de cette formule, il y aurait eu lieu de penser qu’il y était renfermé. Jésus-Christ avait 1, en effet, exercé ce pouvoir. Il avait même tenu à établir par un miracle qu’il possédait ce pouvoir sur la terre, dans son humanité. Les trois synoptiques, Matth., ix, 2-8 ; Marc, ii, 3-12 ; Luc, v, 18-26, nous l’ont raconté avec les mêmes détails circonstanciés. On venait d’apporter un paralytique devant le Sauveur, afin qu’il le guérit. « Mon fils, lui dit Jésus, vos péchés vous sont remis. » En l’entendant, des scribes, qui se trouvaient présents, se dirent en eux-mêmes : « Comment cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème : qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » Mais Jésus, connaissant leurs pensées, guérit le paralytique, et leur déclara que c’était pour leur prouver que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre. Il avait donc montré que son humanité même, Films hominis, possédait ce pouvoir, et cela sur la terre, in terra. En promettant ensuite à ses Apôtres que tout ce qu’ils lieraient ou délieraient sur la terre, Matth., xvi, 19 ; xviii, 18, le serait dans le ciel ; en leur conférant ce pouvoir, en vertu de la pleine autorité qu’il avait reçue au ciel et sur la terre, Matth., xxviii, 18, Jésus-Christ faisait entendre assurément que la puissance qu’il communiquait à ses Apôtres renfermait ce pouvoir de remettre les péchés sur la terre, qu’il avait revendiqué pour le Fils de l’homme.

Mais afin qu’aucun doute ne pût s’élever à ce sujet, il tint à leur donner ce pouvoir d’une manière distincte et en termes formels. Dans une des apparitions qui suivirent sa résurrection, il leur dit : « La paix soit avec vous. Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie. » Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit : les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux pour qui vous les retiendrez. » Joa., xx, 21-23.

Il est manifeste que par ces paroles Jésus-Christ a donné à ses Apôtres le pouvoir de remettre les péchés. Il présente, en effet, le pouvoir qu’il leur confère comme égal et semblable à celui qu’il a reçu de son Père. Il met en eux un pouvoir surnaturel qui vient du Saint-Esprit ; il exprime enfin clairement qu’il s’agit de la rémission des péchés ; car le mot àuapTiac, dont il se sert, ne peut avoir ici que ce sens. D’autre part, Jésus-Christ donne aux Apôtres non seulement le pouvoir de remettre les péchés, mais encore celui de les retenir, comme dans l’annonce de l’autorité qu’il leur réservait il leur avait